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"Twittomélies" : comment la France catholique d'aujourd'hui s'adapte au Web et aux réseaux sociaux
©Reuters

Bonnes feuilles

La France compte environ 47 millions de baptisés catholiques, dont 10 millions de pratiquants occasionnels et 3 millions de pratiquants réguliers. Avec des chiffres pareils, il est impossible de faire croire que les catholiques sont invisibles en France. Tel est donc l’objet de ce livre : donner un visage au catholicisme français du XXIe siècle. Extrait de "La France catholique", de Jean Sévillia, publié aux éditions Michel Lafon (2/2).

Jean  Sévillia

Jean Sévillia

Jean Sévillia est rédacteur en chef adjoint au Figaro Magazine et membre du conseil scientifique du Figaro Histoire. Essayiste et historien, il a publié de nombreux succès de librairie, notamment Zita impératrice courage (Perrin, 1997), Le terrorisme intellectuel (Perrin, 2000), Historiquement correct (Perrin, 2003), Le Dernier empereur, Charles d’Autriche (Perrin, 2009).

 

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Dans les années 2000, peu après l’apparition d’Internet, la moindre association catholique s’est dotée d’un site. Au cours des années 2010, l’évolution s’est poursuivie : les catholiques, en tout cas les plus jeunes, ont investi les réseaux sociaux. Ils s’y sont mis avec d’autant plus d’ardeur que les médias traditionnels accordent peu d’attention à l’église, quand ils ne caricaturent pas son message ou ne censurent pas sa voix. Sites, blogs, Facebook, Twitter, tout est donc bon, aujourd’hui, pour faire résonner une parole catholique.

La blogosphère est un univers en perpétuel mouvement : en dresser l’annuaire est hasardeux, car il risque d’être rapidement obsolète. Parmi les blogs qui s’inscrivent dans la durée, citons Koztoujours, rédigé par l’avocat d’affaires Erwan Le Morhedec, également actif sur Twitter ; le blog de Patrice de Plunkett, axé sur les questions écologiques et l’antilibéralisme ; Edmond Prochain, créé par le journaliste de La Vie Aymeric Christensen, par ailleurs coauteur du catéchisme humoristique Le Cathologue ; le Salon beige, marqué politiquement à droite, mais dont le dynamisme, lors de la campagne contre le mariage homosexuel, lui a valu une fréquentation record (entre 120 000 et 150 000 visites quotidiennes en avril 2013) ; le Padreblog, animé par trois jeunes prêtres et destiné à la formation des lycéens et des étudiants ; le Cybercuré, pseudonyme collectif d’une demi-douzaine de prêtres qui répondent aux questions des « gens qui sont au seuil de la communauté chrétienne » sur le baptême, le mariage, les obsèques, le catéchisme, le sens de telle fête religieuse...

>>>>>>>>>>>>> A lire également : La France catholique d'aujourd'hui : des pratiquants plus citadins qu'autrefois

Régulièrement invité à la télévision, l’abbé Pierre-Hervé Grosjean, du diocèse de Versailles, défend avec vigueur les positions de l’église. Mais il sait par ailleurs que, pour toucher les jeunes, les réseaux sociaux et Internet sont des relais indispensables. Co-animateur du Padreblog, l’abbé Grosjean possède donc un profil Facebook et un compte Twitter qui affiche 25 000 abonnés. Les nouveaux médias, affirme ce communicant, « permettent de parler à ceux qui ne viennent pas dans nos églises, de s’adresser aux “périphéries” comme dit le pape François, d’éclairer les consciences28. »

En avril 2015, la RATP prétendit supprimer d’une affiche publicitaire en faveur d’un concert des Prêtres la mention selon laquelle le spectacle était organisé « au profit des chrétiens d’Orient ». En quelques heures, la mobilisation des réseaux sociaux alerta le pays, poussant toute la classe politique, de droite ou de gauche, à condamner la décision de la régie du métro parisien, et forçant celle-ci à rétablir la mention censurée. Une victoire symbolique. Analysant l’épisode, Jean-Marie Guénois, le chroniqueur religieux du Figaro, observait qu’une « nouvelle géographie catholique s’installe dont les points de repère ne sont plus les clochers ou les cathédrales mais le nombre d’abonnés Twitter de tel ou tel curé qui mesure l’ampleur de son réseau. L’abbé Grosjean est en passe de devenir l’une des icônes médiatiques de l’église parce qu’il est capable en quelques clics de mobiliser des dizaines de milliers de jeunes cathos ou autres pour réagir 29. »

Ayant également intégré les impératifs de l’image dans une société de communication, la génération catho 2.0 sait mettre en avant des visages qui s’impriment dans les esprits, que ce soit celui d’un acteur pourvu d’« une gueule », comme Michael Lonsdale, comédien qui ne dissimule pas sa foi chrétienne, ou celui d’une jolie jeune femme comme Julie Graziani, porte-parole des pro-vie.

En 2011, Mgr Hervé Giraud, à l’époque évêque de Soissons, aujourd’hui archevêque de Sens, a été le premier évêque français à ouvrir un compte Twitter. Depuis, il envoie chaque soir une phrase de l’écriture accompagnée d’un commentaire : une homélie en 140 signes. 7 000 personnes sont abonnées à ces « twittomélies ».

  1. 1) Huffington Post, 14 septembre 2014.
  2. 2 ) Le Figaro, 8 avril 2015.
  3. Extrait de "La France catholique", de Jean Sévillia, publié aux éditions Michel Lafon, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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