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Brindisi : un attentant qui ressemble a de la mafia, qui a la couleur de la mafia mais qui n'est pas la mafia...
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Mafia or not mafia ?

Les cours ont repris ce lundi dans le lycée Morvillo Falcone de Brindisi, visé par l'explosion d'une bombe formée de bonbonnes de gaz, samedi peu avant le début des cours. Melissa Bassi, 16 ans, tuée presque sur le coup et cinq autres lycéennes, grièvement blessées dans l'attentat, manquent à l'appel.

Fabrice Rizzoli

Fabrice Rizzoli

Fabrice Rizzoli (né en 1971) est co-fondateur et président de l'association Crim'HALT qui veut impliquer la société civile contre la criminalité. Il enseigne dans divers établissements universitaires. Docteur en science politique à l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), il est spécialiste de la criminalité organisée et des mafias italiennes et coopère avec le Centre Français de Recherche sur le renseignement. Il a été chercheur à l'Observatoire géopolitique des drogues (OGD), chargé de mission à l'observatoire milanais sur la criminalité organisée (Omicron) dans le cadre du projet de recherche « Falcone » piloté par la Commission européenne. Ensuite, il a été officier de protection au ministère des Affaires étrangères (Direction des Français à l'étranger et des étrangers en France), puis à la Commission de recours des réfugiés (OFPRA). Il intervient régulièrement comme consultant et conférencier sur ces thèmes. Il anime le site mafias.fr (analyse au quotidien d'un phénomène complexe). Il a écrit La mafia de A à Z (aux éditions Tim Buctu), qui regroupe 162 définitions mafieuses, de A comme "Accumulation du capital" à Z comme "Zoomafia". Il est également co-fondateur du Salon "Des Livres et l'Alerte".

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Il est 7h50 samedi dernier, quand des élèves du lycée de Brindisi subissent une explosion qui fait un mort et plusieurs blessés dont certains très grièvement. L'Italie se réveille ans la peur de revivre les années de Plombs qui voyait se déchaîner un terrorisme politique de tous les extrêmes.

A ce moment, aucun élément tangible ne permet d'imputer cet attentat... mais faisons comme si.

D'abord, balayons les stéréotypes : la mafia ne touche pas aux enfants ou la mafia n'a pas besoin de faire des attentats. En réalité, la mafia tue père et mère si la survie du clan en dépend. Les massacres d'innocent sont fréquents dans la mafia comme ceux de 1947 ou on tira sur la foule de militants de tous âges à Portella della Ginestra : 11 morts et 65 blessés. Enfin, il y a deux ans, des clans calabrais ont disposé une voiture avec des explosifs (sans mis amorce possible) sur le parcours du président de la République. Enfin, la mafia est capable d'atteindre le stade ultime de la violence politique puisqu'elle à posé des bombes à Palerme, Florence, Milan et Rome entre1992 et 1993.

L'attentat a lieu dans le Sud, territoire d'élection des mafias italiennes et en particulier dans les Pouilles, territoire de la Sacra Corona Unita, 4ème mafia née dans les années 1980 et qui doit son envol à l'éclatement des Balkans.

En vertu de la règle du contrôle du territoire qui régit les clans mafieux, on pense d'abord à la mafia locale, la Scu (Sacra Corona Unita) qui aurait voulu « venger » l’arrestation, il y a quelques jours, de seize de ses membres à Mesagne qui est un peu le "Corleone" des Pouilles. Mais on peut aussi imaginer qu'un clan a voulu poser un bombe sur le territoire d'un autre clan car ils sont en guerre.

Autre élément troublant. Le lycée nomme Morvillo Falcone, du nom du juge antimafia et de son épouse assassinés par la mafia le 23 mai 1992. Enfin, la caravane antimafia devait s'arrêter ce jour à à Brindisi.

Si on part du principe que la mafia use d'une violence systémique afin de contrôler de manière panoptique la population, on peut penser que la mafia manifeste sa colère contre les activités antimafias de la société civile italienne. La violence étant un langage et le mafieux un grand communicant, le message serait « vos manifestations, la confiscation et la réutilisation à des fins sociales : cela suffit ».

En Italie, la justice a confisqué pour 6 milliards d'euros d'avoirs ces 18 derniers mois. De nombreuses villas de parrains sont devenues des maisons de la culture ou des centres pour handicapés. A Ortanto dans le Pouilles, chaque année FLARE organise les universités d'été contre le crime organisé y compris dans l'enceinte de biens confisquées. Vous pouvez même désormais manger des produits antimafias à Paris. Chez Ethicando vous dégusterez des tartali, des petits gâteaux fait à partir de céréales cultivées sur les terres de Mesagne, là d'où venaient les victimes de samedi dernier !

La mafia a donc d'excellentes raisons d'être en colère... 

PS : En gras les entrées dans le petit dictionnaire énervé de la mafia

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