Le coup de fourchette : tam-tam dans les gamelles<!-- --> | Atlantico.fr
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Concert de tam tam à la fête de la musique.
Concert de tam tam à la fête de la musique.
©Flickr

Atlantico Lettres

Retrouvez cette semaine, comme chaque dernier mercredi du mois, la chronique culinaire de Service Littéraire.

Jules  Magret

Jules Magret

Jules Magret écrit pour Servicelitteraire.fr.

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Phan Chi fait du tam-tam avec la grailletouse, ce qui est normal, vu que Phan Chi se blaze Tam, un petit Asia d’origine viet qui s’est longtemps cassé le bobun au Ritz et au Mandarin oriental, avant de ralléger la rue de Lille. Pour la peine, ses cuisses de grenouilles en croquettes, feuille de brick et patate douce, valent le détour. Aux Climats (crus bourguignons) plutôt beau fixe. Cet ancien réfectoire des dames des PTT où l’on détachait un timbre en mouillant le goupillon est un espace chira bang bang qui vous agite la manivelle. La méga crampette, aux Climats, restau qui brille par son exclusive cave made in Burgundy, histoire de vous tirebouchonner le brouille-ménage, c’est la déco, le volume, les armoires à mazout, le rince-cochon à ta zoute, le ballet des maquereaux, de l’onglet et du tartare de veau p’tits pois. Pour le cabillaud nacré, minute papillon, on vous le cloque mister Tam, c’est tim, tam, toum, un plat bléchard, pas cuit, à vous décrotter de la poiscaille, qui empeste le guignon, la croûte à mouiser les ratiches. Du michto pour tout, sauf pour la morue. Aminches bourguignons, rappliquez icign, c’est du jojo, grands flacons, choix sardanapalesque, belle boutanche de chez Rossignol (cui-cui !) à 29E !

Les Climats, 41 rue de Lille, 75007 Paris. 0158621008. Menu : 35E. Carte : 70E.

Puisqu’on évoquait la Bourgogne, dans le genre gothique, tu brûles et tu t’enflammes, on vous déconseille une adresse autrefois choucarde, à Montceau les Mines, patelin sinistros, où officie un gustave nommé Brochot, broché chez Loiseau, qui vous embroche le coco. Le midi, son menu à 45E est un pensum laborieux, lifté à quatre épingles, qui favorise la mauvaise humeur, attendu que la terrine au foie gras n’a aucun goût, que l’agneau microscopique n’a aucun goût, que même la flotte n’a aucun goût. Son étoile, le Brochot, il peut se la brocher dans la bulle de kadaïk au parfum d’aneth, direct dans le sonore. Condisciples gastronomes, évitez à tout prix cette adresse où la daronne affiche une morgue de bécasse, où le service ne vaut pas un clou, où l’on vous défrusquine le morlingue. S’enrouiller chez Brochot, c’est de la drouille. Moralité, adieu béchamel, on prend son lardeuss et on se tire à toutes rames !

Jérôme Brochot, place Beaubernard, 71300, Montceau les Mines. 0385679530. Menu : 45E. Carte : 80E.

ES, c’est comme PS, PC, UMP, VTT, LVMH, tu y rentres et tu ne sais jamais comment tu vas t’en sortir. Il y a deux mois encore, c’était un troquet dégueulbif, rue de Grenelle, au coin de la rue de Bellechasse, où tu flubais à l’idée de ripatonner dans la brandade et le sauté. Voilà bessif que s’est installé un Mizoguchi de l’astreinte, élève de l’Astrance, disciple de Barbot, gaulé comme Brigitte, qui vous convie à sa table avec des mystères de kabuki. Vous l’avez pigé, le gars est nippon, king du budo, vu qu’il n’y a pas de menu, pas de carte, nib de nib, dépouillé de chez Kurosawa, juste une formule à 65E, une autre à 85E, mais rien d’écrit. Vous déboulez donc à l’aveugle, paumard tel un bambou, accueilli par des ritals dans le style  « Eyes wide shut », sauf que là, c’est du cubique, pas du Kubrick. Deux AB, deux entrées, un poisson, une viande, deux desserts, et le tour est joué. Résultat ? Eh ben mes aïeux, croyez-moi, c’est du leaubé, du stupéfiant, du kendo qui vous adonise le puceron, avec jus, saveurs, associations réfléchies et spontanées. ES n’est donc pas un Etablissement Suspect. Pour 65E, sans compter un Italien des Pouilles qui vous enchante la ricotta, c’est le balthazar chez les rois mages.

ES, 91 rue de Grenelle, 75007 Paris. 0145512574. Menues : 65E et 85E.

Source : Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Le mensuel fondé par François Cérésa décortique sans langue de bois l'actualité romanesque avec de prestigieux collaborateurs comme Jean Tulard, Christian Millau, Philippe Bilger, Éric Neuhoff, Frédéric Vitoux, Serge Lentz, François Bott, Bernard Morlino, Annick Geille, Emmanuelle de Boysson, Alain Malraux, Philippe Lacoche, Arnaud Le Guern, Stéphanie des Horts, etc . Pour vous y abonner, cliquez sur ce lien.

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