En 1981, la gauche avait mené une croisade historique contre la peine de mort. Dans une conjecture différente, François Hollande veut coûte que coûte sa mesure phare arrachée au forceps aux forces des ténèbres. Ce sera donc le "mariage pour tous". Loin de faire reculer le gouvernement, la "manif pour tous" du 13 janvier restera pour les siècles des siècles, la preuve de son courage à faire voter cette loi historique avant laquelle les homosexuels furent de véritables parias. Le débat n'a porté que sur les valeurs – le bien et le mal – et a passé à la trappe les questions de l'utile ou du nuisible, du juste et de l'injuste.
Les deux partis se lancent des mots d'oiseaux, et les militants gays n'ont plus qu'un argument : "ceux qui ne sont pas pour nous sont homophobes", tandis que les opposants les plus farouches ne jurent que par des anathèmes du style : "ils veulent détruire la famille". Ce concours d'invectives n'occulte-t-il pas le cœur du débat ? La question n'aurait pas dû être d'ajouter le"mariage gay" au pacs, mais de trouver la solution la plus utile et juste pour accompagner ceux qui souhaitent unir leur existence avec d'autres êtres, et la moins injuste et nuisible pour que ne soient pas lésés ceux qui persistent à vivre seuls. Le "mariage pour tous" est-il la meilleure solution ? Voici les principales questions qui à mon sens n'ont toujours pas trouvé de réponse.
Le "mariage pour tous" une fois voté, sera-ce la mort programmée du pacs ? Aucun espoir désormais d'obtenir une fiscalité égalitaire, la naturalisation d'un conjoint pacsé d'origine extracommunautaire, ou de se marier religieusement avec un simple pacs. Le mariage était en passe de tomber en désuétude, et à cause de quelques militants gays, nous allons sans doute connaître cette disqualification d'un contrat pourtant plébiscité par les hétéros. N'eût-il pas été plus équitable de fusionner les deux statuts, plutôt que d'entériner une différence discriminatoire au profit du mariage ? Le divorce, cette immondice, va prospérer, alors que si l'on avait choisi la voie de l'amélioration du pacs, une lettre recommandée suffirait.
Le "mariage pour tous" renforcera-t-il le matraquage des célibataires par le FISC ? Cette catégorie de citoyens devra supporter le surcoût des déductions fiscales octroyées aux nouveaux couples homosexuels mariés. La part du logement dans le budget des ménages ne cesse d'augmenter ; il devient de plus en plus difficile à un célibataire de se loger et de survivre seul, et voilà qu'on accorde à des couples partageant le même appartement, et mutualisant les dépenses quotidiennes, toujours et encore plus d'avantages fiscaux – et sociaux –, même s'ils n'ont pas d'enfants ! De quelle "égalité" est-il question ?
Le mariage monogame est "biphobe". En écrivant cela dans un essai paru en avril 2012, je visais particulièrement les associations prétendument "LGBT", qui réclament au nom des bisexuels (le B du sigle LGBT) un "mariage pour tous" excluant de fait un certain nombre de bisexuels. Quelques internautes anonymes ont ressorti le bon vieil argument selon lequel les bisexuels seraient amoureux soit d'une femme, soit d'un homme, toujours en alternance. L'existence d'un seul bisexuel simultané invalide cet argument. Cela ressemble à ce slogan imparable entendu en marge de la "manif pour tous" : "le mariage n'est pas interdit aux homosexuels : ils peuvent se marier, avec une personne du sexe opposé" ! Ce "mariage" n'est donc pas vraiment "pour tous", puisqu'il ne s'adresse qu'aux monogames.
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