L'abattage du girafon Marius, un scandale international<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Le girafon Marius.
Le girafon Marius.
©Reuters

Revue de blogs

L'euthanasie d'un girafon au Danemark continue à provoquer une énorme émotion sur les réseaux sociaux du monde entier.

Illustration Facebook accusant le zoo danois de l’élimination du girafon

Depuis dimanche, une dépêche AFP et des extraits d'articles se répètent à l'infini sur toutes les blogosphères et réseaux sociaux, du Maroc à l'Australie. Les groupes FB qui n'ont pas pu sauver Marius sont devenus le déversoir de la colère publique. La chronique glacée de l'exécution du girafon Marius dans un zoo danois, mais surtout les photos du dépeçage de l'animal devant un public composé d'enfants stupéfie et horrifie tous les internautes dans le monde entier.

Meghann a récapitulé sur son blog le déroulé d'un fait divers qui fait réagir partout, organisé pour des raisons de "bonne gestion" du stock animalier du zoo :

"Le zoo est tenu d'éviter la consanguinité entre girafes et la castration aurait été cruelle et aurait eu des effets indésirables. Impossible également de transférer l'animal dans un autre zoo pour des raisons génétiques, et le réintroduire en milieu naturel aurait été impossible car l'Afrique refuse d'accueillir plus de girafes. Dans le cadre de l’Association européenne des zoos et des aquariums (EAZA), il est en effet tenu d’éviter la consanguinité entre girafes. Pour des raisons génétiques, Marius n’a pas pu trouver refuge dans l’un des autres établissements du réseau de l’EAZA, qui en compte 300. (...) A force de nier l'animal, les responsables du zoo en sont devenus des psychopathes. La preuve, la réaction du directeur du zoo est éloquente : Nous abattons entre 20 et 30 animaux au zoo chaque année. Car la consanguinité est une bonne excuse ; Marius le girafon ne devait pas avoir les bons gènes. Le directeur scientifique du zoo a expliqué que le zoo gardait les animaux aux meilleurs gènes pour assurer une bonne reproductionCar pour ce zoo, ce n'est pas l'individu qui compte, mais l'espèce. Ou plutôt, la génétique au nom de la protection animale. L'eugénisme dans son horreur.Et le pire, c'est que les associations de défense des animaux trouvent visiblement ça normal."

Le zoo ne s'attendait pas à cette émotion et commente : "C'est toujours le droit des gens de protester. Mais bien sûr nous avons été étonnés".

Les photos librement disponibles de l'autopsie de l'animal effectuée devant des enfants, ainsi que la vidéo de l'abattage, ont fait scandale et deviennent un problème politique embarrassant pour les élus danois, accusés de ne pas interdire ces pratiques.

BgBdtcfCUAAwiDI.jpg-large.jpg

marius-a-ete-execute-avec-un-pistolet-d-abattage-en-debut-d.jpg

BgBaaqEIEAAu9zt.jpg

Les commentaires s'enchainent, tous sincères, tous semblables et tous ulcérés :

"Si c'est cela les zoos, alors oui, il faut les boycotter. Et dénoncer le programme EAZA s'il s'avère qu'il cautionne l'eugénisme."

"A rappeler que les îles Féroé, où se tient chaque année un grand massacre de dauphins, appartient au Danemark. Et que le Danemark organise aussi des chasses aux ours blancs. C'EST BEAU L'EUROPE !!"

Laurence sur Facebook rappelle que les euthanasies d'animaux surnuméraire ne sont pas rares et cite la campagneSAVE AURORA!. "Il s'agit à priori d'un acte courant dans les Zoo danois puisque la semaine dernière un lion a été dépecé devant le public."

Une autre militante a écrit aux députés danois, dont un lui a répondu : "Chère Marina, merci pour votre email. S'il vous plait, ne me contactez plus. Martin Henriksen, Membre du parlement".

Les blogs scientifiques et spécialisés donnent quelques explications sur un monde soudain projeté sous les projecteurs, celui très technique de la "conservation ex-situ". Le site du zoo de Lille a résumé les règles de base, désormais cadrées par des acronymes européens : "Chaque EEP a un coordinateur qui est un professionnel des zoos ou aquariums et qui porte un intérêt tout particulier pour l’espèce concernée. Ce coordinateur est assisté par une commission d'espèces. La tâche du coordinateur, responsable d’une espèce, est de recenser les individus de tous les zoos membres de l’EAZA, de créer un studbook, registre des origines de chaque animal. A partir des informations collectées, il réalise des analyses génétiques et démographiques afin de proposer un plan de gestion.En collaboration avec la commission d’espèces, le coordinateur établit chaque année des recommandations d’élevage : quels individus doivent se reproduire ou non, quels transferts d’animaux d’un zoo vers un autre doivent être effectués. (...) Le responsable du studbook, registre des origines de chaque animal, d’un ESB doit collecter les données de tous les zoos membres de l’EAZA concernant les individus de l’espèce concernée : naissances, décès, transferts,… Ces données sont compilées dans un logiciel informatique spécifique qui permet au responsable du studbook d’analyser l’état de la population".

La gestion informatisée de la conservation "ex-situ" des animaux sont entrées en collision avec l'émotion populaire au Danemark : la girafe n'est pas un animal rare, l'acte n'est pas en contravention avec les lois et conventions internationales. Mais c'est au Danemark aussi, rappellent de nombreux blogs, que se joue la protection d'un autre animal, l'ours polaire, dont il a autorisé la chasse sur ses territoires arctiques malgré les protestations, car cette espèce n'est pas considérée officiellement en danger. Le Danemark, dont on n'attendait pas de ses citoyens qu'ils puissent ignorer ou tolérer l'abattage d'animaux exotiques, est aussi sur la sellette pour la conservation des espèces sauvages. 

La coalition Ours Polaire, via le blogLesbrindherbess'indigne contre cette chasse très lucrative, les permis de chasse se moneyant, et le commerce officiel des produits de cette chasse, ( fourrure, ongles, dents ) se revendant extrêmement cher à certains amateurs de médecines parallèles et à la taxidermie. "Et pourtant l’ours blanc fait fondre les cœurs. Les gouvernements, les ONG (comme WWF), les grandes marques (comme Coca-Cola) l’exploitent comme emblème et martyr du réchauffement climatique pour augmenter honteusement leur notoriété ou leurs ventes, donnant tout son sens au greenwashing. Pourtant en pratique, quand il s’agit de venir dès maintenant à son secours, il y a un monde fou aux abonnés absents."

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !