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"Toi, tu es le Roi-Soleil, tu peux tout faire !": le président français, ce monarque qui "fascine" les autres puissances européennes
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Bonnes feuilles

Le fait du prince est au coeur de l’histoire du pouvoir depuis la nuit des temps. Du général de Gaulle à Emmanuel Macron, les huit présidents de la Ve République ont tous très souvent agi en n’obéissant qu’à leurs humeurs, leurs passions publiques et privées, voire leurs fantasmes. Extrait de "Le fait du prince, petits et grands caprices des présidents de la Ve République" de Béatrice Houchard, aux éditions Calmann Levy (1/2).

Béatrice Houchard

Béatrice Houchard

Journaliste à L’Opinion, Béatrice Houchard a couvert six campagnes présidentielles pour La Nouvelle République du Centre-Ouest, La Vie, Le Parisien et Le Figaro. Elle est notamment l’auteur de "Faut-il arrêter le Tour de France ?", "À quoi servent les députés ?", "Chambre S 10" et "Le tour de France et la France du tour" (Calmann Lévy, 2019).

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"Toi, tu es le Roi-Soleil, tu peux tout faire !" lança un jour la chancelière allemande Angela Merkel a Nicolas Sarkozy. Vu des autres pays européens, le président de la République française est une sorte d’OVNI, qu’ils moquent et redoutent à la fois. Nommer, dissoudre, s’arroger les pleins pouvoirs, partir en guerre, ne rendre des comptes que quand il le décide… ≪ Même le roi de France n’avait pas ce pouvoir ! ≫ s’exclame Jean-Dominique Giuliani . Pour en avoir souvent parlé avec ses homologues des autres pays, il ajoute : ≪ Personne ne comprend cela en Europe. Les autres responsables politiques sont fascines par ce président qui est à la fois la reine d’Angleterre et le Premier ministre. ≫

Jean-Dominique Giuliani remarque même que les institutions de la Ve République sont exorbitantes au regard du droit commun européen : ≪ Si l’on devait soumettre l’article 16 1 [sur les pleins pouvoirs] a la moulinette de l’élargissement de l’Union européenne, ca ne passerait peut-être pas. ≫ Et la France, c’est un comble, resterait aux portes de l’Union européenne, alors qu’elle en est l’un des pays fondateurs !

Tout seul, le Président peut nommer son Premier ministre, dissoudre l’Assemblée nationale, organiser un referendum et utiliser le fameux article 16. Tout le reste est certes soumis a contreseing, même le droit de grâce, mais la pratique monarchique lui a permis depuis longtemps de faire le plus souvent du contreseing une simple formalité administrative.

La dissolution de l’Assemblée nationale ne peut se décider, aux termes de l’article 12 de la Constitution, qu'après consultation du Premier ministre et des Présidents des Assemblées ≫. En 1997, Jacques Chirac reçoit tour à tour le président de l’Assemblée nationale, Philippe Seguin, et celui du Senat, Rene Monory.

Les deux lui donnent un avis défavorable. ≪ Pour dissoudre, il faut pouvoir expliquer la raison ≫, plaide René Monory. Quant a Philippe Seguin, acide, il raconte dans son livre de souvenirs, Itinéraire dans la France d’enbas, d’en haut et d’ailleurs 1 : ≪ Quand il me reçut pour me “consulter”, conformément à l’obligation que lui en faisait la Constitution, c’était bien la première fois qu’il daignait évoquer le sujet avec moi. Sans doute avait-il prévu, de longue date, ma réaction. Et moi-même, je ne fus qu’à moitie étonné de constater, d’emblée, que sa décision était déjà prise et qu’elle était irréversible. ≫.

Extrait de "Le fait du prince, petits et grands caprices des présidents de la Ve République" de Béatrice Houchard, aux éditions Calmann Levy

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