Allègement des contraintes Covid : qui osera sortir de l’absolutisme vaccinal ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Plusieurs tribunaux administratifs ont suspendu les pass sanitaires dans les centres commerciaux.
Plusieurs tribunaux administratifs ont suspendu les pass sanitaires dans les centres commerciaux.
©SAMEER AL-DOUMY / AFP

Trop c'est trop

Les critères utilisés pour justifier les mesures sanitaires mises en place changent en permanence et n’ont d’autre raison d’être que de justifier a posteriori les décisions gouvernementales. Jusqu'à quand ?

Nathalie MP Meyer

Nathalie MP Meyer

Nathalie MP Meyer est née en 1962. Elle est diplômée de l’ESSEC et a travaillé dans le secteur de la banque et l’assurance. Depuis 2015, elle tient Le Blog de Nathalie MP avec l’objectif de faire connaître le libéralisme et d’expliquer en quoi il constituerait une réponse adaptée aux problèmes actuels de la France aussi bien sur le plan des libertés individuelles que sur celui de la prospérité économique générale.
 
https://leblogdenathaliemp.com/

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Cet article a été publié initialement sur le blog de Nathalie Meyer. Il est la suite de Pass sanitaire : perseverare diabolicum publié le 31 août 2021.

Décidément, en matière de Covid, Emmanuel Macron et son gouvernement s’y entendent pour souffler perpétuellement le chaud et le froid.

Dans un récent échange avec des passants qui s’est tenu au moment où l’on apprenait que le taux d’incidence de l’épidémie était repassé sous la barre des 100 cas par semaine pour 100 000 habitants au niveau national (92 au 13 septembre), le Président de la République avait à peine évoqué la possibilité « d’alléger un peu les contraintes » dans certains départements (on pense immédiatement au pass sanitaire) que ses services nous invitaient promptement à ne surtout pas « surinterpréter » ses propos.

Excellente mise-en-garde. Après tout, il y a seulement deux semaines, son ministre de la Santé et lui-même se roulaient dans le fanatisme sanitaire le plus absolu en envisageant tout à l’inverse de prolonger le pass sanitaire au-delà de la date de fin actuellement fixée au 15 novembre 2021 « si le Covid ne disparaissait pas de nos vies ». 

Et puis rappelons-nous. Emmanuel Macron n’avait-il pas promis à l’ouverture de la campagne de vaccination que le vaccin ne serait pas obligatoire ? « Je l’ai dit, je le répète » avait-il alors tweeté, comme s’il s’agaçait qu’on lui repose éternellement une question à laquelle il avait donné une réponse définitive. N’avait-il pas promis ensuite que le pass sanitaire ne serait « jamais » un outil de discrimination entre les Français et qu’il ne concernerait pas les actes de la vie quotidienne ?

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Résultat, le 12 juillet dernier, il annonçait l’instauration à compter du 9 août d’un pass sanitaire dans les lieux accueillant plus de 50 personnes, rendant de fait la vaccination indispensable pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les transports, les cinémas, les musées, les théâtres, les salles de concert et les restaurants, terrasses comprises.

Revirements, reniements, activisme sanitaire fébrile et désordonné d’un exécutif qui ne sait pas où il va mais veut absolument garder la main sur tout ? Que nenni ! Seul le pragmatisme le mieux informé des réalités du terrain guide l’action du gouvernement ! « On va faire ça comme d’habitude, avec pragmatisme » a complaisamment expliqué Emmanuel Macron aux passants mentionnés ci-dessus à propos d’un possible allègement des contraintes. On se retient pour ne pas rire.

Mais ne nous y trompons pas. Si, par exemple, certains centres commerciaux de plus de 20 000 m2 ont été exclus du dispositif la semaine dernière, n’y voyons nullement l’effet du « pragmatisme » éclairé dont le gouvernement se flatte mais une reculade totalement imprévue dictée par les décisions difficilement négligeables de suspension du pass sanitaire prises par plusieurs tribunaux administratifs.

Comme il n’était pas question pour le gouvernement de dire qu’il s’inclinait devant les plaintes déposées par les citoyens, il a trouvé un critère « pragmatique » de levée de la contrainte : que le taux d’incidence du département d’implantation du centre commercial soit inférieur à 200 cas par semaine pour 100 000 habitants et en décroissance continue depuis au moins sept jours.

