Atlantico : La Fed a fait part mercredi 27 janvier de ses inquiétudes concernant les troubles financiers actuels et le ralentissement de la croissance mondiale. De son côté, Mario Draghi (Président de la BCE) s’est également dit prêt à réagir à cette situation. Ces inquiétudes sont-elles fondées ? Sur quoi reposent-elles ?
Philippe Waechter : La réponse est évidemment oui. Qui, aujourd'hui, ne s'inquiète pas de la croissance lente de l'économie globale, de l'absence de locomotive de croissance et d'une dynamique de l'emploi insuffisante ?
L'inflation est trop faible et les tensions inexistantes. Les pays émergents, soutien de la croissance depuis 10 ans, sont en grandes difficultés notamment pour certains par la baisse du prix des matières premières.
Qui peut se satisfaire d'une situation de ce type ? Personne et surtout pas les banquiers centraux. Ils ont mis en place des stratégies très accommodantes faites de taux d'intérêt très bas dans la durée et d'apports massifs de liquidité. Pourtant l'effet sur l'expansion reste limité. L'inquiétude des banquiers centraux est que les marges supplémentaires sont très réduites. Est-il possible d'imaginer aller encore beaucoup plus loin en zone Euro ? La BCE a promis de revoir sa stratégie lors de sa réunion de mars mais que peut-elle faire en plus? Les achats de dettes publiques en 2016 dans le cadre du programme de quantitative easing seront plus importants en taille que les émissions des Etats. Faut-il acheter 80 milliards par mois et quels actifs choisir en plus?
La limite de la politique monétaire n'est pas très éloignée. Mario Draghi indique, d'ailleurs, qu'il faudrait, à côté de son action, une politique budgétaire plus active et plus volontariste car il n'y arrivera pas tout seul. Si les autorités gouvernementales en Europe ne prennent pas le relais alors la croissance sera durablement faible et la politique monétaire ne sera plus l'instrument efficace qu'elle était.
Aux USA, Janet Yellen est inquiète du désordre global. Elle avait commencé, en décembre, à remonter son taux de référence. L'environnement international chahuté pourrait la contraindre à ne pas aller plus loin au risque de fragiliser sa crédibilité.
En outre, les banquiers centraux comme les économistes s'interrogent sur la capacité de l'économie mondiale à retrouver une allure robuste. Le clan des optimistes, ceux qui soutiennent la nécessité d'une série de remontées des taux américains, considèrent que l'économie a les capacités de retrouver une situation de croissance et d'inflation comme par le passé. On le souhaite tous mais le risque de prolonger l'état actuel est loin d'être nul et cela inquiète nécessairement les banquiers centraux. Remonter les taux d'intérêt serait alors stupide car le risque est asymétrique. Il est préférable d'agir un peu trop tard pour corriger des excès que d'intervenir trop tôt car alors c'est la croissance et l'emploi qui plongent.
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