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La France, vous l'aimez ou vous la quittez? L'Allemagne, vous l'admirez ou vous la conchiez? Et Hollande saura-t-il la jouer comme Mitterrand?
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi Sarkozy qui prépare son retour, Bartolone qui prend de l’assurance et Erik Orsenna qui se passe de Viagra.

Astrid Eliard

Astrid Eliard

Astrid Eliard est journaliste et écrivain. Elle est auteur de Nuits de noces, et de Déjà l’automne (Mercure de France).

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La France, vous l’aimez ou vous la quittez ? Cette semaine dans les hebdos, les deux options sont débattues. Une du Nouvel Obs : une ville française idéale, peuplée de petits bonshommes enfantins genre Playmobil, dont les sourires béats signifient : « J’ai trouvé un super job épanouissant, ma vie est géniale ! » Le magazine fait l’inventaire des « villes où l’on embauche ». Une de L’Express : un Boeing prend son envol. « Pourquoi ils quittent la France, il n’y a pas que les riches ! », titre l’hebdo.

Le coup de blues de Clara G.

Eh oui, depuis l’affaire Depardieu, l’eau a coulé sous les ponts et même les petits bourgeois prendraient la tangente. L’expatriation serait devenue tendance. Dans Le Point, l’éditorialiste Pierre-Antoine Delhommais signe la lettre de Clara G., 20 ans, « mauvaise citoyenne » et candidate à l’émigration. L’illusion est loin d’être parfaite, on trouve cette Clara G. vachement vieille pour son âge (on aime à penser que les jeunes sont moins déprimants qu’elle, et moins obsédés par la fiscalité), enfin, passons. Voyez un peu ses arguments : « Je n’ai pas envie de travailler toute ma vie pour payer des impôts dont une bonne partie ne servira qu’à honorer les 1900 milliards d’euros de dettes que votre génération nous a aimablement légués en héritage. »  Ou encore : « Oui, j’ai envie d’aller vivre dans un pays où il y a de la croissance, où les salaires augmentent, où être riche n’est pas considéré comme un péché mortel, un pays surtout où l’on a le sentiment à la fois individuel et collectif que demain sera meilleur qu’aujourd’hui. »

Le bonheur est dans l’exil

Clara G. est-elle simplement le caprice d’un éditorialiste ou bien le symbole d’une génération qui est en train de faire ses bagages ? Comme nous le dit L’Express, on n’a aucune statistique sur le nombre de Français qui quittent leur pays pour payer moins d’impôts. Mais l’hebdo pointe çà et là quelques signes, qui dessinent une vague tendance. Le témoignage d’un avocat fiscaliste : « Jusqu’ici, nous traitions environ cinq dossiers d’exilés fiscaux chaque année. L’an dernier, nous en avons instruit une vingtaine », ou celui d’un patron d’un groupe immobilier : « 300 clients ont mis en vente leur appartement parisien au cours du second semestre 2012 dans le but de s’installer à l’étranger ».

Les Français prennent le large

L’Express est allé à la rencontre de ces expats, qui fuient soit les impôts, soit la lourdeur administrative française, ou encore sont attirés par le grand large. Ils sont « jeunes, artistes, chercheurs, cadres, diplômés, entrepreneurs, sportifs »…, bref des gens comme vous et moi. Il y a la jeune et jolie Caroline, diplômée de Dauphine et de la London School of Economics et qui a trouvé son bonheur à Shanghai. Elle déplore « l’ambiance pesante » en France, et aime « l’énergie chinoise ». Il y a Olivier et Céline, qui sont partis au Canada : « Notre pouvoir d’achat en baisse, le climat économique incertain, le rejet du système scolaire par nos enfants et nos inquiétudes pour leur avenir professionnel ont motivé notre décision », disent-ils.

