Quand la Chinoise se met à rougir et quand la Grande seconde se prend à bleuir : c’est l’actualité des montres en début d’année

PIAGET : Aux origines de l’espace et du temps…

Que serait la carpo-élégance (« élégance de poignet ») sans Piaget, qui a toujours conjugué avec bonheurles beaux-arts de la décoration horlogère et les beaux-arts de la mécanique du temps. La nouvelle Altiplano en or rose s’offre un superbe cadran en météorite grise : 40 mm pour le boîtier extra-plat, deux aiguilles pour la sobriété, 209 composants pour le mouvement automatique 1203P qui ne mesure guère que 3 mm d’épaisseur et quelques milliards d’années pour la formation de cette météorite métallique (nickel-fer), née avec les origines de notre galaxie. On aurait même pu se passer de la date à trois heures. Il n’y aura que 300 pièces de cette série, limitée par la rareté des météorites de ce type…

JAQUET DROZ : À deux siècles et demi de distance…

Ce qu’on pourrait nommer le « concept » de la « grande seconde » de Jaquet Droz a été posé à la fin du XVIIIe siècle : il s’agissait de rendre plus lisible les évolutions de l’aiguille des secondes d’une montre de poche, en grossissant le compteur de ces secondes et en déportant la lecture de l’heure et des minutes en haut du cadran. L’esthétique était puissante et elle a résisté au poignet de la Grande seconde contemporaine, qui pousse encore plus loin sa modernité en adoptant une structure « squelettée » et un boîtier en céramique satinée qui concentre le regard sur le cœur du mouvement et sur les aiguilles bleuies. La montre y gagne une indéniable nouvelle identité, sans rien perdre des marqueurs traditionnels de son style deux fois et demi séculaire. Pour les puristes, il faut admirer les vis bleuies, orientées vers le centre du compteur qu’elles enserrent : du grand art décoratif horloger ! « Manufacturé en Suisse », c’est tout de même plus noble que le Swiss Made de tout le monde…

CARTIER : Aux sources d’un style toujours aussi puissant…

La maison Cartier pourrait bien vivre en 2019 un printemps créatif comme elle n’en vivait plus depuis une bonne dizaine d’années. Ce sursaut se lit moins dans l’exubérance mécanique un peu baroque de ces dernières saisons que dans l’art de réinterpréter les « classiques » de la maison (Atlantic-Tac vous avait ainsi récemment présenté les nouvelles Baignoire). Retour cette fois sur une « légende » née en 1921, la Tank Chinoise – Tank parce que rectangulaire, chinoise à cause de ses linteaux qui évoquent, dans le modèle originel, le portique de certains temples chinois. Pour cette édition 2019 en Cartier libre, la forme a été repensé, étirée et stylisée, les deux linteaux se parant de rubis et d’émail pour mieux souligner leur fonction hautement architecturée. Ils sont soutenus par deux piliers de diamants qui accentuent l’affirmation monumentale de cette montre dont les couleurs sont elles aussi un défi symbolique. L’exercice est magistralement maîtrisé : il n’y aura que cent de ces Tank Chinoise « rouges », qui reconnectent Cartier aux icônes de son patrimoine stylistique. Pour le prix, ne rêvez pas : même à quartz, c’est une Cartier !

GARMIN : Au grand chic des policiers de choc…

Vous ne le savez sans doute pas encore, mais la montre connectée de l’année qui commence n’est pas la célèbre Apple Watch [celle qu’on voit à tous les poignets], mais la nouvelle Tactix Charlie de Garmin en édition limitée pour les policiers du RAID, auxquels elle ne sera heureusement pas réservée – quoique cette édition soit limitée à 556 montres [chiffre choisi en « hommage » au calibre 5.56 utilisé par certaines armes du RAID]. C’est aujourd’hui à peu près ce qui se fait de mieux en matière de montre connectée « tactique », c’est-à-dire tous terrains et tous usages sportifs. Pas besoin d’être un professionnel de l’extrême pour apprécier la légèreté de la montre ou sa résistance antichocs (étanchéité à 100 m), mais on ne peut qu’être épaté par la qualité du GPS (la montre permet d’afficher les cartes de 47 pays européens), par la précision des « instruments » embarqués (cardiofréquencemètre, altimètre, baromètre, compas) et par quelques-unes de ses applications « militaires » spécifiques (vision nocturne, parachutisme, etc.) en plus des fonctions connectées classiques, nettement plus utiles au quotidien. Développée en collaboration avec les policiers d’élite du RAID, cette Garmin Tactix Charlie RAID a la politesse de n’être facturée qu’autour des 800 euros. Quatre fonds d’écran pré-chargés [on n’est pas obligé de les afficher]rappellent cette dédicace aux hommes du RAID, qu’on voit effectivement porter cette montre à l’entraînement…

FOSSIL : Quand les heures se démultiplient…

Peu importe le style de la montre : pour ce début d’année et le printemps qui vient, c’est la taille qui compte – un style mini qui doit rester dans les 26 mm et qui réclame de bons yeux pour tenter de lire l’heure qu’affichent les trois aiguilles d’un cadran à peine plus grand qu’une pièce d’un euro ! Comme cette collection Tailor Mini sait également rester d’une appréciable modestie dans ses prix (selon les variantes, on commence autour des 110 euros), certaines fashionistas n’hésitent à en porter plusieurs au même poignet, dans différentes couleurs de bracelets ou de cadrans. Pourquoi avec des heures différentes, pour rester dans les rythmes du monde, des lieux ou de ceux qu’on aime ?

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

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