L&#39;Allemagne n&#39;a même pas eu besoin d&#39;envahir. C&#39;est la conclusion un peu acide mais pas injustifiée qu&#39;on pourrait tirer de ce qui est arrivé au gouvernement cette semaine.Qu&#39;Arnaud Montebourg critique la politique d&#39;austérité budgétaire et monétaire imposée par Francfort et Berlin, et c&#39;est tout le gouvernement qui démissionne. Montebourg est immédiatement congédié comme un malpropre, et est remplacé par une caricature de jeune technocrate (nous y reviendrons).Evidemment, pour Arnaud Montebourg, le calcul politique est évident. Son passage à Bercy rajoute une ligne à son CV qui le rend présidentiable. Pour le meilleur et pour le pire, il a montré très clairement quelle serait sa &ldquo;ligne&rdquo; directrice comme président : un volontarisme économique corporatiste &ldquo;à l&#39;ancienne&rdquo;, avec l&#39;Etat comme chef d&#39;orchestre de grands groupes industriels. Le gouvernement est carbonisé, et Montebourg n&#39;a plus qu&#39;à perdre en y restant. En critiquant le gouvernement par la gauche, il s&#39;allie à la gauche de la gauche qui a toujours été son camp, et s&#39;ouvre le chemin le plus honoré vers l&#39;Elysée pour un socialiste, en commençant par prendre le PS par la gauche. En partant avec éclat, il est fidèle à son image, et celle d&#39;homme d&#39;Etat qu&#39;il veut se donner. Il se pose comme le recours du PS en cas de défaite cinglante en 2017 (surtout si François Hollande n&#39;est pas au second tour).Arnaud Montebourg a été un ministre spectaculairement incompétent, et sa compréhension de l&#39;économie est d&#39;une ignorance encyclopédique. De plus, les nombreuses péripéties qui jalonnent son parcours, ainsi que l&#39;idée très clairement exaltée qu&#39;il a de lui-même, mènent à s&#39;inquiéter sérieusement de sa capacité psychologique à exercer des responsabilités importantes. Ce serait un désastre s&#39;il devenait un jour président de la République.Cela dit, les crises ont cela de particulier que c&#39;est souvent les prophètes, ceux qui ont tort sur presque tout, qui ont aussi raison sur le problème le plus important de la crise, problème que les gens si raisonnables ne peuvent concevoir, puisque c&#39;est leur raisonnabilité qui a mené à la crise. Les Churchill et les de Gaulle étaient des fous jusqu&#39;à ce que les événements leur donnent raison. (Ce qui ne veut pas dire que tous ceux à qui les événements donnent raison sont un de Gaulle ou un Churchill...)Et Montebourg a raison sur le point essentiel de notre crise présente : l&#39;austérité budgétaire et monétaire imposée depuis l&#39;Allemagne. Et il est absolument estomaquant que la République française laisse sa politique imposer depuis l&#39;étranger. Et il est désastreux et désespérant qu&#39;une remise en question de cette doxa destructrice mène à la chute d&#39;un gouvernement.Ce qui nous amène donc au personnage d&#39;Emmanuel Macron, qui symbolise tout autant que Montebourg la maladie française. Montebourg, c&#39;est le socialisme à l&#39;ancienne, des grands groupes industriels dirigés depuis Bercy. Macron, c&#39;est le socialisme moderne, de Bercy dirigé depuis les grands groupes financiers. Les études brillantes, l&#39;ENA, l&#39;inspection des finances, Rothschild, puis l&#39;Elysée : c&#39;est ce moule de l&#39;élite française qui crée le corporatisme qui étouffe l&#39;économie française.La nomination de Macron, c&#39;est un signal de François Hollande de la ligne &ldquo;libérale&rdquo; ou &ldquo;social-libérale&rdquo; du gouvernement. Si seulement !Ceci oublie deux choses : premièrement, les &ldquo;réformes de structure&rdquo; dont on parle tant n&#39;apporteront aucun effet dans un contexte de marasme économique provoqué par un bridage de la demande par la politique budgétaire et monétaire ; deuxièmement, la politique du gouvernement n&#39;est qu&#39;un liberalisme de façade, qui n&#39;effectue aucune des réformes de profondeur dont le pays a besoin.L&#39;avenir est donc parfaitement prévisible : le président mènera sa politique &ldquo;libérale&rdquo;, qui ne changera rien au chômage et à la croissance ; et après, on nous dira &ldquo;Vous voyez, le libéralisme, on a essayé, ça n&#39;a pas marché.&rdquo;Et, toujours, rien ne changera.&nbsp;