Voilà pour les expats « normaux », car le dossier nous présente aussi des« french desperate housewives », qui déboursent 17 000 euros par an pour le lycée français de Los Angeles, ou des étudiants français qui crèchent dans des écoles australiennes à 40 000 euros l’année. Pas vraiment comme vous et moi…

Méthode Coué

Si vous êtes sur le point de faire vos valises, ou d’avaler toute la boîte de Lexomil sous le coup de la sinistrose ambiante, on vous conseille la lecture du dossier de l’Obs : « Les villes qui embauchent ». L’article tient un peu de la méthode Coué, mais ça ne peut pas faire de mal. « Il est un pays qui souffre, terriblement, et un autre, dynamique, qui résiste, s’en sort et continue d’offrir des opportunités. Car, au total, il est une vérité que nul n’ose répéter : la France va continuer à recruter en 2013. » Des ingénieurs, des commerciaux, des animateurs sportifs, des serveurs de cafés et de restaurants… Est-ce que ça redonnera le sourire aux 3,224 millions de chômeurs ?

Méthode allemande

Merkel en Une du Point, c’est l’occasion de se demander : Mais comment font les Allemands ? « Le chômage est à son plus bas niveau depuis la réunification. Les carnets de commande des entreprises se remplissent et on prévoit une hausse de 5% des exportations. La croissance est poussive, certes, mais pas de récession dramatique à l’horizon. Les entrepreneurs, petits et grands, sont optimistes. Les constructeurs de machines-outils, l’industrie mécanique et chimique ont confiance en l’avenir. BMW, Audi et Mercedes connaissent depuis le début de l’année un boom à l’exportation, surtout en Asie. » Dans l’hebdo, Pascale Hugues décrypte ce modèle allemand qui fait tant rêver. Mais la route a été longue pour en arriver là. Il a fallu avaler la pilule de l’Agenda 2010 mis en place par Schröder et opérer de nombreux sacrifices : diminution des indemnités-chômage, précarité de l’emploi, inflation des bas salaires et des « mini-jobs ». L’article rappelle l’envers du décor : beaucoup de travailleurs gagnent moins de 400 euros par mois. Il dresse aussi un portrait en creux de notre pays, où la greffe des réformes allemandes ne pourrait pas prendre : « Chez nous la politique est beaucoup moins radicalisée qu’en France. Nous avons un modèle basé sur la coopération. On s’assied ensemble autour d’une table, on dialogue, on s’écoute les uns les autres »… Tandis qu’en France, on a gardé de 1789 le goût de la révolution et de la guillotine…

Pomme de discorde

C’est précisément ce modèle allemand qui a semé la discorde au sein du gouvernement ces derniers jours. Depuis le projet de texte de la convention Europe du PS, qui fustige « l’intransigeance égoïste de la chancelière Merkel », la gauche se divise entre germanophobes et germanophiles. Les premiers - Montebourg, Bartolone, Cambadélis – craignent l’hégémonie de l’Allemagne et comparent Merkel à Bismarck. Les seconds – Ayrault, Moscovici, Guigou -  redoutent le divorce du couple Franco-Allemand. Interrogé par Le Point, Laurent Wauquiez joue les arbitres : « L’Allemagne leur renvoie l’image des réformes qu’ils n’osent pas faire. Donc, plutôt que de s’inspirer de ce qui fait la réussite allemande, le PS se réfugie dans une attitude qui peut se résumer par cette formule : "Cachez ce modèle que je ne saurais voir" ».

Bon anniversaire !

Hollande, qui essaie tant bien que mal d’étouffer les vagues de l’aile gauche de son parti, se serait bien passé de la fronde anti-Merkel. Alors qu’il va souffler la première bougie de son quinquennat, les hebdos passent au crible son bilan. Les Inrocks font l’inventaire des engagements et des désengagements de la politique du gouvernement, tandis que Joffrin interroge « Hollande est-il cuit ? » dans son édito du Nouvel Observateur. Il invite le président, dont les qualités – le calme, la prudence, la froideur, se sont retournées contre lui par ces temps de crise où la vélocité vaut mieux que l’hésitation -  à un « sursaut ». « Un nouveau gouvernement avant l’été, qui soit cette fois une équipe de combat, un élargissement au centre avec François Bayrou, sinon dans le dispositif, du moins pas très loin, un programme de mesures indispensables, qui réforme l’Etat, instaure enfin le non-cumul des mandats, rééquilibre les retraites, favorise l’investissement, mais protège mieux, aussi, les plus défavorisés, change la formation professionnelle pour mieux aider les chômeurs, donne de nouveaux droits aux salariés ». La liste donne le tournis. Si Hollande n’est pas cuit, il a du pain sur la planche.

