Atlantico : Dans quel contexte ce sondage a-t-il été réalisé ?
Jérôme Fourquet : Le sondage a été réalisé à la mi-juillet, c’est-à-dire quelques jours après l'annonce par le gouvernement du démantèlement d'une cellule terroristes qui souhaitait attaquer une base militaire, et quelques semaines après l'attentat dans l'Isère où un employeur avait été décapité, et où l'individu avait signé son forfait au nom de l'état islamique. Ces événements ont une nouvelle fois mis en lumière le terrorisme d'origine islamique. Dans ce cadre-là, Ifop pour Atlantico a mesuré à travers deux questions où en était le rapport de l'opinion française par rapport à la population musulmane, quelle était l'évolution, notamment par rapport aux attentats du mois de janvier 2015 où il avait été demandé de ne pas effectuer d'amalgame entre le fanatisme idéologique et une pratique paisible et intégrée de l'islam sur notre sol.
Quels enseignements peut-on en tirer ?
Jérôme Fourquet : Sur la question de la menace sécuritaire et identitaire, on voit que près d'un Français sur deux (44%) pense que la présence d'une communauté musulmane constitue une menace pour l'identité du pays, c'est-à-dire très comparable à ce que nous avions enregistré en 2010. Le nombre de Français considérant que leur présence constitue un facteur d'enrichissement culturel est redescendu à 19%, c’est-à-dire celle que l'on n'observait avant les événements de janvier. On avait pu voir une augmentation sur cette idée dans une séquence post-attentats marquée par un moment d'unité nationale. 6 mois après, on revient au statu quo ante.
Observe-t-on une différence en fonction des sensibilités politiques ?
Jérôme Fourquet : Quand on rentre dans le détail des résultats, on s'aperçoit que le regard que l'on peut porter sur la présence d'une communauté musulmane en France est très lié à la sensibilité politique. Plus on est marqué à droite, plus on la voit comme une menace pour l'identité nationale. Chez les Républicains, ils sont 59% à le penser, les sympathisants FN montent à 90% : il n'y a donc pas la même intensité ni convergence entre les deux partis. Nous ne sommes plus sur une ligne à droite qui vanterait le multiculturalisme ou "l'identité heureuse" pour reprendre le livre célèbre d'Alain Juppé.
A gauche, les positions sont bien entendu beaucoup moins dures. Les sympathisants du FDG et du PS sont respectivement 42% et 44% à ne pas se positionner. Mais un tiers seulement considère que c'est un facteur d'enrichissement culturel. Fait notable, 25% au FDG et 23% au PS voient leur présence comme une menace pour notre identité. Parmi ceux-ci figurent ceux que l'on classe dans la gauche laïque, qui sans doute pour des raisons différentes des électeurs de droite perçoivent cette minorité comme une menace.
A ce clivage politique se superpose un clivage sociologique puisque 50% des ouvriers perçoivent la communauté musulmane.
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