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23 millions de comptes Twitter seraient en fait alimentés par des robots
23 millions de comptes Twitter seraient en fait alimentés par des robots
©Reuters

Comptes-robots

23 millions de comptes Twitter seraient en fait alimentés par des robots. Les développeurs d'applications se sont en effet emparés du réseau social et ont permis aux médias, entreprises et spammeurs de publier automatiquement du contenu.

Erwan le Nagard

Erwan le Nagard

Erwan le Nagard est spécialiste des réseaux sociaux. Il est l'auteur du livre "Twitter" publié aux éditions Pearson et, Social Media Marketer. Il intervient au CELSA pour initier les étudiants aux médias numériques et à leur utilisation.

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Atlantico : Twitter a révélé combien de ses comptes étaient en fait alimentés par des robots. Sur 271 millions d'utilisateurs actifs mensuels, les comptes robots s'élèveraient à 23 millions. Quelle est l'utilité de ces comptes ? Y a-t-il une typologie de profil y ayant particulièrement recours ? Quelles conséquences leur existence a-t-elle ?

Erwan Le Nagard : Depuis son entrée en Bourse, Twitter est tenu de communiquer régulièrement les chiffres de son activité. L’un des plus observés est, bien évidemment, le nombre d’utilisateurs actifs. Environ 8,5% de ces comptes actifs sont mis à jour automatiquement, a affirmé Twitter. En effet, le réseau social est aussi une plateforme ouverte aux développeurs d’applications (API). Ces derniers vont pouvoir créer des services utilisant les fonctionnalités de Twitter, dont la mise en ligne de tweets. Il faut distinguer différents cas d’usages : certains comptes sont des spammeurs, mais la plupart des comptes automatisent la publication de tweets pour des raisons justifiées. Par exemple, les médias ou les blogueurs vont poster automatiquement un tweet lorsqu’un nouvel article est publié sur leur site. Par exemple, la RATP signale automatiquement  l’état de son trafic aux usagers abonnés à son compte Twitter. Il existe aussi des services en ligne qui utilisent Twitter comme un substitut à l’envoi de SMS surtaxés. Par exemple, American Express propose à ses clients d’acheter des cartes cadeaux ou certains biens de consommation en envoyant un tweet ; Dwolla est un  service d’échange d’argent entre particuliers par l’intermédiaire d’un tweet. Bref, le terme « robot », s’il est communément utilisé, est un peu restrictif et cache une diversité d’usages…

De son côté, quel bénéfice Twitter peut-il en tirer ?

Twitter doit rassurer ses investisseurs de la bonne santé de son service. Le modèle d’affaires du réseau social est basé essentiellement sur la vente d’espaces publicitaires. Par conséquent, les annonceurs souhaitent s’assurer que leurs messages seront vus par des consommateurs, actifs sur le réseau et non pas par des comptes factices.

Twitter s’est construit autour d’une plateforme très ouverte pour les développeurs, leur permettant d’exprimer toute leur créativité. Des acteurs tiers sur le marché ont pu ainsi construire des services viables qui ont poussé à l’usage de Twitter. Par exemple, des applications pour gérer votre compte Twitter depuis votre mobile (Hootsuite, Seesmic, …) ou des services pour synchroniser l’ensemble de vos comptes de réseaux sociaux (IFTTT, …). Parfois, ces start-up ont même été rachetées, par la suite, par l’entreprise américaine (Tweetdeck, la start-up française Mesagraph, …). Twitter tire donc un bénéfice direct de l’ouverture de sa plateforme à des tiers : Twitter n’aurait jamais pu penser, financer et développer à lui seul l’ensemble des services qui ont été mis en ligne par d’autres…

Qu'est-ce que cette pratique révèle du fonctionnement des réseaux sociaux ? Pourrait-elle être remise en cause ?

Twitter, Facebook et la plupart des réseaux sociaux ont co-construit leurs services avec l’aide de leurs utilisateurs et de développeurs tiers. Mais, cela pose des questions stratégiques pour ces réseaux, une fois que leur business est devenu mature : ces sites ont besoin d’innover constamment, sans être dépossédé de la mine d’or d’informations et de contenus qu’ils ont acquis par l’activité de leurs utilisateurs. De plus en plus, Twitter ou Facebook restreignent l’accès à leurs APIs et en contrôlent l’usage. Cela leur permet de monétiser leurs services et de créer des partenariats plus forts avec les acteurs majeurs sur le marché.

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