"Une histoire populaire du football" de Mickaël Correia : populaire et subversif, vive le foot <!-- --> | Atlantico.fr
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Mickaël Correia a publié "Une histoire populaire du football" aux éditions La Découverte.
Mickaël Correia a publié "Une histoire populaire du football" aux éditions La Découverte.
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Mickaël Correia a publié "Une histoire populaire du football" aux éditions La Découverte.

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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"Une histoire populaire du football" de Mickaël Correia

Editions la Découverte
Nombre de pages
512 pages, 14 €

Recommandation

Excellent

Thème

Le football comme vous ne le voyez jamais à la télévision ni dans l’Equipe. Le football dans toute la splendeur d’une histoire qui mêle sport, politique, économie et société. Ce livre raconte une autre histoire : celle  d’«en bas» : un sport qui, avant de de devenir un business effréné, fut un espace de divertissement et de subversion.

De l’Angleterre à la Palestine, de l’Allemagne au Mexique, du Brésil à l’Egypte, de la France à l’Afrique du Sud, c’est presque deux siècles qui défilent, au cours desquels les ouvriers, les femmes, les militants anticolonialistes, les jeunes des quartiers populaires et les protestataires du monde ont trouvé un terrain de résistance pour lutter contre toutes les oppressions.

Le livre raconte comment le football s’est développé depuis le Moyen-Âge. Il prend à contrepied les habituels clichés sur les supporters et les joueurs en mettant en lumière sa dimension populaire, voire subversive, dans un tour du monde des cinq continents où le foot est aujourd’hui roi.

Points forts

Il est toujours utile de revenir à l’origine des choses. Le livre met parfaitement en perspective la naissance du football parmi les ouvriers, contre l’opposition et le mépris des classes dominantes. Il raconte comment ce fut un moyen privilégié pour réunir une peuple, une communauté, une classe sociale, ou comment les femmes en furent longtemps – jusqu’à nos jours – privées car jugées incapables de le pratiquer correctement.

Le football est universel. L’auteur, grâce à une documentation exceptionnelle, remonte le cours du temps et des événements. Il porte un regard panoramique sur cette culture alternative, aux antipodes du foot business. Partout dans le monde – il n’y a pas de sport qui soit plus pratiqué – dans toutes les communautés, le football est à la fois une passion qui rassemble, mais peut aussi déchirer, ainsi qu’un vecteur de d’identification et d’unification.

Bien avant devenir trop souvent cette vitrine du mauvais goût et de comportements douteux, le football fut, et demeure encore, une passion commune qui rassemble et unit autour de causes partagées, de combats ambitieux, d’espoirs et de rêves impossibles qui finalement se réalisent. Le football a toujours été une poche de résistance libertaire contre les institutions qui cherchaient à utiliser sa popularité.  Une histoire populaire du football est un livre engagé, comme son auteur.

Points faibles

Le livre le dit dans son titre, c’est une histoire « populaire » du football. On pourrait même presque dire « subversive » tant l’auteur s’attache au pouvoir du football en tant que support et vecteur des grands mouvements contestataires. En revanche, la dimension festive, joyeuse, unissant précisément toutes les populations autour du football n’est pas abordée.

En choisissant de mettre de côté l’importance du résultat, de la performance collective et l’euphorie de la victoire, autant que de la douleur de la défaite, il limite un peu son propos. Le livre est toujours passionnant et se lit comme un roman mais manque parfois un peu de la joie inhérente à ce sport magnifique.

En deux mots ...

Si vous aimez le foot à la fois en tant que sport, mais aussi dans sa dimension sociologique, sociétale ou tout simplement historique, vous allez vous régaler. Ici pas de salaires exorbitants ni de de réseaux sociaux débiles, mais des professions de foi vertueuses, des actes qui engagent, des comportements éthiques et courageux.

Un extrait

« Dès 1931, les dirigeants juifs sont majoritaires au sein du conseil d’administration de l’instance footballistique palestinienne. L’hébreu est imposé comme langue officielle, les couleurs israéliennes sont incorporées au logo de la fédération et seul l’hymne britannique (God save the Queen) et celui du mouvement sioniste (Hatikvah) sont interprétés au début des rencontres officielles.  A partir de 1934, les clubs arabes n’avaient déjà plus leur mot à dire sur le fonctionnement de la fédération, alors que les Arabes constituaient plus des trois quarts de la population palestinienne ». (Page 199)

L'auteur

Mickaël Correia est journaliste, au Monde Diplomatique, Médiapart, la Revue dessinée, la Revue du Crieur. Il participe également à la fabrication collective du mensuel de critique sociale CQFD et de la revue Jef Klak.

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