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"La nuit étoilée" de Denis Tillinac réussit à faire enrager les bien-pensants.
"La nuit étoilée" de Denis Tillinac réussit à faire enrager les bien-pensants.
©Reuters

Atlantico Lettres

Toutes les semaines, le journal Service Littéraire vous éclaire sur l'actualité romanesque. Aujourd'hui, retour sur "La Nuit étoilée" de Denis Tillinac.

Bernard Leconte

Bernard Leconte

Bernard Leconte est écrivain, universitaire et journaliste pour le journal mensuel Service Littéraire. Dernier ouvrage paru : “Qu’allons-nous faire de grand-mère” chez l’Éditeur.

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Nous sommes tous d’accord, je crois : il n’y a d’intéressant que les livres qui font enrager les bien-pensants. “La nuit étoilée” de Denis y réussit parfaitement. Les dévots de l’humanisme progressiste et « républicain » ne vont pas aimer du tout les trois personnages principaux de ce roman : Marcile Kalf, écrivain, Victor, son éditeur et Claire, son esclave, tous trois réunis par la détestation de la nuit moderne privée d’étoiles, d’absolu, de transcendance et qui se sentent de plus en plus exilés de ce « meilleur des mondes (qui) se rapproche » à toute vitesse.

À une époque où les abrutis proclament à tout bout de champ le mythe de la transparence, disent qu’il faut tout dire, ne rien cacher, ces trois-là cultivent le secret, la pudeur. Et ils respectent la parole donnée ! Scandale suprême : Claire, qui a tout pour plaire, belle, sportive, aristocrate, fortunée, intelligente, cultivée, professeur d’histoire de l’art à Cambridge et à Aix, belle, très belle, refuse de porter le maillot deux-pièces, reste vierge jusqu’à trente-cinq ans et trouve tout son bonheur et sa liberté, eh oui sa liberté ! à n’être pas une femme « libérée », à devenir l’esclave totale, inconditionnelle, totalement soumise – tête et corps – de Marcile.

L’histoire est racontée deux fois : une première par Victor, qui est un être un peu sombre et tourmenté, et une deuxième par Claire. Cette technique, si j’ose l’expression qui va venir, éclaire Claire, la dévoile, la rend lumineuse, mais n’ôte pas tous ses mystères à Marcile et donne de la poésie et du tragique. Les vingt dernières pages des deux récits sont particulièrement magnifiques. Ah, que j’aime le hurlement du bobo, le soir, au fond des villes !   

A lire : La Nuit étoilée, Denis Tillinac, Plon, 265 p., 17 €.

Source :Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Le mensuel fondé par François Cérésa décortique sans langue de bois l'actualité romanesque avec de prestigieux collaborateurs comme Jean Tulard, Christian Millau, Philippe Bilger, Eric Neuhoff, Frédéric Vitoux, Serge Lentz, François Bott, Bernard Morlino, Annick Geille, Emmanuelle de Boysson, Alain Malraux, Philippe Lacoche, Arnaud Le Guern, Stéphanie des Horts, etc. Pour vous abonner,cliquez sur ce lien.

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