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"Haro sur un prof" : porter plainte pour dénonciation calomnieuse contre un inspecteur d’académie peut coûter très cher
©Pixabay

Bonnes feuilles

Les profs ont toujours plus ou moins l'occasion de s'apercevoir qu'ils sont les pions insignifiants d'un système hiérarchique dont la finalité les dépasse.Il est question de pédagogisme, de conformisme académique et de toute puissance, de la part d'inspecteurs pouvant faire ou défaire une carrière à leur gré, capables de magnifier ou de dézinguer selon leur bon vouloir, des contenus ou des méthodes. tout cet univers est en réalité hautement politique, maçonnique et idéologique. Mais parfois des hommes dérapent, de ces chefaillons portant petit tablier dont il est impensable de sanctionner les pires errements. Et quand la machine s'emballe, quand on veut la peau d'un pion, la fin justifie les moyens et les laïcs emploient des méthodes forcément "pas très catholiques". Extrait de "Haro sur un prof", de Pierre Duriot, publié aux éditions Ed. Godefroy de Bouillon (1/2).

Pierre Duriot

Pierre Duriot

Pierre Duriot est enseignant du primaire. Il s’est intéressé à la posture des enfants face au métier d’élève, a travaillé à la fois sur la prévention de la difficulté scolaire à l’école maternelle et sur les questions d’éducation, directement avec les familles. Pierre Duriot est Porte parole national du parti gaulliste : Rassemblement du Peuple Français.

Il est l'auteur de Ne portez pas son cartable (L'Harmattan, 2012) et de Comment l’éducation change la société (L’harmattan, 2013). Il a publié en septembre Haro sur un prof, du côté obscur de l'éducation (Godefroy de Bouillon, 2015).

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Mes contes paraissent également, on est au printemps, mon histoire avec le flic va avoir un an, il a dû avoir ses résultats et ne m’a pas convoqué de nouveau. C’est négatif, à n’en point douter. Je suis passé au commissariat, j’ai dû donner mes empreintes, tout ça à cause d’un abruti qui prend ses délires paranoïaques pour des réalités. C’est effectivement négatif, le flic a reçu la confirmation que mes empreintes ne sont pas sur les courriers mais je ne le sais pas et il ne dira rien. Le policier a bouclé et classé son enquête en juin dernier, trois mois après m’avoir interrogé, faute de résultat. Ses recherches ont été vaines. J’écris donc ma plainte au procureur de la République, pour dénonciation calomnieuse, contre cet inspecteur d’académie adjoint. Je n’aurais pas dû.

Dans cette société, face aux notables, il faut la fermer, surtout quand ils appartiennent à des réseaux discret . Ma petite amie est plus sage que moi et me le fait remarquer: “Tu t’attaques à de gros bras… On ne peut pas toujours fermer sa gueule! Non c’est vrai, mais tu prends des risques”. Elle a raison. Normalement, quand une plainte est déposée contre nous et qu’elle n’est pas recevable, ni instruite, on n’est même pas au courant. Sauf que là, le gros doit avoir été mis au courant car moins d’une semaine après je reçois un avis d’inspection. Cette simple coïncidence en dit long à elle seule sur la fiabilité du réseau maçonnique, mais je ne sais même pas si le procureur porte lui aussi le petit tablier. C’est un ancien flic, dont la montée en grade a été fulgurante, m’explique un ancien collègue du journal local. Anne-Sophie Gasgne et Gilles Dulac ne sont tout d’un coup plus mes copains.

>>>>>>>>>>> A lire également : "Haro sur un prof" : les petits arrangements des inspecteurs d'académie dans leur rapport

Ils débarquent tous les deux un 30 mai en roulant ostensiblement des mécaniques. Je travaille dans leurs deux circonscriptions et leur présence conjointe se justifierait donc. Dulac est dans un rôle inhabituel. Il joue les méchants compétents, alors qu’il est un bon à rien gentil. Anne-Sophie Gasgne est dans son rôle habituel, de purge qui n’a pas inventé l’eau chaude. Et les voilà qui me démontent le travail qu’ils encensaient voici encore quelques semaines. Je comprends vite les choses, ils sont en mission, elle du moins. Lui a l’air de suivre, en fait je n’en sais trop rien. Le rapport va arriver quelques semaines plus tard, juste avant la sortie des classes, le dernier jour en fait, histoire de me mettre une bonne ambiance de vacances. Il est bourré d’inexactitudes et commence par une grosse bourde.

Ces deux inspecteurs me font débuter ma carrière de rééducateur dans une circonscription où je n’ai jamais mis les pieds, comme par hasard, c’est l’ancienne circonscription de Briare, en plus d’être incompétent, il n’a pas de mémoire. Et les deux sbires n’ont pas été fichus d’ouvrir un dossier pour savoir exactement où j’avais commencé ma carrière : un genre de sommet de l’incompétence. Mon travail jusqu’ici exemplaire, montré en réunion, qui n’a pas changé depuis des années, marqué par deux rapports élogieux, va d’un coup devenir un catalogue de mesures personnelles, outrepassant les directives de ces messieurs dames et l’on me conseille de “rentrer dans le rang”. Je suis tout de même gratifié d’un demi-point, en cas de baisse de note, les syndicats pourraient s’en mêler. Ces trois cadres doivent s’imaginer que je brigue toujours leur statut et veulent mettre un coup d’arrêt à mes tentatives au concours avec un mauvais rapport. On est peu de chose dans ce mammouth et le fait d’être très bien noté ne met pas à l’abri de la vindicte d’un chefaillon. C’est malheureux à dire mais il fait mieux être totalement incompétent et obéissant que bon fonctionnaire mais en but à sa hiérarchie: l’excellence ne paie pas. Non seulement elle ne paie pas mais elle suscite la jalousie de gens qui se savent médiocres et en mauvaise santé. Anne-Sophie Gasgne est comme Briare, en triste état, elle trimballe sa pompe à insuline pour contrôler son diabète, limite ses efforts et des types comme moi, montés en permanence sur ressorts, ça l’agace.

Extrait de "Haro sur un prof", de Pierre Duriot, publié aux éditions Ed. Godefroy de Bouillon, 2015. Pour acheter ce livre cliquez ici.

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