Démission d'Arnaud Montebourg : la France déclare forfait face à l'Allemagne

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Depuis une semaine Arnaud Montebourg est partout. Depuis sa sortie à l&#39;encontre de la politique menée par le gouvernement et son éviction/démission de celui-ci, pas un jour ne se passe sans que l&#39;ancien ministre de l&#39;Economie ne fasse parler de lui. C&#39;était encore le cas ce jeudi puisqu&#39;il était au cœur d&#39;un reportage diffusé par France 2 dans l&#39;émission Envoyé Spécial. Enregistré il y a quelques semaines, lorsqu&#39;il avait encore des fonctions ministérielles, il s&#39;agit d&#39;un portrait d&#39;Arnaud Montebourg dans lequel l&#39;intéressé livre ses vérités.Ainsi, dans un train entre Paris et la Saône-et-Loire, il confie son ras-le-bol d&#39;être si peu écouté par le chef de l&#39;Etat. Candidat à la primaire du PS en 2011, il rappelle avoir &quot;fait 17%&quot; des voix au premier tour. Et d&#39;assurer, en référence à son soutien au second&nbsp;tour face à Martine Aubry, que &quot;sans moi, François Hollande ne serait pas là où il est aujourd&#39;hui&quot;. A un autre moment du reportage, l&#39;ancien ministre se montre particulièrement agacé : &quot;Je suis allé dans les cantons, j&#39;ai passé des soirées avec les gens pour leur expliquer dans quelle situation très difficile on était. C&#39;est ce que devrait faire Hollande avec la France, ce qu&#39;il ne fait pas assez. Je lui dis tout. Il ne m&#39;écoute pas mais ce n&#39;est pas grave, il fait ce qu&#39;il veut.&quot;<iframe frameborder="0" height="360" src="http://api.dmcloud.net/player/embed/4e7343f894a6f677b10006b4/53ff888d947399175084b26d/8e50aff79db34540b238f9b27d20efa3?exported=1" width="640"></iframe>Toujours dans ce reportage, &nbsp;Arnaud Montebourg dément être l&#39;auteur du surnom &quot;Flamby&quot; qui colle à la peau de François Hollande depuis des années : &quot;Ce sont Les Guignols qui ont inventé ça, ce n&#39;est pas moi. Cela a eu un certain succès&hellip; mais indépendamment de moi&quot;, répond-il. Ce surnom était-il &quot;bien vu&quot; ? A la question, Montebourg répond en riant aux éclats : &quot;No statement ! Pas de déclaration, merci !&quot;.Bonus : Arnaud Montebourg : &quot;Hollande ment tout le temps&quot;<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" scrolling="no" src="http://www.youtube.com/embed/rlIpS2F7mg4" width="560"></iframe>

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Quand Arnaud Montebourg s'amuse de "Flamby" et tacle François Hollande

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7-1Tous les mots ont été utilisés.La claque. La fessée. L&#39;humiliation.La déroute sportive du Brésil, écrasée par une autre équipe en coupe du monde, sur son terrain, a ses raisons sportives et aussi ses raisons psychologiques.Mais c&#39;est aussi un symbole frappant pour une nation dont l&#39;implication dans la coupe du monde a été controversée dès le départ.Jacques Attali a parfaitement résumé les enjeux : &ldquo;<a class="Colorbox" href="https://twitter.com/jattali/status/486610892076109825”&gt;sur Twitter" target="_blank">Je plains cette nation qui a gaspillé une fortune pour organiser le spectacle de son humiliation</a>.&rdquo;Le gouvernement du Brésil aura dépensé 14 milliards de dollars pour l&#39;organisation du tournoi, sans réelle logique économique.La logique était autre : politique. Le Brésil, malgré sa croissance forte, reste un pays relativement pauvre. Non seulement pauvre, mais avec de fortes inégalités sociales et des trappes à pauvreté très fortes, qu&#39;il s&#39;agisse de la pauvreté rurale ou des favelas. Et, depuis la crise mondiale, la croissance du Brésil a sérieusement ralenti.Les manifestants contre le gouvernement avaient raison sur un point : le Brésil a un fort besoin d&#39;améliorer ses infrastructures, qu&#39;il s&#39;agisse du logement ou d&#39;autres services sociaux, et il est vrai qu&#39;il semble intenable qu&#39;un gouvernement soit plus prêt à dépenser 14 milliards pour construire des stades plutôt que pour construire des hôpitaux.Le problème du Brésil est, à de nombreux points de vues, le problème de la France : une économie non seulement socialisée mais corporatiste, c&#39;est-à-dire une économie qui crée des &ldquo;insiders&rdquo; qui s&#39;enrichissent au dépit des &ldquo;outsiders,&rdquo; des gens comme le milliardaire brésilien Eike Batista ou nos Bouygues et autres, qui deviennent milliardaires au moins autant grâce à leurs liens avec l&#39;Etat que grâce à leur génie entrepreneurial. Cette situation fut améliorée par les réformes des années 1990, mais jamais jusqu&#39;au bout.Sous la présidence de Lula, dans les années 2000, qui n&#39;est pas revenu sur les réformes des années 1990, mais ne les a pas non plus approfondies, la hausse mondiale des prix des matières premières, beaucoup exportées par le Brésil et l&#39;engouement financier général pour les pays émergent, a été comme un vent arrière qui a propulsé l&#39;économie brésilienne et a renforcé la popularité personnelle de Lula et créé un sens général d&#39;éxubérance.Il est prudent de dire que cette éxubérance est partie.Alors, que faire ?Hé bien, ne pas faire ce qu&#39;a fait Dilma Rousseff, c&#39;est-à-dire dépenser une folle somme d&#39;argent pour construire des stades qui ne servent à rien, pour un événement dont aucune analyse coût-avantage ne peut prétendre qu&#39;il aura un bénéfice économique pour les brésiliens, dans l&#39;espoir qu&#39;une victoire brésilienne dans la coupe du monde à domicile sauve ses fortunes politiques.Vanité des vanités, tout n&#39;est que vanité : nos dirigeants politiques ont toujours l&#39;espoir secret et vain qu&#39;un quelconque grand projet génial créera leur popularité et règlera leurs problèmes au lieu de prendre les décisions difficiles et impopulaires. La providence, qui a souvent un grand sens de l&#39;humour, a montré à Mme Rousseff de la manière la plus cinglante la vanité de cette attitude.

