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L’Afrique noire, nouveau terrain d’affrontement entre islam et christianisme
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Persécutions

Dans un ouvrage très documenté, Alexandre del Valle dénonce et détaille les persécutions dont sont victimes les chrétiens sur tous les continents. Coup de projecteur sur l'Afrique où l'intolérance et le fanatisme anti-chrétien connaît, actuellement, une dramatique recrudescence (Extraits 1/2).

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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En Afrique, plusieurs pays sont littéralement coupés en deux par la ligne de front culturelle qui sépare le Nord musulman, souvent arabisé, et le Sud noir-africain, chrétien ou animiste. Cette ligne de front civilisationnelle, également tribale et religieuse, se situe au milieu du continent, va de la Somalie au Sénégal. Le cas le plus emblématique est bien sûr le Soudan, aujourd’hui effectivement scindé en deux États, sur les bases de cette « zone de démarcation » religieuse. Mais on peut citer aussi le Tchad voisin, partagé lui aussi entre un Nord musulman et un Sud animiste et chrétien.

Là, comme au Soudan, l’opposition du sud, réputée « chrétienne », est aux prises avec le régime musulman au pouvoir. Surfant sur le rejet des frontières dessinées par l’ancien colonisateur, les islamistes ont pour slogan « l’Afrique est musulmane » et prétendent vouloir en finir avec l’idée des « États-Nations » issue de la décolonisation. Cette contagion sécessionniste visant à « homogénéiser » les territoires islamiques et remettre en question la cohabitation entre musulmans et non-musulmans, explique en partie pourquoi le Nord Soudan s’est accommodé de l’indépendance du Sud chrétien-animiste, et est en train de contaminer des pays comme le Burundi, le Ghana, le Malawi, la Zambie ou la Côte d’Ivoire.

Moins connu sous cet angle, car d’autres considérations sont aussi à prendre en compte, la Côte d’Ivoire est également aujourd’hui coupée en deux de facto entre un Nord majoritairement musulman, voisin du Burkina-Faso, qui soutient le nouveau président ivoirien élu, Alassane Ouattara (et le chef des rebelles et ancien Premier Ministre Guillaume Soro[1] ), et un Sud majoritairement chrétien, où l’ex-Président Laurent Gbagbo, qui a refusé de laisser sa place à Ouattara, recrutait l’essentiel de ses partisans.

Pour les islamistes radicaux, l’Afrique noire non-musulmane, ancienne terre d’esclavage, demeure une « proie ». Aujourd’hui encore, des États islamiques comme le Soudan, le Nigeria ou la Mauritanie tolèrent toujours l’esclavage des Noirs non-musulmans. Rappelons que les califes des Empires musulmans réduisirent en esclavage des millions de rebelles chrétiens, de « mauvais musulmans », des Slaves de l’Est de l’Europe et des Noirs animistes ou chrétiens [2]. Même l’Espagne musulmane tant romancée d’Al-Andalus fut un haut-lieu de l’esclavagisme de captifs chrétiens slaves, ouest-européens ou noirs. Les esclaves européens, principalement des slaves païens (Esclavons), furent longtemps recherchés par les califats islamiques. L’Esclavonie (Slavonie actuelle, dans l’est de la Croatie) était nommée en arabe le « pays des esclaves » (Bilad).

En fait, l’approvisionnement en esclaves européens chrétiens s’accentua lorsque les reconquêtes musulmanes, en repoussant les croisés, multiplièrent les captifs chrétiens réduits en esclavage et/ou rançonnés. Entre 1530 et 1780, au moins 1 200 000 Européens furent emmenés en esclavage en Afrique du Nord. Les razzias maritimes et terrestres contre les côtes françaises, portugaises, espagnoles, italiennes ou balkaniques, et contre les navires chrétiens en Méditerranée par les pirates barbaresques et les Turcs durèrent jusqu’au milieu du XIXe siècle. Les esclaves blancs étaient également des Italiens, des Espagnols et des Français. Des attaques eurent lieu également contre l’Angleterre et jusqu’en Islande. Mais seule l’Europe continue d’être accusée d’avoir pratiqué l’esclavagisme dans le passé.

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Extraits dePourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd'hui ? : La nouvelle christianophobie, Maxima Laurent du Mesnil éditeur (12 mai 2011).

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[1] C’est de ce Nord musulman que vient l’essentiel des insurgés et guérilleros qui ont tenté de prendre Abidjan et de renverser Laurent Gbagbo dans les années 2000.

[2] Voir Malek Chebel : L’Esclavage en Terre d’Islam : un tabou bien gardé, Hachette Littérature, 2010, et l’historien Jacques Heers : Les Négriers en terres d’Islam : La première traite des noirs VIIe – XVIe siècle, Perrin, 2008, p. 13-15.

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