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Alerte à la pollution intérieure générée par les gazinières
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Gaz à tous les étages

L’utilisation de notre cuisinière à gaz ne serait pas sans risque. Selon une étude du Rocky Mountain Institute, elle serait responsable d’une dégradation de la qualité de l’air intérieur. Quels sont les risques potentiels en cuisinant avec de tels outils ?

Bérénice Jenneson

Bérénice Jenneson

Bérénice Jenneson est référente air intérieur pour ATMO France. Ingénieur d’études - référente bâtiment à ATMO Grand Est.

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Atlantico.fr : Nous passons de plus en plus de temps chez nous et la cuisine est devenu un passe-temps essentiel en cette période. Ce que nous ne savons pas c’est que l’utilisation de notre cuisinière à gaz n’est pas sans risque car selon une étude du Rocky Mountain Institute elle serait responsable d’une dégradation de la qualité de l’air intérieur. À quoi nous exposons-nous en cuisinant avec un tel outil ? Quels sont les risques ?

Bérénice Jeanson : Les activités de cuisson, quelque soit le mode employé, constituent l’une des principales sources de pollution dans le logement. Elles peuvent notamment générer des poussières fines à des concentrations parfois bien supérieures à ce que l’on peut respirer à l’extérieur ainsi que différents composés. 

A cette pollution, s’ajoute celle de la combustion directe, comme cela est le cas pour la cuisson au gaz. Les cuisinières à gaz, fréquemment utilisées en France, peuvent engendrer la formation de différents types de polluants parmi lesquels on retrouve principalement : les particules fines de diamètre inférieur à 2,5 µm (PM2,5), le dioxyde d’azote (NO2) et le monoxyde de carbone (CO).

Les PM2,5, directement émises lors de la combustion, sont impliquées dans certaines atteintes fonctionnelles respiratoires, le déclenchement de crises d’asthme et la hausse du nombre de décès pour cause cardio-vasculaire ou respiratoire, notamment chez les personnes les plus sensibles.

Lors de la cuisson au gaz, le dioxyde d’azote peut également atteindre ponctuellement des concentrations élevées. Ce polluant peut pénétrer dans les voies respiratoires profondes où il fragilise la muqueuse pulmonaire face aux agressions infectieuses, notamment chez les enfants. 

Enfin, une combustion incomplète peut provoquer la formation de monoxyde de carbone, gaz incolore et inodore et hautement toxique. Également émis par d’autres appareils à combustion tels que les appareils de chauffage, il est responsable en France d’environ 4000 cas d’intoxication par an. 

Pourquoi n’avons-nous pas connaissance d’un tel danger ? N’est-il pas mieux d’utiliser une cuisinière électrique qu’une alimentée au gaz ? 

Comme pour d’autres sources de pollution telle que l’utilisation des produits d’entretien par exemple, nous n’avons pas toujours conscience de ce qui peut dégrader notre air intérieur. En effet, il s’agit d’une pollution invisible dont les effets se mesurent parfois sur le long terme. En France, le danger lié à l’utilisation du gaz est cependant pris en compte puisqu’il impose certaines obligations. Parmi elles, on retrouve la nécessité de disposer dans une cuisine équipée d’une gazinière de deux bouches d’aération afin d’assurer une ventilation optimale de la pièce : une arrivée d’air directe qui doit se situer au niveau bas de la pièce et une sortie d’air directe qui doit se trouver en hauteur. 

L’utilisation d’une cuisinière électrique entraine moins de risques de pollution qu’une gazinière puisqu’elle ne fait pas appel à un phénomène de combustion. Cela a été mis en évidence dans différentes études notamment aux Etats-Unis. Par exemple, l’EPA estime que les maisons avec des cuisinières à gaz présentent des niveaux en NO2, 50 à 400 % plus élevés que les maisons avec des cuisinières électriques. Cela a également été démontré pour le monoxyde de carbone, avec des niveaux de CO pouvant aller jusqu’à 30 ppm à proximité de cuisinières mal ajustée alors qu’ils se situent entre 0,5 et 5 ppm dans des maisons sans gazinières. L’impact de la gazinière sur la qualité de l’air intérieur est variable en fonction de la ventilation de la pièce et de l’entretien de l’appareil.

Cependant, lors de toute activité de cuisson et donc même lors de l’utilisation d’une cuisinière électrique, il est nécessaire d’aérer afin d’évacuer les polluants produits. 

Dans un intérieur, un grand nombre de polluant circule et la cuisinière à gaz n’est pas la seule responsable d’une telle pollution. Quelles sont les autres sources de pollution ? Comment recycler l’air d’un appartement ou d’une maison efficacement ? 

La qualité de l’air intérieur d’un bâtiment peut être dégradée par de nombreuses sources d’origines diverses. Elles peuvent par exemple, provenir des matériaux de construction et des produits de décoration. Lors des activités de bricolage par exemple, il est nécessaire de privilégier l’utilisation de produits labélisés. 

Comme la gazinière, les appareils de chauffage et les équipements, notamment s’ils sont mal entretenus, peuvent constituer des sources de pollution. Dans la cuisine, par exemple le grille-pain peut également émettre de nombreuses particules fines. Parmi les activités des usagers, on retrouve le tabagisme, l’utilisation d’encens, de produits odorants… Une attention particulière est à porter sur les activités ménagères pour lesquelles il est conseillé d’utiliser des produits naturels ou peu émissifs et d’aérer pendant et après leur réalisation. 

Même si l’on considère que l’air intérieur est souvent plus pollué que l’air extérieur, ce dernier peut pénétrer à l’intérieur du logement.  Afin de maintenir une bonne qualité de l’air intérieur dans une pièce, il est donc nécessaire d’aérer régulièrement. Les fenêtres doivent être ouvertes au minimum 10 minutes au moins une fois par jour en privilégiant une aération transversale par balayage d’air, plus efficace qu’une ouverture en oscillo-battant. En cas de pollution extérieure, il est nécessaire de privilégier l’ouverture des fenêtres moins exposées et d’adapter les horaires d’aération (par exemple en milieu de journée ou en soirée si l’habitation se situe à proximité d’une route).  Si le logement est équipé d’un système de ventilation, il convient de l’entretenir régulièrement et de vérifier que les bouches d’aération ne sont pas obstruées.  

Voici quelques bons gestes pour un intérieur sain :

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