1984

Toujours dans le Nouvel Observateur, on ravive un souvenir qui pourrait donner un peu d’espoir au gouvernement : celui de 1984, l’année où Mitterrand changea de Premier ministre, de majorité, et fit le choix de l’intégration européenne. L’année qui a lui a valu, quatre ans plus tard, d’être réélu. Encore faut-il, pour Hollande, trouver « la martingale du rebond ». « Après avoir compris qu’il fallait enterrer le président « normal » (…), il devine à présent qu’il va falloir liquider un autre de ses avatars : celui de président "boîte à outils" ». Le sommet européen de la fin juin pourrait lui donner l’occasion de s’affirmer : « Si ça bouge dans le sens qu’il espère, il pourra alors rêver d’un leadership au sein de l’Union, qui redonnera du même coup un peu de lustre à sa courte présidence et lui permettra d’avancer des propositions innovantes. Dans le cas contraire, il lui faudra choisir entre l’aveu d’un échec et l’élaboration d’une autre politique. » En attendant un remaniement – Le Nouvel Observateur évoque la possible nomination de Louis Gallois au gouvernement -, L’Express nous dit qu’Ayrault « prend conscience progressivement de l’ampleur de sa fonction » (il serait temps !) et vient de changer de conseiller de communication. Quant à la garde rapprochée de Hollande, elle prépare le terrain pour la suite : « le deuxième gouvernement sera celui des élections, il faudra mettre des pros, des aguerris », dit le hollandais Vallini.

L’ascension de Barto, le retour de Sarko

A propos d’aguerri, le Nouvel Observateur dresse le portrait de Claude Bartolone. Celui qui s’est érigé contre la publication du patrimoine des élus, celui qui exige un bras de fer avec Merkel, le frondeur qu’on ne verra jamais à Matignon. « Aucune chance que le président le nomme », selon un proche de Hollande. Néanmoins, « au perchoir, "Barto" se sent pousser des ailes de géant. » « Les agents de l’Assemblée me disent que j’ai la meilleure cote depuis Chaban-Delmas », se vante l’intéressé. Euh… Est-ce que Chaban-Delmas aurait été copain avec Bernard Tapie ?

Le sauveur de Hollande, c’est peut-être… Sarkozy ! Selon L’Express, l’ancien président serait sur le point de replonger en politique. Il « pense tellement fort "je vais être obligé de revenir" que cela finit par s’entendre. » « Il est en train d’alimenter son moteur d’une haine irrationnelle et absolue vis-à-vis de Hollande, comme il l’avait fait avec Jacques Chirac entre 2002 et 2007 », note François Baroin.

Mais aussi…

A lire dans Le Point : une interview qui serait surréaliste si elle n’était pas angoissante du frère du chef d’Al-Qaida. « Il a fait ce qu’il fallait faire, dit-il de Mohamed Merah. Il a défendu l’Islam, c’est la réaction prévisible d’un homme qui s’est vengé des agressions de l’Occident. ». Dans le Nouvel Obs, une enquête sur les « cathos 2.0 », qui sont nés avec les manifs contre le mariage pour tous. Une futile, inutile et assez grotesque radiographie de ce qui est « cool » dans les Inrocks… ainsi qu’une interview de Vanessa Paradis qui sort un album écrit par Benjamin Biolay. Enfin, en sacrifiant à une transparence voyeuriste VSD a paparazzé le patrimoine des élus et on apprend dans Le Point que la vie amoureuse d’Erik Orsenna a été relancée par le SMS ! « Il y a une dimension de Viagra dans l’électronique » dit-il.

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