Baisse des impôts, baisse des dépenses publiques : bienheureux ceux qui y croiront car le royaume du socialisme leur appartient<!-- --> | Atlantico.fr
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Pierre Moscovici, ministre de l'Économie et des Finances.
Pierre Moscovici, ministre de l'Économie et des Finances.
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

"On va essayer de se mettre en capacité dès 2015 de pouvoir avoir une première baisse d'impôts", a précisé l'Élysée. Essayer de se mettre en capacité ou se mettre en capacité d'essayer ? L'attente va être insupportable après une si mâle annonce.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - Cocorico ! Le théorème de Lincoln enfin démontré ... par un Français

Abraham Lincoln prononça un jour ces sages et fameuses paroles : "On peut tromper quelqu'un tout le temps, on peut tromper tout le monde une fois mais on ne peut tromper tout le monde tout le temps."

Démonstration : François Hollande a trompé tous les Français en mai 2012, il a trompé Valérie tout le temps mais il ne trompe plus personne depuis quelque temps.

2 - L'aumône présidentielle aux Français

Est-ce par pure habitude ? L'enfumage continue néanmoins de plus belle et le brouillard qui flotte sur l'Elysée atteint une épaisseur record. L'a-présidence de la République (en deux parties, vous avez bien lu) envisage désormais que la baisse miraculeuse des prélèvements sur les entreprises s'accompagne d'une réduction de l'impôt sur les ménages dès 2015.

Bienheureux ceux qui y croiront car le royaume du socialisme leur appartient.

« On va essayer de se mettre en capacité dès 2015 de pouvoir avoir une première baisse d'impôts », a précisé l'Élysée selon le Figaro. Essayer de se mettre en capacité ou se mettre en capacité d'essayer ? L'attente va être insupportable après une si mâle annonce.

En 2015, « si on fait un petit geste pour les entreprises, on fera vraisemblablement un petit geste pour les ménages », ajoutent ces éléments fumigènes, sans préciser toutefois si le premier « petit geste » à destination des entreprises inclut l'annonce d'une baisse de cotisations patronales de 30 milliards d'euros d'ici à 2017.  Si tel est le cas, on peut se demander à combien de centaines de milliards d'euros commence un gros geste. Pour celui à destination des particuliers, on hésite entre quenelle et bras d'honneur.

"Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup" disait Martine Aubry en faisant référence à son concurrent des primaires socialistes. On est désormais menacée par une meute ! Rappelons que les fameux 30 milliards aux entreprises, qui servent de point de comparaison pour le petit geste, sont eux-mêmes nébuleux puisqu'on ne sait pas s'ils intègrent ou non le Crédit compétitivité-emploi dont les entrepreneurs entrevoient désormais l'extrême complexité d'usage.

Tout ce barnum de promesses, digne des pires cirques politiques, sera dit-on financé par des économies budgétaires dont on ne sait toujours rien. Si ce n'est que les annonces précédentes, en ce domaine, n'ont pas enrayé la progression des dépenses publiques qui atteignent des sommets, tout comme la dette.

Suivez mon regard : ces promesses sont censées convaincre la Commission de Bruxelles de différer jusqu’en 2017 l’atteinte de l’objectif d’un déficit à 3 % du PIB. Les eurocrates seront-ils assez cyniques ou naïfs - à un degré extrême cela revient au même - pour croire à pareil boniment ?

La comparaison est rude mais une amie m'a récemment suggéré que le régime "hollandais", sur lequel flotte déjà un parfum de fin de règne, à un petit air de république de Salò, de sinistre et italienne mémoire. Le pouvoir, dans ses derniers réduits, convaincu de sa défaite, profite autant qu'il le peut des restes d'anciens festins. Il n'est plus préoccupé que de lui même, se moque totalement du sentiment du peuple à son endroit.

Dans ces conditions, à quoi riment encore le gouvernement, les ministres, notamment le Premier d'entre eux ? Pour les savoir, lisez le point suivant.

3 - C'est pas Moi-Président, c'est l'Autre !

Oyez, oyez, Français, la grande et redoutable annonce de votre chef. Le millefeuille administratif s'apprête à être dévoré tout cru, les économies seront gigantesques, vous allez voir ce que vous allez voir, d'ailleurs une grande concertation va être lancée. Au pain sec, les élus locaux !

Enfin ... pas dans les départements nous dit aussitôt le président de la République générale de Corrèze, du haut de la seule tribune où il sente à l'aise, à Tulle. Sauf pour le Grand Paris - et encore-, ces potentats resteront en place.

Ni en régions bretonnes, ajoute immédiatement son ministre premier, dit l'Autre. Pas question que Nantes et Rennes boivent le même lait ribot et tartinent les mêmes galettes. Qui pourra alors réclamer quoi que ce soit aux collectivités récalcitrantes ? Les deux principaux intéressés détricotent ainsi la fabuleuse réforme quelques heures à peine après avoir lancée.

Hélas, c'est pourtant grâce à cet allègement administratif que le gouvernement entend financer un grande part des économies qui permettront d'abonder les mirifiques réductions fiscales aux ménages et aux entreprises évoquées plus haut. Bref, on n'y voit plus goutte en Normalie, si ce n'est que le mur vers lequel on roule à vive allure commence à nous barrer l'horizon.

4 - Big Quenelle is watching You

C'est sous mes yeux que le pauvre David Van Hemelryck fut enchristé, dimanche dernier, place du Châtelet, à Paris, au prétexte que le ballon qu'il s'apprêtait à gonfler et sur lequel était inscrites ces fortes et nécessaires paroles : "Hollande démission" ressemblait à une... quenelle.

Ce ridicule motif à une atteinte grave à la liberté d'expression et de manifestation n'a provoqué aucune indignation parmi les défenseurs patentés des droits de l'homme qui, naturellement, hurleraient si nous étions en temps sarkozystes.

En réalité, il s'agit ni plus ni moins que du rétablissement de crime de lèse-majesté, dès lors que réclamer la démission du président de la république devient en soi répréhensible. Quant à l'indigeste quenelle, mise à toutes les sauces répressives, elle va bientôt être interdite au menu des bouchons lyonnais.

Préparez-vous à une nouvelle révolte régionale, après celle des Bretons, au motif de défense de la gastronomie française laquelle, ne l'oublions pas, est désormais inscrite au patrimoine de l'Humanité. Et n’oubliez pas que le signe avant-coureur de la révolution française n’apparut pas à Paris mais en province, à Grenoble, lors de la « journée des tuiles », le 7 juin 1788.

5 - Logique à la va-vite

Le nombre de morts sur les routes a baissé considérablement ces trois dernières années sans qu'on réduise la vitesse maximum de circulation. C'est donc la preuve, en logique socialo-bureaucratique, qu'il faut diminuer cette dernière, nous disent ministre de l'intérieur et maire de Paris. Voilà donc le Périphérique d'ores et déjà affublé d'une interdiction de dépasser les 70 kilomètres/heures et les routes nationales menacées d'une limitation à 80 kilomètres/heures. Dans la capitale, la dauphine-retraitée de Delanoë veut aller plus loin et serrer le pot d'échappement des automobiles place de la Bastille, à la Nation et sur l'avenue Foch.

Parfait. Toute personne qui fera le lien entre ces différentes annonces et, d'une part, la hausse du produit des amendes liées aux radars ou, d'autre part, la baisse continue du nombre de voitures vendues qui contraint l'Etat à voler au secours de PSA, sera un mauvais citoyen, une honte pour l'écologie.

A lire de l'auteur de cet article :  "L'enfumeur", de Serge Federbusch, (Ixelles éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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