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Attentats de Boston : qui du FBI ou des services d'immigration américains a été le plus défaillant ?
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Trans-Amérique Express

Les attentats de Boston auraient pu être évités si le FBI avait fait correctement son travail. Nombre d’Américains en sont persuadés. Mais si l’agence fédérale peut porter une partie du blâme, elle n’est pas seule responsable.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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 "Comment avons-nous pu laisser filer ce type alors que même les Russes nous avait prévenus que c’était un islamiste radical ?" La question posée par Lindsey Graham, sénateur républicain de Caroline du Sud, concernant Tamerlan Tsarnaev, principal responsable des attentats de Boston, est celle que beaucoup d’Américains se posent.  Avec à la clé une conviction  poignante : les attentats de Boston auraient pu être évités et la vie du petit Martin sauvée. Mais ce ne fut pas le cas. La faute au FBI… ?

Dix jours après les attentats du marathon de Boston, le Federal Bureau of Investigation, agence en charge de la sécurité du pays et de la prévention du terrorisme, est pointé du doigt. Son mode de fonctionnement dénoncé. Les capacités de ses agents mises en cause. Parce qu’il avait été alerté sur le cas de Tamerlan Tsarnaev et qu’il n’a pas su agir pour prévenir une attaque qui a coûté la vie à trois personnes, dont un enfant de huit ans, et blessé grièvement cent soixante-dix autres. Déjà, lors des attentats du 11 septembre, l’agence fédérale avait réuni des éléments sans être en mesure de les exploiter.

Tamerlan Tsarnaev, 26 ans, le "cerveau" des attentats du marathon de Boston, tué dans une fusillade avec la police lors de sa capture le 19 avril, était connu du FBI. L’agence avait enquêté sur sa personne en 2011. A la demande du FSB, les services de renseignement russes. Ceux-ci avaient mis en garde les Américains contre la "radicalisation" du personnage, un musulman d’origine tchétchène.

A l’époque le FBI avait donc rencontré Tamerlan. Etranger en situation régulière aux Etats-Unis, il avait  fait une demande de naturalisation américaine. Ils avaient noté qu’il s’était fait récemment poussé la barbe, qu’il avait épousé une américaine qui s’était convertie à l’islam et portait le voile islamique. Le FBI avait épluché ses conversations téléphoniques, vérifié ses activités et liens sur Internet, examiné ses déplacements, fouillé dans ses activités aux Etats-Unis… et rien trouvé qui ressemble à du terrorisme. Le FBI avait donc terminé son enquête et, semble-t-il, oublié Tamerlan.

Suite à cette enquête, le Department of Homeland Security, équivalent de notre ministère de l’Intérieur, qui chapeaute  les services d’immigration, avait suspendu la demande d’acquisition de la nationalité américaine de Tamerlan Tsarnaev. Sans par la suite revenir vers le FBI pour plus de précision sur son cas. Le dossier avait tout simplement été mis en attente. C’était fin 2011.

Or c’est en 2012 que Tamerlan effectua un long séjour en Tchétchénie, dont il revint, avec la formation rudimentaire d’un nouveau type de djihadiste, les "loups  solitaires".  Les Américains les appellent aussi "stray dogs", "chiens errants. Ce sont  des individus entrés dans la mouvance terroriste, mais qui continuent de garder une activité ordinaire et n’ont pas de contact avec un réseau organisé et structuré, sinon lors de leurs déplacements à l’étranger. Ils préparent leurs actions seuls, dans leur coin, et frappent quand ils sont prêts.Le profil d’un Mohammed Merah en France. Au passage, la mort "spectaculaire" de Tamerlan, dans une fusillade avec la police (deux cents coups de feu échangés !), après avoir tué un policier n’est pas sans rappeler celle de Merah, qui s’était préparé à résister au siège de la police et s’est fait tuer dans un assaut final…

A son retour aux USA, Tamerlan Tsarnaev, mit en ligne des vidéos islamistes radicales, et se fit remarquer à sa mosquée de quartier pour ses propos extrêmes et anti-américains. Son activité aurait dû être détectée par le FBI, mais passa inaperçue parce que les agents avaient refermé son dossier…

Déjà en 2001 le FBI avait repéré puis perdu la trace de certains des futurs terroristes du 11-Septembre. Ils avaient été informés de l'existence de jeunes étrangers voulant apprendre à piloter sans se soucier d’atterrir, et payant les leçons cash. Mais n’avaient pas pris la peine de les interroger ou de les surveiller. Les services d’immigration avaient repéré les déplacements de certains entre les Etats-Unis, le Pakistan et l’Indonésie, sans que l’information soit exploité. Un terroriste présumé, le français Moussaoui, avait même été arrêté juste avant les attaques. Mais le FBI n’avait pas pu déjouer le plan des terroristes.

A l’époque ses moyens d’actions étaient limités. C’est pour y remédier que la loi avait alors changé. En réponse aux attentats du 11-Septembre le Congrès américain avait voté le "Patriot Act" (Patriot étant ici un acronyme pour "Provide Appropriate Tools to Intercept and Obstruct Terrorists") pour renforcer ses moyens de lutte contre le terrorisme, international et intérieur. La loi autorise le FBI a fouiller un domicile ou un bureau sans l’autorisation d’un juge, à procéder à des écoutes téléphoniques, enquêter sur des transactions financières, échanges de mail, sans autorisation préalable. Elle autorise aussi les services d’immigration à détenir ou expulser des personnes soupçonnés d’activités terroristes.

Toujours à la suite des attentats du 11-Septembre, le "Department of Homeland Security" (DHS) avait vu le jour. Prenant sous sa responsabilité les fonctions des services d’immigrations, pour mieux surveiller les allers et venues. Pourtant Tamerlan Tsarnaev a sans difficulté contourné ces services de sécurité.

Certains pointent donc du doigt les failles béantes du système d’immigration américain.

Les frères Tsarnaev avaient obtenu de venir aux Etats-Unis parce que leur père s’était déclaré "réfugié politique" ! Il est depuis reparti vivre au Daghestan. Une province russe dominée par l’islam radical.

En trente ans les Etats-Unis ont ainsi accueilli trois millions de "réfugiés", principalement d’Afrique, du Moyen Orient et d’Asie, régions dont l’islam est la religion dominante.  

Or la volonté revendiquée de l’administration Obama est de ne pas "stigmatiser" la minorité musulmane américaine. De ne pas adopter une posture de "nous contre eux", mais de souligner au contraire que "nous sommes tous ensemble". " L’Islam est une partie de l’Occident" dit Obama. "Les musulmans appartiennent à la famille américaine." 

Pour illustrer ce point, Michael Mukasey du Wall Street Journal rappelait le 21 avril que le rapport de l’armée sur la fusillade de Fort Hood, perpétrée par le major Nidal Hassan au cri de "Allah Ouakhbar " et qui avait fait treize morts, parle de "violence au travail", pas d’une attaque terroriste !

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