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Notations : La zone euro présente-elle vraiment plus de risques que l'Indonésie ?
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Décrépitude

L'agence Moody's a relevé la note de la dette souveraine de l'Indonésie, la portant à Baa3, contre Ba1 précédemment. Contrairement à ce que l'on pense en Europe, les agences de notation ne sont pas des machines à dégrader. C'est ce que l'on constate lorsque l'on s'intéresse aux récentes décisions de ces agences dans le reste du monde.

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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Fitch avait la première revu à la hausse sa notation pour Jakarta en décembre dernier. Standard & Poor's, la troisième « Moires », du nom de ces déesses grecques qui contrôlaient le destin des hommes, pourrait à son tour relever sa notation dans les mois à venir. Un tel décalage avec l'Europe, alors que les notes des pays européens chutent les unes après les autres, a de quoi étonner. Au point de se demander si l'Asie n'est pas désormais un lieu plus rassurant pour les investisseurs que l'Euro.

Ce serait aller un peu vite. Comparée à la France par exemple, la majorité des pays asiatiques présentent encore des risques majeurs. Ainsi l'inflation caracole encore à 7.5% en Inde, alors que l'Indonésie se caractérise par la vétusté de ses infrastructures et la faiblesse de son intermédiation bancaire. Au plan politique, le vent d'optimisme, insufflé par des hommes politiques comme le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, semble s'essouffler. Le « risque pays » de la COFACE (Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur) ne laisse ainsi aucune ambiguïté. L'Indonésie est encore notée B, l'Inde et la Chine A3, contre A2 pour la France.

Au jeu des comparaisons des indicateurs, la France est donc sans conteste un pays plus « sur » que l'Indonésie. Pourtant, en regardant à plus long terme, on peut se demander combien de temps cette situation va encore durer. Car si l'on examine les perspectives de croissance, on se rend compte que l'Europe est bien installée sur une position descendante, et l'Asie ascendante.

Avec sa récente appréciation par Moody's, la note de l'Indonésie se rapproche sensiblement de celle de pays européens. Pour Standard & Poor's, l'écart est déjà infime. La dette souveraine de l'Indonésie est classée BBB-, alors qu'elle est notée BB+ pour l'Italie. Et ce classement paraît encore flatteur pour l'Italie. Rome emprunte désormais à des taux proches des taux indonésiens, à 5% pour ses obligations à 10 ans contre 6% en Indonésie. Et je ne parle pas du Portugal, qui emprunte à 13%. Ce qu'il faut surtout souligner, c'est que l'Indonésie, et bon nombre de pays asiatiques, possèdent des fondamentaux économiques sains, qui leur permettraient de résister à une dégradation soudaine de la situation économique. L'Indonésie par exemple présente une dette publique de 24%, contre 80% en France, ainsi qu'un solde courant pratiquement à l'équilibre, et des IDE (Investissement Direct à l'Etranger) en hausse de +20% en 2011.

Ces perspectives sont confirmées par l'OCDE, qui s'attend à une croissance de 1.6% dans les pays développés en 2012, contre 6-8% chez les pays émergents asiatiques. Et les prévisions pour le match Paris/Jakarta sont encore plus cruelles. L'Indonésie devrait connaître une croissance de 6.1% en 2012, contre 0.3% en France. Ainsi, investir sur un pays plus risqué où les perspectives de croissances sont fortes pourrait s'avérer tentant pour nombre d'investisseurs. Déjà, des fonds américains comme Franklin Templeton ont fait de l’Indonésie une de leurs destinations préférées pour placer leur fonds.

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