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Alliance Vita : interdits de cité
©KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Affiches

Alliance VITA a lancé une campagne d’affichage dans les gares. Les affiches ont été considérées comme étant anti-IVG et anti-PMA. La société Mediatransports a décidé de retirer les visuels le jeudi 2 janvier. Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, publie une tribune suite à cette décision.

Tugdual Derville

Tugdual Derville

Tugdual Derville est l’un des porte-parole nationaux de Soulager n’est pas tuer. Il est également l'auteur de La Bataille de l’euthanasie aux éditions Salvator, en 2012. 

 

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Deux mots : paternité, maternité. Deux mots auxquels l’immense majorité des Français restent très attachés, quelle que soit leur histoire personnelle, quels que soient les débats de société. Deux mots soudain interdits de cité à Paris ? Ils figuraient simplement sur deux des trois affiches d’une campagne de vœux pour 2020, signée par Alliance VITA. Une présence insupportable à quelques jours de la réouverture du débat bioéthique en première lecture au Sénat ? Car il a suffi que s’active un groupuscule, lancé par un compte twitter anonyme… L’entreprise MediaTransport a cédé sur le champ. Alors que des contrats en bonne et due forme avaient été signés et que les visuels avaient été validés par le comité chargé des vérifications déontologiques, sa présidente s’est aplatie, via twitter. Sans même prendre le soin de contacter son client, notre association, mais en réponse à un journaliste qui l’interpellait, Valérie Decamp a assuré que « les deux visuels relatifs à la protection de la maternité et de la paternité » (sic) seraient retirés le soir même. Les accusant d’entorse à la neutralité, elle s’est justifiée par des « dysfonctionnement liés à la grève ». Censure donc sur « La société progressera à condition de respecter la paternité » et « …la maternité ». Le même réseau avait pourtant imposé, il y a peu, aux usagers des transports en commun la campagne-choc d’un groupe animaliste où figuraient un cochon et une poule affirmant de concert : « Je suis quelqu’un. Ne me mangez-pas. » Étrange neutralité vis-à-vis des millions de consommateurs de viande, sans compter les éleveurs, bouchers et autres restaurateurs qu’on tentait de culpabiliser par cette injonction. Le contraste est saisissant. Il faut trouver une logique : les murs porteurs de l’écologie humaine, que sont d’une part la parité homme-femme dans l’engendrement et d’autre part la différence entre les êtres humains et les animaux, sont simultanément attaqués par la pensée unique. C’est l’humanité qu’on déconstruit. Nous sommes au cœur du débat bioéthique. Qu’est-ce que l’humanité ? Et le troisième visuel, où figure une jeune fille en fauteuil roulant prend alors tout son sens : « La société progressera à condition de respecter la différence ». Ceux-là n’ont pas osé l’interdire. Mais tout est lié. L’accueil des êtres humains les plus fragiles et le soutien aux parents, dans leurs rôles uniques, voilà les preuves d’humanité dont notre société a tant besoin.

Au contraire des publicités provocatrices faites pour choquer (qu’on songe aux affiches de certains sites de rencontre prônant l’adultère), nos visuels sont fondés sur une approche paisible d’un débat de société sérieux, pour lequel nous sommes reconnus et auditionnés à tous les niveaux de l’Etat, grâce à notre expertise d’aide aux familles et aux personnes en difficulté. Ils sont aux antipodes de la caricature que certains font de nous, comme Madame Hidalgo. En tant que maire de Paris, elle a fait injonction – toujours via twitter – aux deux réseaux d’affichage de retirer les visuels. A son tour, le second réseau vient d’obéir sans sourciller, prenant juste le soin de nous prévenir du retrait immédiat de la campagne (toute la campagne ?) « à la demande de l’autorité concédante ». Nous voilà donc bannis de Paris. Victimes en quelque sorte d’un délit de sale gueule, alors même que nous sommes partenaires des services sociaux dans l’aide aux femmes et aux couples en difficulté. Illogique injustice !

Le soutien public aussitôt apporté à notre association par des personnalités qui, pour nombre d’entre elles, affirment ne pas partager nos engagements, est réconfortant. Toutefois, nous pouvons nous interroger avec inquiétude sur l’état du débat démocratique, sur la liberté de contracter et sur la liberté d’expression.

Le masque « Je suis Charlie » n’en finit pas de tomber. Les amoureux du vrai débat contradictoire ne s’y tromperont pas : imaginons que certains élus soient dotés de davantage de pouvoir de coercition, de plus de forces, croyez-vous qu’ils se priveront d’écraser leurs adversaires, au nom de leur conception du bien ? La pensée unique est déjà totalitaire. Et l’histoire de France ne montre que trop à quels extrêmes peut conduire la volonté des uns d’étouffer la voix des autres.

Nous ne nous tairons pas. Nous saisissons immédiatement la justice par référé et nous irons jusqu’au bout des procédures judiciaires, pour obtenir réparation. Parce que les causes que nous défendons nous sont chères ; et parce que la liberté de les partager est notre droit, notre devoir même. Ces actions auront pour tous le mérite de vérifier jusqu’où s’étend, en pays des droits de l’homme, le pouvoir de censure.

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