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Maintenant que le taux d’incidence se situe largement sous les 200 cas voire aux alentours de 100 dans presque toute la France (sauf Bouches du Rhône, Guadeloupe, Martinique et Guyane) ne serait-il pas temps d’abandonner toutes les mesures d’exception et de s’en remettre à la responsabilité des citoyens ? Mais bref. Les critères changent en permanence et n’ont d’autre raison d’être que de justifier a posteriori les décisions gouvernementales.

Pendant ce temps, de l’autre côté de la Manche, le gouvernement de Boris Johnson a décidé de ne pas instaurer de pass sanitaire en Angleterre.

Constatant que le taux de vaccination de la population était déjà très élevé et confessant qu’il n’était guère partisan de demander aux gens leurs papiers pour accomplir les actes les plus simples du quotidien, le ministre de la Santé britannique a souligné aussi combien il était préférable de s’en tenir aux réalités de terrain sur le plan sanitaire comme sur le plan économique plutôt que de faire les choses pour le plaisir de les faire ou pour s’aligner sur les décisions des autres :

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Or si le Royaume-Uni est largement vacciné, c’est aussi le cas de la France qui, après un démarrage laborieux, se paie même le luxe de dépasser son voisin insulaire d’une courte tête :

Dans ce graphe du site Our World in Data, les chiffres France sont arrêtés au 14 sept 2021.

D’après les données du gouvernement au 14 septembre 2021 reprises par le site covidtracker74,1 % des Français ont reçu au moins une dose de vaccin et 70,1% ont reçu toutes les doses requises (graphique de gauche). Si, plus logiquement, on ne considère que la population éligible, c’est-à-dire les personnes âgées de 12 ans et plus, ces taux montent à 86,1 % et 81,4 % respectivement (graphique de droite) :

Et finalement, si l’on ne considère que la population majeure, on arrive même à un taux de 83,8 % de personnes complètement vaccinées :

Malgré cela, on trouve des commentateurs pour se lamenter que le nombre de primo-vaccinations quotidiennes soit en baisse constante depuis plusieurs semaines, de l’ordre de 60 000 actuellement contre 370 000 au cœur de l’été. Je ne voudrais pas trop les chagriner, mais peut-être devraient-ils se préparer à l’idée qu’un jour assez prochain, la campagne de vaccination anti-Covid va prendre fin. S’imaginer qu’on pourrait atteindre une couverture de 100 % n’est pas seulement illusoire ; cela témoigne d’un absolutisme vaccinal aussi politiquement rigide que sanitairement inutile.

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Et pourtant, tout se passe comme si Emmanuel Macron, dans une mentalité typique du premier de classe qui ne supporte pas d’arriver second, voulait absolument supplanter tous ses pairs. La vaccination avait mal démarré ? L’Allemagne, le Royaume-Uni, Israël étaient déjà loin devant quand la France n’avait même pas commencé ? Il ne serait pas dit que la France resterait longtemps le vilain petit canard de la classe. La patrie des droits de l’homme sera la patrie de la vaccination… et tant pis s’il faut sortir la contrainte du pass sanitaire pour cela.

Et de se donner des objectifs dignes d’un lourd plan quinquennal – tant de centres de vaccination ouverts, tant de soignants dédiés à la tâche, tant de primo-injections réalisées par jour, tant de vaccinés à telle date, etc. – avec une véhémence qui donne fâcheusement l’impression que la réalisation du chiffre importe plus que l’objectif sanitaire lui-même et bien plus que la sortie de l’état d’exception qui continue à entraver profondément nos libertés individuelles et économiques alors même que la pandémie régresse. 

Le plus désolant dans cette affaire, c’est que bien rares sont les personnes qui pensent encore que les libertés individuelles et économiques sont précieuses. Mieux, c’est-à-dire en fait pire, il se trouve même des Grandes Gueules médiatiques suffisamment indifférentes aux contraintes qu’elles font peser sur les autres pour s’opposer à la levée du pass sanitaire, non pas parce que la pandémie redoublerait de virulence, mais au motif très politique et fort peu sanitaire que cela donnerait raison… aux antivax !

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Mais à ce compte-là, on n’en sortira jamais ! Et du reste, quelle étroitesse d’esprit que de croire que l’opposition au pass sanitaire se limite aux antivax ! 

Je suis pour ma part vaccinée deux fois depuis longtemps et ce genre de raisonnement tordu tout empreint d’un misérable petit autoritarisme malheureusement fort répandu tombe à pic pour me convaincre plus que jamais qu’il devient urgentissime de mettre fin au dangereux contrôle social qui se répand dans notre société comme un poison à la faveur du pass sanitaire.

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