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Affaire Naomi : après le SAMU de Strasbourg, les poursuites se multiplient ailleurs en France
©MARTIN BUREAU / AFP

Scandale du SAMU

Les langues se délient depuis la médiatisation de l’affaire Naomi. On apprend que plusieurs centres du SAMU sont poursuivis pour avoir éconduit leurs patients.

Adrien Pittore

Adrien Pittore

Adrien Pittore est journaliste, photographe et pigiste. Il a notamment participé au recueil « Les Photos qu’on peut voir qu’au niveau district – Tome 2 » publié le 17 novembre 2017 aux éditions Petit à Petit.

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Il y a encore quelques jours, l’affaire Naomi deffrayait la chronique. La mère de famille se voyait ainsi redirigée vers son médecin d’un air moqueur malgré ses fortes douleurs au ventre. Elle décèdera quelques heures plus tard.

Aujourd’hui, les opératrices dénoncent les manques de moyens et le « lynchage en place publique » dont elles sont victimes. Seulement, il semblerait que le cas Naomi ne soit pas la seule défaillance à l’issue tragique auquel les centres du SAMU doivent faire face !

Indre-et-Loire : la petite fille se sectionne une artère. Le SAMU reste muet.

"Vous vous rendez compte, mes enfants me donnent les petits à garder, et j’ai failli leur rendre un enfant mort ?"  Mireille Lemaître

Le 21 avril dernier, Mireille Lemaitre, 71 ans, garde chez elle sa petite fille de 9 ans. Seulement, cette dernière se sectionne l’artère cubitale de l’avant-bras gauche en cassant un verre. Les grands parents appellent immédiatement le SAMU pour demander l’envoi d’une ambulance ou au moins qu’on leur dise quoi faire. Par deux fois, l’opérateur lui répondra simplement qu’elle doit emmener sa petite fille à hôpital, malgré qu’elle ait perdu « un demi-litre de sang ! »

"Je me suis dit qu’on n’avait pas de temps à perdre, j’ai raccroché et j’ai fait un pansement compressif qui n’a pas fonctionné. J’ai refait un autre pansement dessus, mais le sang continuait à couler alors j’ai fait un garrot de fortune. Je l’ai placé pas vraiment où il aurait fallu, mais j’ai fait comme j’ai pu."  Mireille Lemaître

Le grand-père parvient néanmoins à emmener la fillette à l’hôpital. Elle y est opérée et ne souffre d’aucune séquelle grave. 

Isère : on lui demande de réduire lui-même sa fracture à la jambe. Il sera amputé.

Si Thomas Veyret arrive à garder son sourire et à expliquer s’être fait « croquer la jambe par une requin », la rancoeur reste encore tenace vis à vis de l’opérateur du SAMU qui l’a « pris en charge » après sa chute à ski. Le 7 février, alors qu’il ne sait pas qu’il souffre d’une grave fracture du plateau tibial, l’opérateur lui demande de réduire lui-même sa « luxation du genou ». Un geste réservé aux professionnels. 

"J’ai mis longtemps, j’avais super mal." Thomas Veyret

Finalement transporté par les pompiers à l’hôpital Nord de Grenoble, on lui prescrit un angioscanner à 3h du matin. Examen réalisé le lendemain à 10h. Le verdict tombe : l’artère est sectionnée et la jambe n’est plus irriguée depuis la chute. Il est amputé le 16 février. 

Ce que la famille note, c’est aussi l’absence de remise en question du service

"Avec le représentant du conseil de l’ordre local, ils se sont même permis de nous faire des leçons de morale, nous expliquant qu’on ne connaissait rien à leur travail." Me Bourgin, spécialiste du préjudice corporel

Loir-et-Cher : souffrant d’une tumeur cérébrale, il est envoyé dans un hôpital pas équipé

L’issue est encore plus tragique chez la famille Boyer. Alors âgé de 13 ans en 2014, on détecte à Amaury une tumeur au cerveau. Opéré au CHU de Tours, il est autorisé à rentrer auprès des siens le 10 novembre. Mais son état se dégrade fortement dans la nuit du 11 au 12. Le 12 au matin, sa mère contacte le CHU de Tours qui la renvoit vers le SAMU du Loir-et-Cher pour un rapatriement au plus vite. 

Mais après l’énoncé de ses symptômes, le SAMU emmène le garçon non pas au CHU de Tours mais à l’hôpital de Romorantin. Un hôpital plus proche mais pas assez équipé pour traiter le cas du garçon. 

