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Aides à l’emploi : Bruno Le Maire parviendra-t-il à tailler dans le vif des dépenses publiques inefficaces ?
©LOIC VENANCE / AFP

Atlantico Business

En dépit des engagements du président de la République de réduire le montant des dépenses publiques et sociales de 3 points de PIB, rien n’a encore été fait ou préparé.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Une note de Bercy l‘a confirmé ce week-end : l’administration prépare un allègement des dépenses d’aide à l‘emploi. Cet allègement passerait par une diminution du nombre d’allocataires des indemnités de chômage. Ceci dit, ce projet n’est qu’un ballon d’essai pour une baisse plus générale des dépenses publiques et sociales. Il faut bien reconnaître que le président de la République et son gouvernement n’ont strictement rien fait pour entamer la baisse des dépenses publiques.

Bruno Le Maire a donc, ce week end, amorcé un début de pédagogie : « A partir du moment où nous réussissons à créer des emplois dans le secteur privé, à trouver des emplois pour chacun, à mieux qualifier, à mieux former (...), il peut être légitime de réduire la politique sociale sur l’emploi parce que nous aurons résolu économiquement le problème de l’emploi » a déclaré Bruno Le Maire. « Nous ne sommes pas condamnés à compenser les inégalités par toujours plus de dépenses publiques, c’est-à-dire toujours plus d’impôt au bout du compte pour le contribuable » a-t-il ajouté.

Cette confirmation va d’ailleurs de pair avec la relance du débat général des dépenses publiques porté par Laurent Wauquiez dimanche soir, sous entendant que le président de la République ne parvenait pas à tenir cette promesse électorale. Ce qui n’est pas faux. 

L‘objectif selon Macron serait de tomber au niveau des Allemands en baissant les dépenses globales de 3 points de PIB pour atteindre un budget à l’équilibre.

Depuis un an, il n’a pas encore été question de s’attaquer à ce problème. Les résultats de l’économie française sont certes meilleurs, les acteurs profitent de l’amélioration de la conjoncture internationale, ils profitent du climat très favorable au business. Le monde des affaires profite aussi de ce qui avait été entrepris par Manuel Valls, il capitalise sur le potentiel de premières réformes engagées sur le travail, la formation... Et cette amélioration globale se voit dans les chiffres macro économiques et les données budgétaires. 

Sauf que la baisse du déficit budgétaire n’est absolument pas imputable à une baisse des dépenses sociales et publiques, mais à une augmentation des recettes fiscales liée à la reprise de l‘activité. 

Le niveau des dépenses sociales et publiques est défendu bec et ongle, par la conjuration des lobbies de la sphère sociale et économique qui lui ont donné une sorte de légitimité sur deux fronts. 

1. Les dépenses sociales et publiques sont considérées comme l’outil clef capable de corriger les inégalités sociales. Et c’est évidemment vrai, les allocations logement, chômage, maladie, famille, les dépenses en éducation ont pour objectif d’aider les segments de populations en difficulté. Sachant que le financement des dépenses publiques et sociales a aussi des vertus distributives de revenus. En gros, on prend de l’argent aux plus riches pour en donner aux plus pauvres. 

2. Les dépenses sociales et publiques jouent un rôle de moteur ou de soutien à l‘activité économique, à la consommation et à l’emploi. On est au cœur de la politique keynésienne appliquée dans la plupart des pays occidentaux depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Pour Keynes, la dépense publique sous forme d’aides sociales, de financement de fonctionnaires, ou même d’investissement publics (grands équipements) a aussi la vertu de financer la demande et donc d’offrir des débouchés à l’appareil de production de biens et de services. 

Pour ces deux raisons, les grandes démocraties politiques occidentales ont justifié la montée de la part des dépenses et privées, jusqu’au moment où les montants sont tels que le financement en devient pénalisant. 

Toute politique économique qui aurait pour objectif d’organiser le recul des dépenses publiques doit commencer par en expliquer les effets pervers. 

Sur le front social, il faut évidemment s’interroger sur l’origine des inégalités et tenter de les réduire et pas seulement de les amortir. 

Pour réduire les allocations chômage, le moyen le plus probant est évidemment de développer une politique créatrice d’emplois privés. C’est, semble-t-il, la démarche adoptée par Bruno Le Maire.  On peut faire le même raisonnement pour toutes les aides sociales.

Sur le front de l’économie, un certain nombre d’économistes, à commencer par Fréderic Bastiat (bien avant Keynes) ont essayé de démontrer que le pouvoir multiplicateur de richesse d’une dépense publique n’était pas aussi évident que ce que les Keynésiens ont toujours dit. 

La dépense publique a un effet visible (ou presque) puisqu’elle finance le fonctionnement de l’administration et des salaires de fonctionnaires. 

Mais la dépense publique a aussi un effet invisible puisqu’elle est financée par l’impôt ou la cotisation sociale. Donc on peut se demander si les contribuables n’auraient pas été plus efficaces à utiliser eux même cet argent plutôt que de le verser à l’Etat. C’est tout le débat entre l’efficacité de la dépense publique (visible) et celle de la dépense privée (invisible). Une chose est certaine, tout euro dépense par l’Etat ou par un organisme social est un euro qui ne sera pas dépensé sur le marché par des acteurs privés. 

La vraie question est donc de s’intéresser à l’efficacité de la dépense publique. C’est la raison pour laquelle les libéraux estiment que les seuls euros publics acceptables pour l’intérêt de la collectivité sont les euros dépensés dans le cadre des activités régaliennes : l’ordre public, la justice, la défense nationale.

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