Atlantico : Matthew Walker, chercheur à l'Université de Berkeley en Californie a publié un ouvrage Why We Sleep dans lequel il montre quelles sont les conséquences d'un manque de sommeil pour la santé. Le manque de sommeil est relié à la maladie d'Alzheimer, le diabète, les cancers, les troubles mentaux entre autre choses. Quelles sont les conséquences que nous connaissons du manque de sommeil ? Pourquoi devrions-nous faire l'effort de respecter les huit heures de sommeil par nuit ?
Sylvie Royant-Parola : Les conséquences d'un manque de sommeil sont bien connues.
La première, c'était le retentissement cardiovasculaire avec en premier chef, l'hypertension suivi par les maladies comme les infarctus ou les accidents vasculaires cérébraux. Ce sont des choses mises en évidence depuis les années 1980-1990 en médecine du travail d'abord. La recherche a avancé et les liens entre manque de sommeil et métabolisme ont été mis au jour ensuite. Quand on ne dort pas suffisamment, on se met en situation ou des hormones qui interviennent dans la régulation du poids sont modifiées, en particulier, la leptine et la gréline et par voie de conséquence, l'insuline. Cette dernière hormone ne va pas fonctionner correctement et fera en sorte que l'appétit augmentera et l'élimination des aliments sera diminuée. La prise de poids n'en n'est alors que facilitée. Il y a aussi un lien tout à fait net avec risques de diabète. Quand on se met dans une privation de sommeil, qui va de pair avec un sommeil irrégulier, le pancréas a plus de mal à programmer les choses et le diabète induit peut apparaître.
La privation de sommeil entraine également des conséquences dans la régulation immunitaire. Quelqu'un qui se trouve en déficit de sommeil subira des modifications au niveau des lymphocytes et des autres cellules qui interviennent dans l'immuno-régulation. L'organisme sera plus sensible a des infections et à certains types de cancers comme les cancers hormono-dépendants, à savoir, le cancer du sein et le cancer de la prostate qui seront plus fréquent chez les personnes en privation de sommeil. Nous avons des données solides par rapport à ce problème de santé. En ce qui concerne les maladies neuro-dégénératives, pendant les périodes de sommeil, le cerveau a une activité très différente que pendant la phase d'éveil. Certaines zones cérébrales fonctionnent et d'autres sont en phase d'hypoactivité. Il y a un phénomène de lavage neuronal dans ces zones-là. Les toxines qui s'accumulent sur les neurones sont éliminées. C'est leur accumulation qui pourrait entraîner les maladies neuro-dégénératives comme Alzheimer. Le sommeil nettoie les neurones. Enfin, on peut ajouter qu'un sommeil trop réduit, voire trop fractionné, s'il est répété va plus facilement faire le lit des dépressions. Un manque de sommeil va jouer sur tous les tableaux du fonctionnement humain, tant physiquement que psychiquement.
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