Le Samu « a refusé de mettre en jeu les moyens nécessaires lors de l’appel de Madame Boyer pour transférer Amaury en neurochirurgie. Rapport d’expertise de la Commission de Conciliation et d’Indemnisation des accidents médicaux

Arrivé à Romorantin, le garçon est dans le coma et dans un état critique. Il nécessite une intubation. Opération qui ne sera pas réalisée. Face à l’urgence, les médecins décident finalement de demander son rappatriement ai CHU de Tours. France Bleu explique :

"A l’autre bout du fil, son interlocutrice lui répond qu’aucun médecin n’est disponible pour l’instant et qu’il faut attendre. Pendant huit longues minutes (l’enregistrement est entre les mains du Procureur de la République de Blois), le médecin de Romorantin ne dira jamais à son interlocutrice qu’Amaury se trouve entre la vie et la mort, mais préférera parler de la météo et de sa coupe de cheveux. Finalement, le médecin régulateur du Samu se libère et prend la communication. Le départ en hélicoptère vers Tours est enfin prévu à 10h45, mais il est encore retardé à 12h32, le Samu 37 ayant dû intuber Amaury à son arrivée, aucun anesthésiste de Romorantin ne l’ayant fait."

Le garçon décède au CHU de Tours le 1er décembre de tumeurs secondaires malgré une chimiothérapie qui a réduit la tumeur primaire. Une enquête préliminaire a été ouverte par le Procureur de la République de Blois.

Loire : elle fait un arrêt cardiaque. Le SAMU lui dit de « voir avec SOS Médecin »

Le 28 février dernier, Céline, 38 ans, fait un arrêt cardiaque à son domicile alors qu’elle attend son troisième enfant. Son mari appelle immédiatement le SAMU pour l’en informer de la situation. 

"On lui a répondu sur un ton sec. L’opérateur a conseillé de voir avec SOS Médecins. Ou de prendre rendez-vous chez son généraliste." Jason, frère de Céline.

Son conjoint arrive alors à joindre SOS Médecin qui arrive près de 30 minutes plus tard. 

Le médecin a pratiqué un massage cardiaque pendant dix minutes, puis il a passé le relais au conjoint de Céline, le temps pour lui d’appeler le Samu. 

Arrivée au CHU de Saint-Etienne Nord, la jeune femme est placée dans un coma artificiel. Elle décède le 9 mars, en même temps que l’enfant qu’elle portait. 

Lot : deux appels pour joindre le SAMU alors qu’il est en insuffisance respiratoire

"L’enquête pour recherche des causes de la mort a été confiée à la brigade de recherche de Cahors."Procureur de la République de Cahors, Frédéric Almendros.

Jacques Orget, 70 ans, souffrait d’emphysème. Sous assistance respiratoire, l’homme se trouve mal le 30 mars dernier. Sa femme appelle alors le SAMU.

"Le médecin est resté un petit moment avec moi. il m’a fait augmenter le taux d’oxygène de la machine. Il m’a dit qu’il me rappellerait une heure plus tard pour prendre des nouvelles." Annie Orget

Le service ne rappellera jamais. Pendant ce temps, l’état de santé de son mari continue de se détériorer. 

"Le médecin m’a dit que mon oxymètre ne devait pas marcher. Il m’a dit de le tester sur moi. Sur moi, il fonctionnait alors il m’a dit qu’il m’envoyait un médecin de garde de Villefranche-de-Rouergue. Il a mis du temps à venir, ce n’est pas tout près… En voyant mon mari, il a appelé les urgences, qui ont envoyé deux infirmiers d’une ambulance privée. Mon mari n’était plus transportable. Ils ont appelé le SAMU mais il était trop tard." Annie Orget

L’équipe du SAMU déployée tente bien de réanimer son mari. Mais elle constate finalement son décès le 1er avril à 00h20. 

"C’est la première fois de ma vie que j’appelle le 15 et ils ne sont pas venus. C’est la première fois que je me retrouvais face un tel problème. J’ai fait comme il fallait, j’ai appelé le 15, j’ai été une bonne élève. Et je me reproche aujourd’hui de ne pas avoir été plus insistante au téléphone…"  Annie Orget

Pour le SAMU du Lot, l’appel a été «  bien régulé ». Sans aucun souci. Les questions ont été posées, les signes de gravité ont été recherchés. Il n’y avait aucun critère de gravité à l’appel initial. » Une plainte a néanmoins été déposée pour non-assistance à personne en danger. 

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