Attentats de Paris : le nombre de Français qui considèrent que l’islam est une menace en baisse de 4 points par rapport à juillet<!-- --> | Atlantico.fr
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Une mosquée dans Paris.
Une mosquée dans Paris.
©Reuters

Résilience

Selon un sondage exclusif Ifop pour Atlantico, 67% des sondés adhèrent à l'idée qu'il faut bien différencier les musulmans qui vivent paisiblement en France et les radicaux.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Dans quel contexte ce sondage a-t-il été réalisé, et comment expliquez-vous ses principaux enseignements ?

Jérôme Fourquet : Ce sondage a été réalisé après les attentats qu'a connus Paris le 13 novembre. Son objectif était donc de voir si le rapport des Français à l'islam et à la communauté musulmane avait été modifié. Nous avons donc reposé la même question que celle d'après les attentats de Charlie-Hebdo. Car les cibles et les motivations des auteurs des derniers attentats n'étaient pas les mêmes qu'en janvier où il était question de se venger des "blasphémateurs", et où il y avait une connotation plus forte à la religion. Ces attentats de Charlie Hebdo avaient créé un malaise dans le débat public, avec une demande plus forte de réaction de la communauté musulmane.

>>> Lire aussi - Pourquoi la France a un vrai problème avec l’islam (mais pourquoi les Français, eux, n’en ont pas)

Pour ce qui est des résultats, on constate qu'une majorité toujours très large de Français (67%) adhère à l'idée qu'il ne faut pas tomber dans les amalgames, et qui font donc la différence entre les islamistes radicaux et l'ensemble de la population musulmane. 28% des Français, c'est-à-dire un score tout de même important, pensent que l'islam pose problème. Cette dernière vision des choses s'est probablement construite après une longue séquence d'attentats : celui raté du Thalys, les attentats de Saint-Quentin Fallavier etc. Le contexte de novembre est donc différent de ceux de janvier. Pour autant, si l'on aurait pu s'attendre à un durcissement de l'opinion, ce n'est pas ce que l'on constate, les niveaux étant quasiment identiques. A enjuger les résultats à la période de février-juillet, on note même une décrispation de l'opinion à l'égard des musulmans, ce qui en soi est rassurant.

Dans le détail, aux yeux de quelles catégories de la population l'islam représente-t-il particulièrement une menace ?

Cette vision est extrêmement corrélée à la proximité politique : 8% de l'électorat du Front de Gauche penche pour la deuxième réponse, 19% au Parti socialiste, 31% chez les Républicains, et 60% au Front national. Une progression classique. Cependant, il y a une vraie différence entre l'électorat républicain et celui frontiste, contrairement à l'idée qu'il pourrait y avoir une limite poreuse entre les deux. Ensuite, même si à gauche une écrasante majorité se retrouve dans l'idée de ne pas faire d'amalgame, 19% des électeurs socialistes voient quand même l'islam comme un problème (voir les résultats détaillés en fin d'article ndlr).

Outre les clivages politiques, quels sont les autres écarts que l'on observe ?

Chez les ouvriers, l'islam représente une menace pour 42% d'entre-eux contre 18% chez les cadres supérieurs. Les employés se rapprochent de ces derniers sur cette question. Il y a aussi un écart de 7 points entre Paris et la province.

Ce sondage pourrait-il invalider la crainte d'une réaction islamophobe massive de la part des Français ?

Les Français ont une assez bonne compréhension des événements, car si les attentats de Charlie Hebdo ont été commis au nom d'une religion, ceux du mois de novembre s'apparentent à un acte de guerre où l'ensemble de la société était visée.

>>> Lire aussi - Quand l’accusation d'islamophobie n’est que le faux-nez de l’offensive des organisations islamiques internationales pour introduire le délit de blasphème dans les Etats occidentaux

Et c'est d'ailleurs ce que révèlent les statistiques du ministère de l'Intérieur : ceux-ci montrent qu'il y a eu moins d'actes islamophobes qu'à la suite des attentats de janvier. Il n'y a donc pas eu d'emballement massif, ni de réaction épidermique à l'encontre des musulmans, contrairement à ce que le contexte actuel aurait pu laisser croire. Tous ces éléments convergent pour dire que cette crainte-là n'est pas la plus fondée.

Maintenant, près d'un tiers des Français ont une attitude négative vis-à-vis de l'islam. S'il y a une baisse légère de leur nombre, nous n'avons pas pu mesurer l'évolution de l'intensité de ce rejet. Pour répondre à votre question, il faudrait mesurer le risque de passage à l'acte des noyaux les plus radicalisés si d'autres attentats venaient à se produire.

publié par Atlantico

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