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Anne Hidalgo : la candidate rêvée de Marine Le Pen ?
©Christophe ARCHAMBAULT / AFP / POOL

2022

Alors qu'Olivier Faure a été questionné sur l'éventualité d'une candidature d'Anne Hidalgo en 2022, William Thay s'interroge sur les conséquences de cette éventualité pour 2022.

William Thay

William Thay

William Thay est président du Millénaire, think tank gaulliste spécialisé en politiques publiques. 

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La préparation d’une plateforme de réflexion en vue de la prochaine élection présidentielle est un pas supplémentaire pour la candidature d’Anne Hidalgo en 2022. Les propos d’Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste et d’autres ténors socialistes confirment cette probabilité. Au-delà de la ferveur médiatique, il faut s’interroger sur la pertinence électorale d’une telle candidature. En effet, la candidature de la Maire de Paris repose davantage sur un effet médiatique que sur un effet d’opinion puisque ses probabilités de victoire au second tour sont faibles même contre Marine Le Pen.

La coalition électorale de Terra Nova

Le think-tank Terra Nova avait déclinée dans une note « quelle majorité électorale pour 2012 » une option électorale pour la gauche. Cette coalition électorale est essentiellement composée des diplômés, des jeunes, des minorités, et des femmes en reprenant presque la tactique électorale de la gauche américaine. Anne Hidalgo vise ainsi essentiellement la même association sociologique que celle d’Hillary Clinton aux États-Unis en 2016. Pour la prochaine élection présidentielle, elle concurrencerait ainsi Emmanuel Macron sur sa gauche, qui a perdu une partie de son vote de gauche lors des dernières élections européennes de 2019.

Anne Hidalgo poursuit et ancre la mutation de la gauche qui a abandonné le combat social pour le combat culturel. En effet, les personnalités politiques de cette gauche considèrent implicitement que leurs solutions économiques keynésiennes ne sont plus porteuses avec la mondialisation. Ils décident ainsi d’abandonner les classes populaires car ils n’arrivent plus à répondre à leurs préoccupations. La politique de la Maire de Paris est ainsi révélatrice de cette logique, puisque l’on observe le départ des classes populaires de la capitale depuis une vingtaine d’année.  

Anne Hidalgo peut-elle faire gagner Marine Le Pen ?

Le succès d’une alliance locale ne signifie pas le succès d’une alliance nationale car les domaines de compétences des collectivités territoriales restent limités et donc les risques de désaccord politique plus faible. L’union politique allant des communistes jusqu’aux socialistes en passant par les verts a permis à la gauche de conquérir plusieurs grandes villes (Bordeaux, Lyon, Marseille), mais si elle est porteuse sur le plan local, elle rencontre des limites sur le plan national. Sur le plan national, cette union de la gauche rencontrait plusieurs inconvénients à commencer par la cohérence des mesures notamment sur deux enjeux clés : l’économie et la mondialisation. Sur le plan économique, cette gauche doit arbitrer entre des mesures libérales plébiscités par son aile droite et des mesures plus redistributives. Sur la mondialisation, elle va devoir concilier entre un nécessaire choix entre des mesures en faveur de plus d’ouverture notamment migratoire avec le corollaire du libre-échange, et des mesures plus protectrices.

La coalition électorale d’Anne Hidalgo semble de plus anachronique avec les mutations mondiales, elle pourrait être ainsi la meilleure candidate pour faire gagner Marine Le Pen. Les démocrates (gauche américaine) ont perdu l’élection présidentielle de 2016 en raison d’une surmobilisation en faveur de Donald Trump de l’électorat des catégories populaires déclassés par la mondialisation et du cri des américains blancs de l’Amérique profonde. S’il n’est pas exclue qu’Anne Hidalgo puisse se qualifier au second tour de la prochaine élection présidentielle, il n’est cependant pas garanti qu’elle puisse l’emporter face à Marine Le Pen ou encore moins face à la droite.

Le Front républicain tiendra t-il ?

Il apparait difficile que la gauche puisse gagner une élection présidentielle alors que l’électorat « se droitise » de plus en plus comme le souligne un sondage Ifop. De plus, quelles seront les réserves de voix de la Maire de Paris au second tour ? Selon les scénarios d’un sondage Ifop d’Octobre 2020 portant sur l’élection présidentielle 2022, la somme cumulée de toutes les voix de gauche oscille entre 25 et 30%, soit le score sondé en faveur de Marine Le Pen. D’un côté, Marine Le Pen peut espérer le report d’une partie des électeurs de droite et éventuellement de la France Insoumise. De l’autre, Anne Hidalgo ne dispose d’aucun report de voix garanti excepté ceux des électeurs d’Emmanuel Macron alors que ceux-ci se sont droitisés pendant le quinquennat.

En effet, une surmobilisation surprise sur le thème du Front Républicain semblent de plus en plus exclue d’autant que les électeurs de droite semblent aux antipodes des valeurs de la Maire de Paris. Sur le plan économique, les électeurs de droite auraient le choix entre deux candidats avec une faible crédibilité économique et à contrecourant de leur pensée libérale. Sur le plan régalien, les électeurs de droite semblent plus proches de la candidate du Rassemblement national que de la candidate de gauche.

Marine Le Pen serait quasiment certaine de perdre l’élection présidentielle de 2022 si elle se retrouvait face à un candidat de droite ou de la majorité présidentielle puisqu’elle ne pourrait s’appuyer que sur une partie des électeurs des insoumis dans le premier scénario et qu’une partie des électeurs de droite dans le second en raison de la faible crédibilité économique du Rassemblement national. Anne Hidalgo pourrait lui permettre d’avoir une perspective de victoire, avec sa faible réserve de voix au second tour de l’élection présidentielle, puisque les électeurs de droite majoritaires n’auraient le choix à leurs yeux au second tour qu’entre la peste ou le choléra.

William Thay, politologue et président du think-tank Le Millénaire, spécialisé en politiques publiques et portant un projet gaulliste et réformateur au service de la grandeur de la France.

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