2022, la présidentielle qui laissait tout le monde sur sa faim<!-- --> | Atlantico.fr
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Des parisiens regardent la télévision dans un bar diffusant les résultats du second tour de l'élection présidentielle française. Paris, le 24 avril 2022.
Des parisiens regardent la télévision dans un bar diffusant les résultats du second tour de l'élection présidentielle française. Paris, le 24 avril 2022.
©GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Ni joie, ni déception

De mémoire de présidentielle on n’avait jamais connu une soirée électorale de deuxième tour aussi sobre, voire aussi terne… Point de liesse, de manifestations de joie spontanées dans les rues, de concerts improvisés ...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Après l’annonce de la victoire d’Emmanuel Macron, pas de larmes ni de manifestations de désespoir dans le camp de Marine Le Pen… Pourtant, ce résultat de 2022 est historique, oui, his-to-rique : c’est en effet la première fois sous la 5e République qu’un président de la République est réélu hors période de cohabitation avec 58,54 % des voix, et que jamais l’extrême-droite n’avait réalisé pareil score dans notre pays puisque sa candidate, avec 41,46% des suffrages a nettement amélioré son score par rapport à 2017. Mais que va faire , ou pouvoir faire Emmanuel Macron de sa victoire ?  Dès 20H05, dans les entourages, chez les vainqueurs et chez les vaincus, on était passé à la suite, à commencer par les législatives des 12 et 19 juin : consolider la victoire avec une majorité parlementaire pour les premiers, imposer une cohabitation , là aussi historique pour les seconds. 

C’est un Emmanuel Macron peu loquace qui est apparu hier soir au Champ de Mars à Paris, entouré de sa famille et d’enfants. Il y avait des militants, de la musique, mais tout était programmé, parfaitement mis en scène dans le décor presque familier de ses rares meetings. Plus tôt, à l’Elysée, il avait eu le temps d’analyser ses résultats : les 58,54% de voix obtenues constituent une victoire en trompe l’œil. Il a obtenu près de deux millions de voix de moins qu’en 2017 où il avait totalisé plus de 66% des suffrages. Au Champ de Mars, lui qui aime prononcer d’interminables discours, a parlé à peine quinze minutes. … « Je ne suis plus le candidat d’un camp mais le président de tous » , a-t-il lancé, signifiant que la campagne est bien terminée .

 Pour lui, l’heure était  à la lucidité : « Je sais aussi que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite »,a-t-il déclaré , saluant ainsi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon,  Yannick Jadot , et Valérie Pécresse, Anne Hidalgo, qui se sont reportés sur lui et  déclarant que« ce vote m’oblige pour les années à venir ». Message reçu donc, Emmanuel Macron promet une « ère nouvelle » qui « ne sera pas la continuité du quinquennat qui s'achève mais l'invention collective d'une méthode refondée pour cinq années de mieux au service de notre pays, de notre jeunesse ». Il n’en dira pas plus, laissant les électeurs et les  commentateurs sur leur faim et  laissant à ses soutiens, apparemment guère mieux informés, le soin de mettre du contenu dans ce concept d’« ère nouvelle » évoqué une première fois par… Valéry Giscard d’Estaing en 1974. Avec plus ou moins de talent, ses porte-paroles autorisés, mais non informés ou tenus au secret,  dissertent sur les « consultations, la concertation, l’ouverture » que voudrait mettre en œuvre Jupiter au cours de ce nouveau mandat …

Dans l’immédiat c’est donc dans un délai très court qu’Emmanuel Macron est « obligé »…Il doit avoir quelques gestes forts pour faire élire une majorité à l’Assemblée Nationale. D’ailleurs il n’était pas 20H30 que Jean-Luc Mélenchon se présentait devant les caméras pour sonner le rappel de ses électeurs,  dont 40% ont apporté leur voix à Emmanuel Macron au 2e tour et leur demander de «  l’élire » premier Ministre en juin prochain…, autrement dit de d’envoyer à l’assemblée une majorité de députés de gauche, estampillés France Insoumise .Jean-Luc Mélenchon, fort des sept millions de voix obtenues le 10 avril , peut se réjouir d’ un sondage Opinionway pour Cnews et Europe 1, qui stipule que 63% des personnes interrogées souhaitent qu'Emmanuel Macron «ne dispose pas d'une majorité et soit contraint à une cohabitation», contre 35% qui veulent qu'il «dispose d'une majorité à l'Assemblée nationale et puisse mener sa politique» .

Battue, Marine Le Pen, a, elle, tenté de jouer à front renversé et a voulu voir dans sa défaite « une forme d’espérance » ; son résultat, ( - 41,46% des voix, deux millions de voix de plus qu’en 2017 ), est le meilleur obtenu par l’extrême droite en France. Il « constitue, pour nos dirigeants français comme pour les dirigeants européens, le témoignage d’une grande défiance du peuple français à leur égard qu’ils ne peuvent ignorer », a lancé la candidate qui ne veut rien lâcher et revendique la place de premier parti d’opposition pour le Rassemblement National. Elle aussi veut transformer l’essai mais elle sait d’expérience que le nombre de voix obtenues à la présidentielle ne se traduit pas par un nombre de députés équivalents à l’assemblée, à cause du système de majorité à deux tours. Dès le début de la soirée Eric Zemmour est venu se rappeler aux bons souvenirs des électeurs du « Bloc National » en faisant remarquer sans élégance que « c'est la huitième fois que la défaite frappe le nom de Le Pen» tout en en appelant à l’union des Droites … Chez Les Républicains on tente d’installer des digues pour résister à cette « union » ; pas sûr que le slogan «  les Républicains ne sont ni fongibles ni dans le macronisme ni dans le Lepénisme »résiste au prochain scrutin , avec une partie des élus (-emmenés par Nicolas Sarkozy),  prêts à rallier une coalition macroniste … 

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