Après l’horreur : quid des opinions publiques palestinienne et arabe ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Des manifestants se rassemblent et défilent dans le centre-ville pour montrer leur soutien au peuple palestinien, le 11 octobre 2023 à Chicago (Illinois).
Des manifestants se rassemblent et défilent dans le centre-ville pour montrer leur soutien au peuple palestinien, le 11 octobre 2023 à Chicago (Illinois).
©SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Stupéfaction

Les attaques du Hamas sur Israël bouleversent les opinions publiques à travers le monde.

Antoine Basbous

Antoine Basbous

Antoine Basbous est politologue, fondateur et directeur de l’Observatoire des pays arabes.

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Atlantico : Les attaques du Hamas sur Israël bouleversent les opinions publiques à travers le monde, à commencer par le monde arabe. Quelle perception de ce conflit ont les arabes israéliens ?

Antoine Basbous : Ils sont partagés, car leur statut est ambigu. Ils vivent en paix et en prospérité dans l’Etat d’Israël. S’ils sont brillants dans leur métier, ils ont un peu d’avenir. Mais ils se sentent toujours Arabes. Ils prénomment leurs enfants avec des prénoms arabes. Ils savent qu’ils ne sont pas des Israéliens comme les autres. Le climat s’est par ailleurs tendu dernièrement. Le ministre israélien de l’intérieur veut par exemple armer les juifs dans les villes mixtes ou proches des villes arabes. L’équation est donc douloureuse pour les Arabes israéliens: ils vivent avec la cause de la Palestine mais ils savent aussi que leur avenir n’est pas dans une Palestine rêvée mais dans l’Etat d’Israël qui leur offre les moyens d’éducation, de santé, mais pas de sécurité en ce moment. Ils ne sont pas totalement chez eux en Israël, mais ils ont peu d’illusions sur la création d’un Etat palestinien.

Les Palestiniens de Gaza partagent-ils la même opinion ?

Ce que j’entends de mes interlocuteurs et je je vois sur les réseaux et les chaînes de télévision, c’est qu’ils ont été stupéfaits ! Il y a en effet, en parallèle de la haine pour ceux qui les oppriment, une certaine forme d’admiration et d'envie côté palestinien pour l’organisation et la puissance d’Israël. Or ces éléments ont été pris en défaut le 7 octobre, par des Palestiniens ! Le rêve de faire comme Israël, un temps porté par le nationalisme de Yasser Arafat puis, plus récemment, par l’islamisme du Hamas, n’a cependant apporté aucune solution concrète aux 2,3 millions de palestiniens qui vivent à Gaza sur 360 km2. Pis, ceux-ci doivent désormais subir la riposte israélienne, d’une violence inouïe: blocus total, ni eau ni électricité, 330 000 Gazaouis sont sans abri… Et ces difficultés n’iront qu’en s'aggravant.

Quid des Palestiniens exilés ailleurs dans le monde ?

Ils sont stupéfaits eux aussi, et tremblent pour leurs proches. Les Palestiniens qui vivent ailleurs dans le monde ne supportent pas les conditions de vie de leurs proches restés à Gaza, qui est une prison à ciel ouvert. Ils ont mal pour eux. Mais ce qui vient de se passer le 7 octobre, c’est un moment capital qui va changer la nature de leur regard et la face de la région.

Enfin, comment les pays voisins d’Israël regardent ces événement ? Quelle perception ont-ils des événements ?

Les gouvernements sont inquiets. Ils n’ont pas intérêt au succès du Hamas car ils ne veulent pas de « contamination » des Frères musulmans chez eux. Ils ont peur que ce chambardement provoque des répercussions à l’intérieur de leur régime et de leur territoire. L’Egypte est en première ligne car le Hamas est la branche palestinienne des Frères musulmans égyptiens, qui pourraient se « réveiller » malgré la très forte répression dont ils font l’objet depuis dix ans. Le « succès » du Hamas a par ailleurs été célébré par les populations, ce qui contraste avec les positions officielles de paix (pour l’Egypte et la Jordanie) et de normalisation avec Israël. Ce hiatus entre la rue et le pouvoir est un enjeu politique sérieux.

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