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Merkel s’est vue décerner à la une du Monde le titre de « chef de l’Europe ».
Merkel s’est vue décerner à la une du Monde le titre de « chef de l’Europe ».
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

Les décisions de la banque centrale européenne sont désormais prises sous couvert de Berlin et après avoir satisfait au contrôle préalable du Tribunal constitutionnel de Karlsruhe.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - Willkommen im Französische Zone

Das question qui fâche. Après une tentative couronnée d’un succès temporaire en 1871 et deux échecs retentissants en 1914/1918 et 1940/1944, se pourrait-il que, sans même le vouloir vraiment, l’Allemagne parvienne à satelliser la France ?

Dans les souvenirs qui émaillent son « Mal français » Alain Peyrefitte révèle que De Gaulle, encore à Colombey-les-deux-églises, craignait que la quatrième république, submergée par la crise algérienne, ne finisse par voir se détacher d’elle l’Alsace et la Lorraine, frustrées d’appartenir à un pays décidément ingérable. Il revint au pouvoir et son action déterminée rénova les institutions, régla la question coloniale et confirma l’adhésion de la France au marché commun. De velléités indépendantistes septentrionales, il ne fut jamais question.

Cette semaine, Frau Merkel s’est vue décerner à la une du Monde le titre de « chef de l’Europe ». Aucun homme politique français ne l’a relevé et nul ne fut choqué. Sans doute la chose est-elle désormais évidente pour tous. Plus de soixante pour cent des Français sondés souhaitaient la victoire de la chancelière sortante tout comme ils confessent leur admiration pour le modèle allemand. Serait-ce une forme de fascination masochiste ?

Arrivé à l’Elysée en mai 2012, François Hollande se vantait de renégocier les conditions du pacte dit de stabilité et de croissance en imposant à l’Allemagne et la Banque centrale européenne l’émission d’eurobonds, en clair la mutualisation partielle des dettes. En échange d’un pseudo-plan d’investissement au montant ridicule, il remisa ses proclamations. Tout ce que la France obtient depuis plusieurs années, c’est la possibilité de continuer à s’endetter dans une monnaie, l’euro, qui lui offre certes des taux d’intérêt bas, mais dont le taux de change surévalué pour nos entreprises sape toute possibilité de redressement industriel. Le mal s’entretient donc lui-même et la route de l’euro est celle de notre servitude.

Contrairement à une idée généralement répandue en effet, les parités fixées entre les devises européennes en 1998 - et qui furent figées dans la monnaie unique en 2002 - avantageaient l’Allemagne, alors convalescente de sa réunification. Le mark était sous-évalué. Schröder eut par ailleurs le courage de faire des réformes que la classe dirigeante française n’osa pas entreprendre. L’atout monétaire, les politiques d’ajustement structurel et l’utilisation de l’Europe de l’Est comme atelier de sous-traitance se conjuguèrent donc pour donner à l’économie allemande un dynamisme que nous n’avons jamais réussi à trouver. Les Allemands étaient parvenus à avoir la saucisse, la bière et le sourire du tavernier. Ils avaient concédé à Mitterrand l’abandon du mark contre la réunification ; ils obtenaient quelques années plus tard le retour du mark sous le nom d’euro. Une monnaie unique sans budget commun avec des taux d’intérêt sur la dette publique différents : cela n’a pas de sens et ne trouve d’équilibre qu’en se calant sur les volontés du partenaire le plus fort. On peut d’ailleurs douter qu’il s’agisse encore d’un partenariat.

Les décisions de notre banque centrale sont désormais prises sous couvert de Berlin et après avoir satisfait au contrôle préalable du Tribunal constitutionnel de Karlsruhe.

En politique étrangère aussi, nous pouvons commencer à voir un dindon se refléter dans le miroir européen où nous nous regardons. L’Allemagne se rapproche de plus en plus de la Russie, pourvoyeuse de gaz et de toutes sortes de matières premières mais aussi importatrice de nombreux produits germaniques. La pseudo résolution de la crise syrienne, qui n’est en réalité qu’une capitulation d’Obama et d’Hollande face à Poutine, a été modelée sous le regard d’une chancelière alignée de facto sur la position de son voisin oriental.

Et quelle légitimité avons-nous pour dénoncer cette situation ?

