Cette affaire qui pourrait n'être qu'anecdotique prouve au moins que Pierre Moscovici, commissaire européen a plus de pouvoir que le Pierre Moscovici qui était ministre de l'Economie à Paris.
Affaire anecdotique parce que ça devait bien arriver un jour, tout le monde en parlait. La Suisse, le Liechtenstein et la principauté d’Andorre y sont passés et ont abandonné le sacrosaint secret bancaire. Celui qui autorisait toutes les turpitudes financières et fiscales.
Monaco qui avait encore dissimulé quelques belles fortunes américaines, anglaises, russes ou mêmes originaires du Moyen-Orient, faisait de la résistance. Avec la complicité française parce que la France avait tout intérêt à protéger le statut fiscal de Monaco, et ne pas chercher à savoir d’où venait l'argent.
D'abord parce que les Français eux-mêmes ne pouvaient pas en profiter. Donc la morale franco-française était sauve. Un Français ne pouvait pas cacher son argent à Monaco. Quant à l'argent des autres qui, pour plein de raisons venait se cacher à Monaco, il entrait dans la zone euro et de plus était consolidé dans la balance des paiements française. C’était tout bénéfice.
Les ministres français n'ont donc jamais fait beaucoup d'efforts pour normaliser la situation du Rocher.
Ce que Pierre Moscovici n'avait pas entrepris quand il était à Bercy, il vient de l'obtenir au nom des Européens de Bruxelles. En fait, Bruxelles, fidèle à ses pratiques, a réalisé ce que les pays membres n'osaient pas faire. Ce n’est pas la première fois. Mais passons !
Monaco va désormais se rapprocher dans ses pratiques financières, des grandes démocraties européennes en acceptant de signer l'accord d’échange automatique d'informations fiscales. En clair, les banques installées à Monaco ne pourront plus se prévaloir du secret pour refuser de donner des informations aux pays qui voudront en savoir plus sur la situation de certains de leurs ressortissants.
En fait, Monaco s’est résolu à suivre le chemin emprunté par les autres paradis fiscaux européens à commencer par la Suisse. Pour des raisons d'image et surtout sous l'amicale pression de Bruxelles.
Alors les choses ne vont pas devenir transparentes du jour au lendemain. Monaco a obtenu comme la Suisse un délai de deux ans avant de s’aligner sur la réglementation. Deux ans pour permettre aux exilés fiscaux pour choisir leur destin. Soit ils trouvent un accord avec l'administration fiscale française qui leur permettra de blanchir cet argent à un prix acceptable. Soit ils se mettent à chercher un nouvel exil fiscal dans le monde. Il en reste mais il faudra aller plus loin, en Asie ou dans les Caraïbes.
Du côté de Bercy on espère récupérer un bon milliard d’euros par an sur deux ans en provenance d’exilés repentis qui souhaiteraient rester sous le soleil du Midi. Le Rocher sera fiscalement moins clément, mais il restera avantageux. Les Russes et les émirs qui voudront mettre de l'argent à Monaco seront aussi visibles que s’ils avaient choisi une agence de la BNP à Paris, mais moins imposés. Les fraudeurs eux n'auront aucun intérêt à rester.
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