Quand le scandi-chic prend des couleurs et quand il y a le feu au lac : c’est l’actualité des montres en phase brumaire<!-- --> | Atlantico.fr
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Offrez-vous une tôle du premier « Dakota » qui a survolé le territoire français le jour du Débarquement…
Offrez-vous une tôle du premier « Dakota » qui a survolé le territoire français le jour du Débarquement…
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Atlantic-Tac

Mais aussi la redécouverte de l’élégance par Breitling, les amitiés franco-chinoises, l’âge d’or des bons vieux chronos en acier et la montre du D-Day…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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TOCKR : Un « monument historique » qui prend l’air…

Ces « petits Français » sont sacrément culottés ! Devinez qui va célébrer l’avion le plus célèbre de la Seconde Guerre mondiale – le fameux C-47 « Dakota » américain – avec les derniers vétérans américains du Débarquement ? L’équipe très française de Tockr, marque certes installée au Texas, mais on ne peut franco-helvétique ! L’idée de la montre TAB (pour That’s All, Brother : « Tout va bien, mon pote ») est née de la rencontre entre les animateurs de Tockr, jeune marque Swiss Made indépendante, et les passionnés de la CAF (Commemorative Air Force), qui se lançaient dans la restauration d’un C-47 très particulier et chargé d’histoire, puisque, historiquement, le That’s All, Brother a été l’avion en tête des vagues aériennes qui ont lancé les premières attaques du Débarquement, au matin du 6 juin 1944, en Normandie (il avait alors une mission de parachutage). Les cadrans des montres de la série des D-Day C-47 sont très spéciaux, puisqu’ils sont réalisés avec une des tôles originales du TAB – d’où les « cicatrices » – remplacées lors de la restauration pour remettre l’appareil dans sa condition exacte au jour du Débarquement. Si le boîtier est aussi réussi, c’est qu’il a été retouché par une star du design horloger, Emmanuel Gueit, auquel on doit déjà quelques icônes contemporaines. Compte tenu de la rareté des matériaux disponibles, il n’y aura que cent montres de cette série D-Day C-47 (en plus de quelques pièces réservées aux membres de la CAF, association qui a déjà plus de 170 restaurations d’avions militaires à son actif. Une bonne nouvelle pour la route : Tockr a maintenu le prix de cette montre That’s All, Brother au-dessous des 1 800 euros – ce qui reste ultra-accessible pour porter un « monument historique » au poignet…

BREITLING : Une certaine idée du vrai chic sportif…

Fameuse en France et ultra-tendance à la fin du XXe siècle, la marque Breitling s’est ensuite un peu fanée en se perdant là où elle n’avait pas sa place. Elle est enfin de retour avec des collections plus consistantes et surtout mieux emmenée par une direction qui sait où elle va – ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas dans les états-majors de l’horlogerie suisse. Breitling va donc là… où la marque était historiquement la plus forte : dans l’expression d’une certaine élégance sportive, fonctionnelle certes, mais aussi capable de traduire en termes sobres et forts l’idée qu’on se fait d’une vie active. C’était, dans les années 1940, l’esprit même de la collection Premier. Cette élégance dans le style sera le nouveau champ de bataille de Breitling. Plusieurs modèles très intéressants dans cette collection (chronographes deux et trois compteurs, jour-date, etc. : voir la vidéo ci-dessous), dont une montre automatique toute simple, qui affirme avec distinction l’esprit Premier – taille intelligemment ramenée à 40 mm (fini le temps des « grosses patates » de poignet), vrai chic du « cœur » bleu de la petite seconde au cœur du cadran bleu (avec une touche de rouge pour pimenter le tout), sobriété fluide des aiguilles, « minuterie » blanche, galbes du boîtier en acier, mécanique automatique impeccable à la précision officiellement certifiée (bracelets au choix : métallique, nubuck ou alligator – Breitling devrait nous en offrir deux pour chaque montre, dont un en Nato). Quelqu’un a enfin compris, chez Breitling, qu’une date pouvait tuer l’harmonie d’un cadran : cette Premier s’en passe parfaitement ! Un détail pour les connaisseurs : appréciez au passage les deux traits luminescents de part et d’autre des index à 12 h et à 6 h – c’est du grand art et c’est la signature « secrète » de la nouvelle quintessence Breitling…

