2020, l’année où les banques centrales ont encore été les "sauveurs du monde"<!-- --> | Atlantico.fr
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Banque centrale européenne Christine Lagarde
Banque centrale européenne Christine Lagarde
©DANIEL ROLAND / AFP

Bilan de l'année 2020

A l'occasion de la fin de l'année, Atlantico a demandé à ses contributeurs les plus fidèles de dresser un bilan de cette année 2020. Michel Ruimy retrace l'impact de la pandémie de Covid-19 sur le plan économique et décrypte le rôle majeur des banques centrales face à la crise.

Michel Ruimy

Michel Ruimy

Michel Ruimy est professeur affilié à l’ESCP, où il enseigne les principes de l’économie monétaire et les caractéristiques fondamentales des marchés de capitaux.

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Voici le temps venu du bilan des faits marquants de l’année. Cet exercice traditionnel est, aujourd’hui, différent car 2020 a été marqué par une crise sanitaire. De choc sanitaire au départ, la pandémie est devenue, petit à petit, un choc multidimensionnel (économique, sociologique…).

Une crise qui confine, chez eux, plusieurs millions d’individus, aucun économiste n’aurait pu l’imaginer. Ses conséquences seront donc bien supérieures à celles des dernières crises. Une fois dépassée l’idée de sidération, il nous faut évaluer les conséquences de l’évènement en évitant notamment de tirer certains enseignements trop hâtifs, compte tenu de l’incertitude qui entoure cette crise.

Le premier est que l’« effet domino » a été illustré de manière éclatante, que ce soit de façon directe et/ou indirecte. L’absence d’employés, forcés de garder, chez eux, leurs enfants qui ne pouvaient être accueillis dans les établissements scolaires, a lourdement pesé sur le fonctionnement et la capacité de production des entreprises. On a constaté qu’en plus de son rôle éducatif essentiel, l’École a une fonction facilitatrice de création de richesse.

Le deuxième est la nécessité d’élargir le champ des productions et activités « stratégiques ». Depuis des décennies, les différents gouvernements, quels qu’ils soient, ont collectivement manqué de clairvoyance en comptant sur le marché mondial pour assurer la fourniture de masques et de tests en cas de crise sanitaire. Or, en de telles circonstances, le marché mondial s’est avéré rapidement saturé. Les moins précautionneux se sont retrouvés à la merci de pays producteurs, dont on « découvre » qu’ils sont plus ou moins bien intentionnés. On a constaté que la santé a, comme la Défense nationale, certaines caractéristiques des biens publics et il convient de garantir la production, au sein de la nation, de certains médicaments, équipements ou dispositifs sanitaires.

Le troisième est que les Etats, et en particulier l’Union européenne, ont expérimenté, avec la Covid-19, leur vulnérabilité pour sauver la santé de leur population. La crise sanitaire nous a poussé à nous reposer, de nouveau, la question du bénéfice de la libre circulation pour la collectivité des citoyens. La réponse, affirmative jusqu’à présent, était une évidence depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, les mesures de confinement nous ont enseigné que la réponse devait être plus mitigée.

Le quatrième est que les banques centrales ont confirmé leur rôle de « sauveur du monde ». Depuis plusieurs décennies, ces institutions apportent un soutien indispensable à l’économie. Elles étaient intervenues massivement après le 11 septembre 2001. Par la suite, elles ont placé sous perfusion le système financier mondial après la faillite de Lehman Brothers (2008). Aujourd’hui, elles sont, de nouveau, appelées à la rescousse pour assurer leur rôle de gardiennes de la sphère monétaire et financière alors que l’économie mondiale est menacée de syncope du fait de la crise sanitaire.

Ces conclusions ne sont pas, bien sûr, exhaustives. La crise du Covid-19, par son caractère planétaire et par ses diverses résonnances (sanitaire, économique…), apparaît, à première vue, comme une nouvelle rupture au sein de ce siècle qui a vingt ans. Cette crise a révélé les forces mais aussi certaines faiblesses structurelles des économies. Sans remettre en question l’ancien ordre, elle peut jouer un rôle d’accélérateur des tendances en cours. N’oublions pas, pour autant, que la rupture n’intervient que sur une maison fragile ou fragilisée. Il en fut ainsi, en 1789, en France, pays qui devait faire face à une crise financière et à des problèmes d’organisation récurrents. Il a alors suffi que Louis XVI demande l’avis des Français à travers les cahiers de doléances pour générer un climat révolutionnaire.

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