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#VALP : François Fillon, mission (mea culpa) impossible
©MARTIN BUREAU / AFP

Devoir de vérité

François Fillon, qui sera jugé en février dans l'affaire des emplois fictifs dont aurait bénéficié son épouse, était l'invité exceptionnel de l'émission de France 2 "Vous avez la parole". L'ancien candidat à l'élection présidentielle a tenu à s'expliquer devant les Français.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Un petit tour, et puis s'en va. François Fillon a pris la parole pour la première fois depuis sa défaite à la présidentielle de 2017 pour apporter sa vérité avant l'ouverture de son procès dans quelques semaines, en mêlant regrets, justifications, et explications. Un exercice d'autant plus compliqué que l'ancien Premier ministre affirme que cela sera sa seule expression publique...

Silencieux depuis trois ans,  reconverti avec succès dans le privé, François Fillon veut " laver son honneur", ainsi que celui de sa famille "qui a été déchiqueté", et donner sa version des faits, toujours avec cette retenue qui le caractérise, en exprimant des regrets (notamment d'avoir "entrainé sa famille dans sa famille dans une épreuve d'une violence inouïe"), reconnaissant des "erreurs" (-notamment celle d'avoir provoqué Nicolas Sarkozy), mais aussi en pointant la partialité de l'instruction, avant d'affronter son procès pour détournement de fonds publics , complicité et recel d'abus de biens sociaux dans quelques semaines. L'ancien Premier Ministre a choisi l'émission " Vous avez la Parole" sur France 2 pour s'expliquer. Elle offre le temps de parole nécessaire pour s'expliquer. L'ennui, avec ce genre de formule, c'est que cela ressemble au procès avant le prétoire. Les interviewers sont considérés comme des procureurs par les uns, et accusés de complaisance par ceux (- nombreux), qui ont déjà condamné le prévenu.

L'exercice était d'autant plus périlleux que François Fillon  a pris la parole après trois années de silence absolu. Il a fallu rafraîchir la mémoire des téléspectateurs. Rappelez vous . C'était en 2017, il y a trois ans, à la fin du "du Vieux Monde". François Fillon dont la campagne pour les primaires patinait, avait fait  un coup d'éclat fin aout 2016, avec la petite phrase polémique :" Imagine-t-on le Général de Gaulle mis en examen?", qui visait son adversaire Nicolas Sarkozy. Cette déclaration lui a-t-elle été fatale? Il appartiendra aux historiens de le dire. Fillon, lui, laisse planer le doute et se contente d'avancer  "qu'il avait été décidé de m'empêcher de gagner l'élection présidentielle", ouvrant la porte à toutes les spéculations .  

En tous cas, devenu le candidat de la droite républicaine à l'issue des primaires de l'automne 2016,   François Fillon a perdu une élection prétendument imperdable à cause de la polémique qui a émaillé sa campagne présidentielle autour d'emplois prétendument fictifs de son épouse Penelope comme assistante parlementaire. La révélation de costumes offerts par Robert Bourgi a encore envenimé le débat. Les tentatives pour trouver un " plan B", autrement dit un candidat de substitution (à l'époque, Alain Juppé, François Baroin), ayant tourné court, François Fillon a été battu au premier tour et la Droite ne s'est toujours pas relevée de cet échec. Ses relations avec Nicolas Sarkozy " appartiennent aujourd'hui " à la sphère privée", affirme-t-il. L'ancien président a  livré son jugement (- sans appel), dans son dernier livre " Passions". Il n'a pas jeté la rancune à la rivière.

Trois ans après, François Fillon pourra-t-il faire entendre sa vérité, à savoir que l'instruction a été entièrement menée à charge, que les juges n'ont jamais voulu examiner les preuves du travail de son épouse "sa première et plus importante collaboratrice" qui " a toujours refusé de se mettre en valeur". L'opinion sera-t-elle sensible à l'affirmation selon laquelle il a "été traité d'une manière injuste, qui n'était pas normale" avec "une procédure entièrement à charge", voir "d'exception" ?

François Fillon reconnait qu'il a "sûrement commis des erreurs", mais ne peut pas supporter qu'on pense que je suis malhonnête et que j'ai cherché à tromper les Français. Parce que c'est tout le contraire de ma vie et de mon engagement". Sera-t-il entendu ?  Sur le plan politique la page Fillon est bel et bien tournée. Reste la page judiciaire, la plus douloureuse pour un homme qui revendique quarante ans de vie politique sans faille... jusqu'à la campagne de 2017.

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