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2023, sombre année pour l’énergie et l’industrie
©ARNAUD FINISTRE / AFP

Bilan 2023

Les années Covid, puis celles de la guerre en Ukraine, et maintenant le retour dans l’actualité au premier plan du Moyen-Orient, pouvaient faire espérer, enfin, en 2023, une prise de conscience générale en France de l’importance de l’existence d’un secteur productif fort avec un développement accéléré de sa compétitivité.

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent est ancien dirigeant de Elf Aquitaine et Gaz de France, et spécialiste des questions d'énergie. Il est président de la branche industrie du mouvement ETHIC.

 

Ingénieur à l'Institut polytechnique de Grenoble, puis directeur de cabinet du ministre de l'Industrie Pierre Dreyfus (1981-1982), il devient successivement PDG de Rhône-Poulenc (1982-1986), de Elf Aquitaine (1989-1993), de Gaz de France (1993-1996), puis de la SNCF avant de se reconvertir en consultant international spécialisé dans les questions d'énergie (1997-2003).

Dernière publication : Il ne faut pas se tromper, aux Editions Elytel.

Son nom est apparu dans l'affaire Elf en 2003. Il est l'auteur de La bataille de l'industrie aux éditions Jacques-Marie Laffont.

En 2017, il a publié Carnets de route d'un africain.

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En 2023 nous avons eu des mots, des discours , des revirements parfois , mais les actes ne sont pas au rendez-vous. Économie administrée en partie, avec une bureaucratie tentaculaire et des normes et règlements étouffants , la France a visiblement du mal à faire confiance à ses entreprises pour retrouver la prospérité et agir pour le bien commun . 

Il est vain d’égrener toutes les initiatives qui conduisent à ce triste constat , la cerise sur le gâteau ayant été le projet de permettre aux entreprises de vendre à perte dans le secteur de l’énergie sans occasionner une révolte populaire, celle d’un Parlement dépassé et celle d’une opinion publique anesthésiée . Imaginer en 2023 le cours d’économie donné par le Gouvernement de la République : la solution de vos problèmes va reposer sur les entreprises qui pourront vendre à perte ! Quelle meilleure illustration pour accélérer la réforme de l’école et y faire rentrer plus de mathématiques ! 

Si le pays veut vraiment se relever il faut résolument changer d’attitude à l’égard des entreprises et surtout de celles de la production d’énergie et de biens . Ce sont elles qui créent les richesses du pays, qui irriguent les territoires, qui maintiennent et développent l’activité et l’emploi, elles sont l’ossature du pays et leurs difficultés conduisent à celles du pays tout entier , à ses fractures comme à sa paupérisation. Plus les temps sont compliqués et plus il faut s’assurer de la santé du secteur productif . 

Dans un monde très ouvert cette priorité s’exprime par le souci de maintenir et développer la compétitivité de chacun , non en créant de multiples officines de « soutien » à l’activité , mais en créant les conditions générales stables de l’épanouissement des initiatives et des talents . En d’autres termes toutes les politiques de soutien, de priorités sectorielles ou philosophiques ne sont pas pertinentes en vue du but poursuivi, les chefs d’entreprises ne sont pas des mendiants quêtant des sourires et des bonnes grâces, ils souhaitent avant tout ne pas se retrouver empêchés d’agir par des textes, des contrôles ,des sanctions et des punitions sans répit .la politique des chèques divers suivie de coercition sans concertation préalable nous envoie vers le drame ou la désobéissance . Les textes imposés aux entreprises, grandes d’abord mais destinés à tous sur le RSE Responsabilité Sociétale  des Entreprises apporte un déni fondamental à la compréhension des élus au monde de l’entreprise et à son importance . Sur ce dernier point les sangsues et les parasites qui nous enserrent ne s’y sont pas trompés , ils ont  immédiatement envoyé aux entreprises leurs propositions de services : « les textes viennent d’être adoptés, ils sont incompréhensibles et vous n’y arriverez pas tout seuls, mais heureusement nous sommes là pour vous aider ! » 

Non , nos entreprises ne sont pas des vaches à lait pour tous les intermédiaires , fiscalité, droit du travail, environnement, recherche ….qui vont nourrir une foule de prédateurs en mettant en péril leur rentabilité , nos entreprises ont pour objectif de se développer en maintenant ,  et surtout en retrouvant, une compétitivité qu’elles ont partiellement perdu à cause des textes en vigueur et de ceux qui sont chargés, souvent sans égards, de les faire appliquer . 

En matière de coût de l’énergie, en matière de normes et règlements, en matière de droit du travail , en matière d’environnement nous sommes individuellement ou collectivement au bord de la rupture et l’on nous met à contribution sans arrêt . C’est bien joli de nous demander en temps rapide de répondre à des questionnaires sur la simplification ou sur la politique nucléaire , mais les réponses sont évidentes , nous sommes sous le poids d’une administration gigantesque qui ne sait plus comment gérer les injonctions contradictoires des textes votés à la va-vite sans études d’impact et nous produisons l’énergie électrique la moins chère et nous la payons à un prix supérieur à celle de nos concurrents européens . Le Gouvernement et les fonctionnaires savent cela , on le leur écrit , ils nous répondent rarement , et désormais c’est leur travail de nous faire retrouver rapidement notre liberté d’expression, notre liberté d’agir , notre liberté d’entreprise avec nos idées, nos visions, notre personnel sans contrôles permanents et excessifs et sans promesses perpétuelles de chèques et subventions pour essayer de mettre des rustines en constatant l’échec des politiques publiques . 

L’année 2023 a donc été celle du maintien d’une politique d’infantilisation des entreprises françaises et non de dialogue pour limiter la bureaucratie et leur permettre d’exercer dans un contexte clair leurs responsabilités , nous n’avons pas besoin dans l’économie de notre pays et dans la gestion de nos entreprises de plus d’Etat mais de moins d’Etat . Celui-ci a suffisamment à faire dans ses domaines régaliens pour diminuer d’urgence toute la fonction publique chargée de nous empêcher d’agir . 

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