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Après l'inversion de la courbe du chômage, François Hollande piégé par des promesses de baisses d'impôts
©Reuters

Atlantico Business

Alors que le débat politique va rebondir cette semaine avec un discours très attendu de François Hollande jeudi prochain, on s’agite dans les cuisines de Bercy pour présenter la loi de finances 2017, mais ça coince sérieusement du côté des baisses d’impôts promises.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Alors que les principaux responsables politiques à droite comme à gauche sont déjà entré en campagne et qu'ils alignent les promesses en se projetant sur 2017, les services de Bercy sous la houlette de Michel Sapin mettent la dernière virgule au texte de la loi de finances pour 2017. Les réactions à l’égard de ce budget sont de deux sortes. Certains acteurs de la sphère politique considèrent que c’est un budget qui ne servira à rien, puisque le nouveau président ne se sera pas engagé par cette loi de finances. La première chose qu’il fera en arrivant,sera de présenter et de faire voter une loi de finances rectificative de façon à prendre en compte les discours de campagne, et de ce donner des moyens pour commencer à travailler.

Et puis, vous en avez d’autres, plutôt proche de François Hollande ou de Manuel Valls qui estiment que cette loi de finances engagera le président et son équipe, et que ce budget doit porter et financer une partie de ses promesses de campagne. 

François Hollande et Manuel Valls, ont déjà commencé à enfiler des projets baisses d’impôts. Le raisonnement politique qu’ils développent depuis quelques mois est cohérent : "nous avons dans un premier temps, expliquent-ils été obligé de payer les factures du passé, en augmentant les impôts, nous avons fait des efforts de redressement, l’heure est venue de redistribuer une partie des fruits de ces efforts aux classes moyennes qui ont été sollicitées."

Le président de la République espère ainsi que l’opinion publique reconnaitra le travail effectué.

Le problème est que l’opinion publique ne croit plus en rien venant de ce gouvernement, parce qu‘il n’y a pas de résultats dans le domaine économique. Et c’est bien là, où ça va coincer. Tous ce qui a été annoncé par le couple Hollande-Valls devrait se retrouver dans cette loi de finances. Or, il apparaît que ça va être très difficile. Une fois de plus, le Président et son Premier ministre ont encore parlé trop vite. 

On n’est pas en Allemagne où Angela Merkel va pouvoir alléger la pression fiscale. En Allemagne, le budget est excédentaire pour la 3e année consécutive ! La France, elle, n'a de cesse d’accumuler les dettes et ça va continuer. L’année qui s’achève sera finalement médiocre alors qu’on espérait une reprise grâce à la magie de l'alignement des astres, (l’Euro, les taux et le pétrole). Il n’en sera rien. Compte tenu des perspectives économiques revues à la baisse, les recettes fiscales seront donc moins fortes que ce qu’on prévoyait encore avant les départs en vacances. La conjoncture s’est détériorée ...Et en conséquence, les baisses d’impôts pour les ménages qui avaient ete envisagées seront moins importantes.

François Hollande en parlera cette semaine mais on sera sans doute en deçà des 2 milliards prévus et promis. Michel Sapin qui entend laisser des comptes propres et sincères l’a laissé entendre la semaine dernière.

François Hollande et Manuel Valls dévoileront jeudi le détail et les modalités de la baisse. Qui et pour combien ? 

Ce retour en arrière est imputable à la baisse de croissance pour 2016, les rentrées de TVA seront donc plus faibles. Les recettes de l’impôt sur les sociétés vont se tasser également. Les profits semestriels reviennent à un niveau proche de celui qui avait été péniblement atteint en 2011. 

Les services de Bercy essaient donc de faire une présentation politiquement acceptable pour les responsables et pour l'opinion publique. Les équipes de François Hollande et de Manuel Valls ne veulent pas se retrouver une fois de plus avec un procès en fausses promesses. 

Ce sont les promesses de campagne non-réalisées qui ont plombé le quinquennat. Le risque existe aujourd’hui que des promesses de fin de mandat se révèlent irréalisables.

Le président de la République peut difficilement se déclarer candidat et démarrer une campagne avec une promesse de baisse d’impôts que tout le monde sait irréalisable. 

Les seules baisses d’impôts possibles sont celles qui s’inscriraient dans une réforme globale. Le système économique français a plus besoin d’une baisse de l’impôt sur le capital (plus-value, ISF, successions) qu’une baisse de l‘IRPP. Les seules baisses d’impôts possibles sont celles qui seraient financées par des baisses de dépenses publiques. 

Faute de réformes structurelles, les promesses de baisses d ‘impôt seront comme les promesses de renversement de la courbe du chômage. Elles tomberont à plat. 

On voit mal la situation : le président s’engageant en campagne et déclarant que "finalement je n ai pas eu de bol ..." 

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