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59% des Français ne se sentent pas dérangés par le fait de rester connectés avec leur travail pendant les vacances : mais comment trouver le bon équilibre ?
©NICOLAS ASFOURI / AFP

Il fait trop beau pour travailler

Selon un sondage Qapa.fr, 62% des Français répondent à leurs appels et emails professionnels en vacances. ​Comment trouver le bon équilibre de connexion avec son travail durant les congés ?

Xavier  Camby

Xavier Camby

Xavier Camby est l’auteur de 48 clés pour un management durable - Bien-être et performance, publié aux éditions Yves Briend Ed. Il dirige à Genève la société Essentiel Management qui intervient en Belgique, en France, au Québec et en Suisse. Il anime également le site Essentiel Management .

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Atlantico : En cette veille de départ en congés pour de nombreux salariés, il apparaît, selon un sondage Qapa.fr , que 62% des Français répondent à leurs appels et emails professionnels en vacances. ​Comment trouver le bon équilibre de connexion avec son travail durant les congés ?

Xavier Camby : Votre question est très judicieuse et le paradoxe est intéressant. A les écouter, les salariés français passent 220 jours par an à n’aspirer qu’aux vacances, devenue une sorte de Nirvana post-moderne, récompense ultime après tant de souffrances, générées par l’esclavage du travail. Et cependant presque les 2 tiers se montrent incapables de cesser de se sentir utiles ou indispensables ! Très stigmatisée hors de l’Hexagone, la perception du travail chez les salariés français suscite l’hilarité un peu partout dans le monde. Le travail est-il vraiment cette punition sordide, vexatoire et intrinsèquement injuste (on se croirait dans Zola), contre lequel tout homme libre et responsable se doit de militer ? Pitoyable conditionnement d’une idéologie passéiste, dramatique imposture étymologique, archaïsme moral d’images d’Épinal véhiculé par l’enseignement, tout concoure à nous faire penser que la vie commence quand le travail cesse. Tellement que cela ressemble à une conjuration. En fait, depuis la nuit des temps et pour notre futur, la seule façon de créer une richesse à partager est de travailler. Toutes les économies (pays scandinaves, Allemagne, Suisse, pays d’Europe centrale, extrême orient…) qui assurent à leurs contributeurs une vie heureuse, confortable et paisible le connaissent. Et n’entretiennent pas le fantasme d’une vie oiseuse !
Si les français laborieux assument leurs responsabilités professionnelles pendant leurs congés aussi, c’est plutôt une bonne nouvelle.

Entre utilité réelle ou supposée, quelles sont les différentes raisons qui peuvent pousser les salariés à répondre à leurs appels et emails professionnels pendant leurs congés ? 

Vous connaissez la célèbre citation de Confucius : « si vous aimez ce que vous faîtes et si vous faîtes ce que vous aimez, pas un jour de votre vie vous ne travaillerez ». J’aimerai croire que ces 62% de françaises et de français aiment leur travail, au point de rester motivés pendant leur loisir. Travailler en vacances et se reposer au bureau est – un peu caricaturé- le paradigme nouveau du 21ème siècle, qui abolit le taylorisme scientifique et ses frontières artificielles entre vie privée et vie laborieuse. En dépit des magistères bien aventureux de quelques utopies fumeuses, nous ne savons pas vivre en compartiments étanches, ni en silos cloisonnés. Déniant les artifices de nos croyances, la recherche scientifique démontre désormais que notre psychisme aspire à l’unité. De vie.
Plusieurs raisons peuvent expliquer que des salariés répondent à leurs messages, même s’ils se supposent déconnectés. La 1ère, que j’espère principale, peut-être la passion pour leur métier, le goût profond qu’ils en ont. La seconde est -je l’espère de grand cœur- le plaisir intense qu’ils ont à contribuer positivement à leur environnement, c’est-à-dire à apporter une pierre indispensable, la leur, à un édifice commun, à une construction collective. Je ne peux cependant ignorer que certains le font par égotisme (montrer à quel point ils sont importants) ou par peur (perdre l’avantage, ne plus être dans le coup, éventuellement montrer que l’organisation ne peut se passer d’eux). C’est assez pitoyable de voir certaines organisations corrompues favoriser ces dysfonctionnements que sont l’égocentrisme et l’angoisse.

Dans quelle mesure la concomitance de l'apparition du numérique, et le vide de sens auquel sont confrontés de nombreux salariés peuvent-il résonner ? ​Serions-nous en train de troquer la qualité par la quantité ? 

La gestion automatisée de l’information libre (internet) et ses outils associés sont juste fantastiques. Il ne s’agit pourtant que d’outils, dont il convient d’apprendre à bien se servir. Si le couvreur se blesse en utilisant son marteau, il peut incrimer son marteau en jurant, c’est quand même lui le maladroit. Nous en sommes là avec internet et sa puissance : plein d’artisans maladroits qui pestent vainement contre leur outil !
La perte de sens pour moi vient d’ailleurs : le salarié a appris à ses dépens qu’il est désormais considéré par son employeur, depuis presque 40 ans, non pas pour son travail, ses valeurs, son engagement, sa créativité, mais seulement comme une variable d’ajustement financier, licenciable à tout moment, sans faute ni préavis, au seul bénéfice d’un retraité soignant son obésité sur les plages de Miami en sirotant un Manhattan ou un Long Island ! Tout ça par la magie de la Bourse et de la financiarisation fanatique de l’économie !
Alors les meilleurs s’en vont vers les Start-up, pour travailler comme il leur convient, le week-end comme la semaine, se reposer en fonction de leur besoin, et non pas seulement aux dates imposées, inventant sans cesse, loin des contingences grotesques (au sens paléolithique) des systèmes financio-répréssifs.
J’ai beaucoup d’espoirs dans cette génération nouvelle, que j’observe partout dans notre monde, inventer sereinement notre futur.

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