Aider Hollande ET Valls : le délicat double objectif de Bernard Cazeneuve dans son discours de politique générale<!-- --> | Atlantico.fr
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A n'en pas douter, l'ancien ministre de l'Intérieur va mettre l'accent sur la sécurité et va rappeler le rôle majeur joué par l'exécutif après les attentats qui ont égrainé les années 2015 et 2016.
A n'en pas douter, l'ancien ministre de l'Intérieur va mettre l'accent sur la sécurité et va rappeler le rôle majeur joué par l'exécutif après les attentats qui ont égrainé les années 2015 et 2016.
©Reuters

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Le Premier ministre s'exprimera mardi devant le Parlement. Il va dresser les grandes lignes de cette fin de quinquennat et tenter de lancer des perspectives pour l'avenir.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Atlantico : Ce mardi, Bernard Cazeneuve va prononcer son discours de politique générale. Quels sont les enjeux en cette fin de quinquennat ?

Christelle Bertrand : Ils sont majeurs puisqu'il revient à Bernard Cazeneuve de faire en sorte que le quinquennat se termine mieux qu'il n'a commencé. Son discours de politique générale de mardi doit tenter de rassembler la gauche autour de quelques thématiques fédératrices. A n'en pas douter, l'ancien ministre de l'Intérieur va mettre l'accent sur la sécurité et va rappeler le rôle majeur joué par l'exécutif après les attentats qui ont égrainé les années 2015 et 2016. Un dossier sécurité qui restera à l'épicentre de cette fin de mandat puisque la dernière réforme débattue au Parlement portera sur la légitime défense des policiers. Un débat qui pourrait à nouveau fracturer la gauche.

Bernard Cazeneuve devrait aussi, ce mardi, mettre l'accent sur la question sociale dont il sait qu'elle est l'un des talons d'Achille de François Hollande, une partie du PS lui reprochant de n'avoir pas traité cette question qui est pourtant l'un des totems de la gauche. Bref, Bernard Cazeneuve va devoir ressouder les troupes. Et en particulier, le groupe parlementaire jusqu’ici écartelé entre frondeurs et légitimistes. Son rôle est de réconcilier la gauche afin qu'elle parte unie à la présidentielle. Une tâche titanesque. Le vote solennel qui permettra, à l'issue du discours, d'approuver le programme de gouvernement présenté sera, de ce point de vue, symbolique.

Bernard Cazeneuve peut-il, tout en tentant de ressouder son camp, aider François Hollande à redorer son image ?

Oui, lors de ce discours de politique générale il peut revaloriser les réformes effectuées durant le quinquennat, tenter de réécrire l'histoire avec plus de crédibilité qu'un François Hollande démonétisé. C'est même l'une des clés de la victoire. Certes, si la gauche a une chance, même infime, d'être au second tour, c’est parce qu'elle aura un projet mais aussi parce qu'elle aura su raconter l'histoire du quinquennat passé de façon plus valorisante que ça n'a été fait jusqu'alors. Bernard Cazeneuve pourrait donc, mardi, poser la première pierre de ce récit d'autant que l'exercice est taillé sur mesure pour ce fin orateur, interlocuteur redoutable, calme et pince-sans-rire qui est apprécié de ses homologues députés de droite comme de gauche. Mais si l’éloquence aide en politique et fait partie intégrante du job, elle ne suffit pas à fédérer derrière soi. Les idées restent moteurs, or Bernard Cazeneuve, en cette fin de quinquennat, n'aura pas grand-chose à proposer aux députés en termes de projets communs sans déborder de son rôle de chef de la majorité.

En quoi peut-il, en même temps, donner un coup de pouce à Manuel Valls ? Est-ce compatible avec sa fidélité affichée envers le chef de l’État ?

Un discours de politique générale permet surtout de poser le cadre de la politique qui sera appliquée durant les mois qui viennent, de passer un contrat de gouvernance avec la majorité. A priori, Manuel Valls ne fait plus partie de cette histoire. Mais Bernard Cazeneuve peut cependant rappeler le rôle que le Premier ministre a joué durant cinq ans. En tentant de réussir cette fin de quinquennat, il rend aussi service au candidat à la primaire. Mais le Premier ministre, très proche de Manuel Valls, essaie aussi de jeter des ponts avec son adversaire Emmanuel Macron. Ainsi, son premier déplacement de Premier ministre a été pour aller saluer Gérard Collomb à Lyon. Un geste symbolique et présenté comme tel par le chef du gouvernement, assorti d'un véritable plaidoyer pour le premier magistrat de la ville.

"Je suis ici chez un ami dont je connais la valeur, dont je sais l'engagement et l'amour pour son territoire, qu'il défend admirablement à Paris et bien au-delà de nos frontières pour le faire rayonner. Je voudrais lui adresser mes remerciements pour la manière dont il accomplit sa mission et lui réaffirmer ma considération pour ce qu'il est". Bernard Cazeneuve semble donc bien s'être donné pour mission de réconcilier la gauche en vue de 2017.

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