Atlantico : Concentrée aujourd'hui au Brésil, l'épidémie de Zika est sur le point de s'étendre à tout le continent américain. La France d'Outre-Mer est aussi touchée. Quels sont les moyens existants pour contenir le virus Zika ?
Anna-Bella Failloux : Pour vaincre Zika, il faut soit tuer le moustique, soit le rendre incompétent à l'infection.
Pour tuer le moustique, la première stratégie consiste évidemment à utiliser des insecticides. Mais aujourd'hui ces populations de moustiques y sont devenues résistantes.
La méthode alternative va donc consister à essayer d'imaginer une stratégie de modification génétique du moustique de manière à ce qu'il ne puisse plus se reproduire dans la nature.
C'est la compagnie Oxytec qui a développé un moustique transgénique qui a besoin d'un antibiotique - la tétracycline – pour survivre. Lorsque les larves se développent en laboratoire, on les met en présence de cette tétracycline. De cette façon-là, le développement se déroule normalement. Mais dans la nature, le moustique ne survit pas sans cet antibiotique. Même si la femelle se reproduit avec un moustique sauvage, il y aura des descendants qui vont tous mourir sans tétracycline. Au final, on va donc se retrouver avec une quantité de moustiques qui va diminuer, ce qui va limiter les risques de piqûres et le risque d'infection à l'homme.
La deuxième stratégie consiste à rendre le moustique incompétent, - c'est-à-dire incapable de reconnaître le virus -, via des manipulations en laboratoire. Une fois lâchés dans la nature, ces moustiques vont se reproduire avec des moustiques de la nature, ce qui va donner naissance à des descendants qui sont incompétents, incapables de transmettre le virus.
Quel est précisément le processus de transmission du virus ?
Deux espèces de moustiques sont capables de transmettre le virus Zika : Aedes aegypti, qui est une espèce tropicale, et Aedes albopictus, qui, elle, est à la fois tropicale et tempérée.
Seuls les moustiques femelles piquent parce qu'elles ont besoin de sang pour pouvoir développer leurs œufs. C'est par ce biais-là qu'elles absorbent le virus qui est dans le sang des personnes qui sont malades. Le virus présent dans le sang, lorsqu'il se retrouve dans l'estomac du moustique, est digéré en général pour se multiplier dans tous les organes internes du moustique. Le virus va alors se retrouver au niveau des glandes salivaires. Lorsque la femelle moustique va piquer à nouveau, elle va cracher de la salive et expulser le virus en même temps. C'est comme cela que la transmission se fait.
L'épidémie à laquelle on assiste actuellement est très invasive. Qu'est-ce qui est fait concrètement pour limiter son extension ?
Il y a déjà toute la lutte anti-vectorielle, qui consiste à tuer le moustique avec des insecticides. Il s'agit d'une mesure d'urgence qui fait partie du cahier des charges de beaucoup de centres de démoustication. Pour faire face à la résistance développée par certaines populations de moustiques à ces produits, les doses sont considérablement augmentées.
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