Atlantico : Pour le troisième mois consécutif, la cote de popularité de François Hollande recule : 54% des interrogés du barmètre Ifop/JDD sont satisfaits (- 2 points par rapport à juillet), contre 45% de mécontents (+ 1 point). Elle se situe 15 points au-dessous de celle de Nicolas Sarkozy en août 2007. D’autres présidents ont-ils déjà connu une telle détérioration ?
Jérôme Fourquet : François Hollande a connu une baisse de 5 points de sa popularité par rapport au mois de juin. Si on compare sa cote de popularité et ses évolutions entre juin et août à celles des autres présidents de la Ve République, on constate que Nicolas Sarkozy avait progressé de 4 points pendant la période estivale, mais que la règle n’est pas à une hausse de la popularité ni à l’état de grâce.
Jacques Chirac, en 1995, avait chuté de 15 points sur la période, et François Mitterrand, en 1981, avait chuté de 6 points entre juin et septembre (les mesures n’étaient pas disponibles pour le mois d’août).
Comment expliquer une baisse dans les sondages si rapide en tout début de mandat ?
La situation de François Hollande est tout à fait différente de celle de son prédécesseur, tant en terme de niveau (15 points en-dessous de Sarkozy à la même époque) qu’en terme d’évolution (une baisse, quand Sarkozy avait progressé).
Un premier élément majeur qui explique cette différence est le style et le rythme des annonces des mesures gouvernementales. Si François Hollande en a certes annoncé un certain nombre, les annonces étaient beaucoup plus soutenues du temps de Nicolas Sarkozy.
Deuxième différence : ce rythme très actif de Sarkozy à ses débuts faisait suite à une campagne qui avait profondément mobilisé les Français, qui avait fait naître un grand nombre d’attentes. Sarkozy avait été porté par cette vague pendant tout l’été.
Le contexte est aujourd’hui très différent, avec un François Hollande qui, lui, a été élu sans bénéficier d’un état de grâce, sur un programme beaucoup moins finaliste et beaucoup moins ambitieux : il n’a eu de cesse de répéter, pendant la campagne, qu’il ne promettrait que ce qu’il pourrait tenir, ni plus ni moins. Cette volonté se traduit aujourd’hui par un début de séquence marqué par une cote de popularité qui part de moins haut et qui commence déjà à décliner.
Troisième élément, le poids du contexte économique. Le contexte est aujourd’hui beaucoup plus dégradé qu’en 2007 et François Hollande le paie. En parallèle à son entrée en fonction, de multiples plans sociaux ont été annoncés et ont marqué les esprits, notamment celui de PSA. Les Français sont profondément inquiets quant à la situation du chômage. La crise de la zone euro n’est toujours par réglée, les déficits budgétaires restent colossaux. Les marges de manœuvre gouvernementales sont, de ce fait, très limitées – voyez par exemple ce qui va se faire pour les prix du carburant. Tout cela crée un contexte déprimant et anxiogène, auquel Nicolas Sarkozy n’avait pas été confronté.
Ce qui est intéressant, c’est la suite du film : si Sarkozy était resté très haut tout l’été, il avait connu ensuite une dégringolade spectaculaire, sans précédent sous la Ve République, de l’automne 2007 jusqu’à début 2008. L’absence de résultats, la dégradation de la conjoncture et les fautes personnelles en terme de comportement et en terme de communication avaient probablement entaché son image. Pour le moment, ce phénomène ne touche pas François Hollande.
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