Dilma Roussef, la providence et la parabole de la coupe du monde

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Dilma Rousseff, la providence et la parabole de la coupe du monde

"Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde”, a dit Charles de Gaulle à Londres, au moment où la France était au plus bas, où son étrange défaite avait donné l'Europe à l'ogre hitlérien. Aujourd'hui, l'enjeu de la crise économique mondiale est bien entendu beaucoup moins dramatique que la Seconde guerre mondiale, mais le silence français reste assourdissant.Que peut-on faire ?Trois événements cette semaine nous indiquent, de manière différente, le chemin à suivre.Le premier est la sortie de nouveaux chiffres économiques du Japon. Comme je l'ai expliqué dans deux chroniques précédentes, le Japon est entrain de&nbsp;<a href="http://www.atlantico.fr/rdv/nettoyeur/japon-est-en-train-sauver-monde-ou-detruire-economie-pascal-emmanuel-gobry-690075.html" target="_blank">lancer une expérience économique à grande échelle</a> qui&nbsp;<a href="http://www.atlantico.fr/rdv/nettoyeur/japon-est-en-train-sauver-economie-mondiale-en-tout-cas-ressemble-plus-en-plus-pascal-emmanuel-gobry-854235.html" target="_blank">peut offrir une porte de sortie à la crise</a>.Les premiers signes sont déjà encourageants et les derniers signes le sont encore plus. Les chiffres de production des services, sortis il y a deux jours, sont à leur niveau le plus élevé. Les chiffres de la vente au détail et de la production industrielle, sortis il y a six jours, sont également au vert. Bref, l'économie du Japon est dans une vraie relance. L'”Abenomics”, mélange de relance monétaire, fiscale et de réformes structurelles, s'affiche de plus en plus comme un succès, un succès qui peut être renouvelé aux Etats-Unis et en Europe.Et certains en Europe s'en rendent compte. A la surprise des observateurs, cette semaine la Banque centrale européenne a baissé un de ses taux directeurs. C'est trop peu trop tard : la zone euro reste bloquée dans une spirale de déflation et de chômage de masse. Mais on imagine que les résultats de l'Abenomics ont influencé Mario Draghi dans sa décision.Ce qui laisse le cas de la France. L'actu économique de la journée est la baisse de la “note” de la France par une agence de notation. C'est un non-événement :&nbsp;<a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/agences-notation-triple-maches-taux-interets-etats-pascal-emmanuel-gobry-271423.html" target="_blank">les notes des agences de notation n'ont absolument aucun intérêt ni aucune importance</a>.Mais cette actualité pose la question du leadership économique et politique de la France en Europe. <a href="http://www.atlantico.fr/rdv/nettoyeur/politique-fiction-et-crise-avait-fini-reveiller-grand-homme-qui-sommeille-en-francois-hollande-pascal-emmanuel-gobry-716049.html" target="_blank">La France a l'économie la plus médiocre de l'Europe</a>, alors qu'elle aurait pu faire une relance ambitieuse. Mais surtout, la France ne met pas en place de vision économique pour l'Europe.La seule voix qui offre une vision économique pour l'Europe est celle de l'Allemagne. Et la vision de l'Allemagne, c'est l'anti-Abenomics : l'austérité fiscale et monétaire comme sortie de la crise. Cette vision était peut être défendable il y a 3 ans, mais aujourd'hui les conséquences sont claires. La zone euro est la zone économique mondiale qui a eu la sortie de crise la plus médiocre ; au Japon, l'Abenomics marche.Mais les évolutions politiques ne se font pas par magie. Qui d'autre que la France peut porter une vision de relance économique alternative à celle de l'Allemagne ? Qui d'autre a à la fois l'histoire, la légitimité et le poids au sein de la zone euro ?Aujourd'hui, la France n'est pas grande. Et le monde entier en est plus pauvre.

Le Japon continue à sauver le monde

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Le Japon continue de sauver le monde, l'Europe commence à s'en rendre compte... et la France ?