La gauche française est tout sauf convaincante lorsqu’elle prétend critiquer l’Allemagne avec comme seule ambition la survie de la bureaucratie pléthorique dont elle est l’émanation. La droite française est souvent victime d’une fascination trouble pour ce pays qui fonctionne si bien, si rationnel, si puissant. Elle en oublie d’analyser objectivement les raisons pour lesquelles l’Allemagne réussit mieux. Comme on vient de le dire, elles ne sont pas toutes à porter au crédit d’une discipline et d’efforts dont nous serions incapables. Elles ressortissent davantage de l’inefficacité et du manque de pragmatisme de notre classe dirigeante au regard de son équivalent germanique.

Aussi, Mou-Président, qui pensait goguenard, en 2012, jouer de la fragilité d’une Frau Merkel menacée de déconvenue électorale, se retrouve aujourd’hui dans un cul de basse-fosse sondagier dont il ne parvient plus à sortir. Incapable de mener la moindre réforme réelle, il ne peut qu’espérer en une reprise conjoncturelle sans pouvoir la stimuler. Il dépend désormais de Frau Merkel que notre chef de province puisse continuer à différer la restructuration du secteur public, dernier socle politique sur lequel il peut encore s’appuyer.

Si la chancelière veut lui imposer ces réformes, qu’il se cabre ou qu’il obtempère, il court le risque d’une crise politique le privant de majorité au parlement. Sera-t-il alors déposé comme un vulgaire Papandréou ou un Berlusconi ? Tentera-t-il le tout pour le tout en faisant au passage exploser l’Union européenne ? L’immobilisme est souvent le prélude aux plus profonds désordres. En attendant, notre capitale s’est déplacée vers l’est.

2 - Hollande lave plus vert

La presse socialisante et subventionnée, de plus en plus souvent sujette à des hoquets critiques, s’est ressaisie la semaine dernière à l’occasion de la conférence dite environnementale. Réfugié dans l’évocation du long terme, Sa Normalité a crânement fixé un objectif de réduction de la consommation des énergies fossiles pour ... 2030 ! Cela a suffit pour que ces médias considèrent qu’il s’agissait d’un acte de courage et d’un geste fondateur. Une taxe carbone re-visitée sous le nom de « contribution climat-énergie » sera compensée par un crédit d’impôt pour travaux d’isolation thermique ... enfin ... peut-être, les détails sont renvoyés à des dates ultérieures. Pendant ce temps, les entreprises de l’éolien et du photo-voltaïque, en perdition, sont nourries de belles paroles. Et l’on va même jusqu’à évoquer une prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires pour financer les énergies renouvelables ! Don Ayrault et Sancho Hollande sont partis, lance pointée, à l’assaut des moulins à vent ...

Qu’importe, l’essentiel est sauf : les Verts sont rentrés à la niche (non fiscale) et la possibilité d’accords de second tour aux municipales n’est pas exclue. Un œil sur l’horizon lointain, un autre sur mars prochain, le strabisme c’est maintenant !

3 - Méfiez-vous des inspecteurs des finances

C’est, paraît-il, sous l’influence d’un inspecteur des finances travaillant à l’Elysée que François Hollande a décidé de mettre fin au régime d’exonération des heures supplémentaires, choix qui lui coûte aujourd’hui très cher en termes de popularité. Pour un clientéliste de cet acabit, une telle perte politique pour si peu de gain financier, ce doit être à pleurer de rage ...

4 - Les 100 jours des Roms

Dans à peine plus de trois mois, les citoyens roumains pourront travailler librement en France, en tout cas y chercher un emploi. En Roumanie, on ne sait trop combien il y a de Roms, les chiffres variant de 600 000 à plus d’un million. En France, ils seraient 20 000 mais plus de 10 000 auraient été reconduits à la frontière l’an dernier. Pourtant, leur présence dans les rues des villes comme dans les campagnes est évidente et nombreuse, ce que ne nient même plus mesdames Cresson, Hidalgo et Aubry, dont les actes et déclarations sur le sujet auraient été vertement dénoncés par mesdames Cresson, Hidalgo et Aubry il y a encore deux ans. Les chiffres officiels ne valent pas un fifrelin, c’est la seule certitude.

Quoi qu’il en soit, il ne faut guère plus d’une journée de voiture pour se rendre de Bucarest à Paris. Ces pauvres hères seront-ils l’élément chimique qui viendra précipiter la crise sociale française, fruit du déni européiste mâtiné d’angélisme de gauche ? Ouvrir les frontières mais défendre un modèle social soi-disant protégé : l’incohérence va finir par se payer cher. Les Roms risquent d’en être les victimes plus que les bénéficiaires.

A lire du même auteur :  "L'enfumeur", de Serge Federbusch, (Ixelles éditions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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