#danielgate : le pédophile espagnol et le roi du Maroc <!-- --> | Atlantico.fr
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Manifestations au Maroc contre la décision du Roi de gracier un pédophile espagnol.
Manifestations au Maroc contre la décision du Roi de gracier un pédophile espagnol.
©Reuters

Revue de blogs

On croyait le Maroc stabilisé. L'indignation devant l'affaire du pédophile espagnol condamné puis relâché par la grâce du roi fait bouillonner à nouveau toutes les contestations d'un pays qui n'a pas eu son printemps.

Le #danielgate, du nom du pédophile condamné Daniel Galvan, est d'abord un gros embarras diplomatique entre le Maroc et l'Espagne et une catastrophe pour l'image du Maroc. Deux grands, le roi du Maroc et celui d'Espagne, se seraient mal compris. Le monarque espagnol demandant qu'un détenu espagnol malade puisse purger sa peine en Espagne. Le monarque du Maroc, ou son cabinet, allant bien au delà par une grâce générale de détenus espagnols. Dans le lot, un pédophile espagnol, Daniel, 60 ans, condamné en 2011 à 30 ans de prison pour le viol de 11 enfants âgés de 4 à 15 ans à Kenitra, qui, à peine libéré, porte plainte contre ses victimes pour sans doute ne pas avoir à verser de dommages et intérêts.

Depuis, les médias sociaux marocains sont en ébullition et les manifestations revendiquent non seulement la fin du trafic d'êtres humains, illustré par un peu trop d'affaires similaires au Maroc, et commencent à contester frontalement la totale impunité du monarque et de son cabinet. Des manifestations dans plusieurs villes violemment réprimées parachèvent la catastrophe. 
Les réseaux sociaux ont joué un rôle d'aiguillon pour exposer au grand jour "l'énorme erreur" qui indigne tout le pays, sur Twitter par le hashtag #Danielgateet sur Facebook.
Lakoneest le site marocain reconnu comme celui qui a mené l'enquête et suivi l''affaire, ses rebondissements et les zones d'ombres d'une décision incompréhensible. Le site propose un suivi chronologique de tous les aspects du dossier et des éditoriaux sur les aspects judiciaires et politiques du scandale. Il rappelle aussi par exemple le précédent d'un autre pédophile, lui aussi gracié :
"C'est sur les réseaux sociaux qu'un internaute marocain a ressorti un câble diplomatique américain daté de 2010,publié par Wikileaks, et qui revient sur la situation du trafic d'êtres humains au Maroc.Une partie de ce câble mentionne l'affaire de «Earvey Legloinick» (Hervé Le Gloannec), ressortissant français arrêté à Marrakech en 2004 (2005 selon des médias marocains) "en possession de 17 000 photos et 140 000 vidéos de pornographie pédophile". Citant le rapport présenté en 2009 par l'association Touche pas à mon enfant, le diplomate américain auteur du câble explique que l'homme a été condamné au départ à quatre ans de prison mais sa peine a été réduite à deux ans et il a finalement été «gracié et libéré en 2006 avant la fin de sa peine de deux ans». Selon Telquel, la grâce avait été accordée à l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance et a consisté en une remise de peine de un an".
Laulilole a publié une synthèse de l'affaire en une infographie très impertinente envers le roi, chose nouvelle au Maroc, qui montre à quel point le climat de respect et de silence a changé depuis cette affaire. 
La page Facebook du site d'opposition Mamfakinchpropose aussi un suivi, de nombreuses vidéos et les commentaires des internautes permettent de percevoir l'indignation générale contre la "boite noire", le pouvoir très opaque du cabinet royal et des personnes bien vues en cour.
Une manifestation à Paris
Larbi, un blogueur marocain respecté, en revient aux "Printemps" que le Maroc n'a pas eu, parfois pour le meilleur mais aussi pour le pire : 
"L’interrogation fait froid au dos : combien de fois en combien de circonstances le cabinet royal a pris des décisions qui engagent le pays avec le même amateurisme et la même légèreté ? Combien de fois dans les relations bilatérales des décisions engageant le destin de 30 millions de marocains avaient été prises pour « épater » l’homologue étranger comme on voulait ici « épater » le roi d’Espagne en lui accordant des grâces qu’il n’avait pas demandées ? Combien de fois en combien d’occasions sur la base de données erronés ou décisions légères, des arbitrages ont été faits en dehors de tout contrôle de toute comptabilité et sans aucun compte à rendre ? (...)lus de deux ans après le printemps arabe, peut-on encore supporter que de décisions royales soient encore prises avec un amateurisme consternant et sur recommandation d’un cabinet d’amateurs arrogants qui n’ont de compte à rendre à personne ? Pourquoi et au nom de quoi, Fouad Ali El Himma et Mounir El Majidi, pour ne citer qu’eux, continuent à diriger le pays par un gouvernement de l’ombre eux qui ont tant été décriés et dénoncés en 2011 ? 

Est-ce que cela avait un sens avant 2011, est-ce que cela a encore un sens en 2013 ?Il s’est passé quelque chose durant les derniers jours, qui constitue un tournant. Cette regrettable grâce royale a apporté d’elle-même la démonstration pédagogique et parfaite de ce que beaucoup essayaient en vain d’expliquer : il ne point y avoir de pouvoir sans responsabilité et sans comptes à rendre. "
Pendant ce temps, les manifestations continuent.

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