ATELIER WEN : Une réconciliation franco-chinoise…

Le nom de cette jeune marque indépendante fraîchement éclose sonne « chinois » : c’est normal ! Basée à Hong Kong, l’équipe franco-chinoise qui est derrière cet Atelier Wen a décidé de rendre hommage à l’« âme chinoise » à travers une série de montres de style contemporain, mais avec une indéniable touche culturelle locale. Ce n’est pas qu’une question d’esthétique (ou de dragons, voire de Kunpeng gravés ici ou là), mais aussi de style, comme celui de ce cadran en porcelaine. La première collection est en souscription sur Kickstarter aux alentours des 450 euros, ce qui est plutôt intéressant pour une montre de cette qualité et de cette originalité (mouvement automatique chinois de la Peacock Watch Company, qui prouve que la Suisse a perdu le monopole de la belle horlogerie accessible). Un projet très bien pensé, qui frôle maintenant les 80 000 euros de souscription pour 28 000 euros demandés, ce qui nous garantit une arrivée des montres à nos poignets au printemps prochain…

SKAGEN : La bonne humeur au cœur de l’hiver…

Tous ceux qui ont aimé les façades multicolores des maisons sur les quais à Copenhague (Danemark) reconnaîtront l’esprit de la collection Kulør proposée par Skagen, marque aux racines danoises (forcément !). L’esprit de ces montres Kulør est dynamique dans son minimalisme scandinave, minutieux dans les moindres détails de son design (boîtier de 41 mm en aluminium) et plein de bonne humeur alors que se profile les rudesses de l’hiver. C’est une invitation au voyage dans cette Europe du Nord où les couleurs ont tant d’importance. Aucun souci avec les prix : on va pouvoir consommer sans modération !

LECTURES : L’âge d’or des bons vieux chronographes en acier…

Nos prédécesseurs faisaient moins de chichis que nous avec leurs montres : elles étaient simples et fonctionnelles, précises et résistantes, et donc elles étaient belles parce qu’elles obéissaient aux lois d’une forme d’harmonie universelle. C’est ce qu’on est obligé de constater à la lecture de Fero (quelque chose comme la « ferraille », en plus affectueux, pour désigner, en argot romain, ce qui serait nos « tocantes »), un bel album d’images et de textes érudits qui nous vient d’Italie (texte anglais et italien). Le livre présente cent cinquante chronographes en acier de l’âge d’or des chronographes mécaniques (années 1930 à 1950), de toutes les marques (inconnues ou très connues) et presque de tous les styles, sauf que ces montres ont toutes un charme fou et qu’elles témoignent d’une épatante créativité dans le respect des stricts codes de cette spécialité horlogère. On passe des heures à tourner ces 350 pages grand format (880 photos) en se demandant si l’industrie horlogère a vraiment fait des progrès depuis ou si elle n’a pas perdu un peu de son âme à sa modernisation. Chacun aura compris que, pour tout amateur, c’est le livre à inscrire d’urgence sur la liste du Père Noël (Fero, de Paolo Gobbi, 199 euros aux éditions Pucci Papaleo)…

APPLE WATCH : Y aurait-il le feu au lac ?

Ne le répétez pas aux horlogers suisses, ils ne s’en sont pas encore aperçu, mais Apple est non seulement le « premier-horloger-du-monde » (première marque en chiffre d’affaires et en volume), mais aussi la première « nation » horlogère de cette planète, puisque, selon une étude… suisse des banquiers de l’UBS, la marque Apple aurait vendu à elle seule, en 2018, autant de montres Apple Watch que toutes les marques de l’industrie suisse réunies – soit 24 millions de pièces. Les prévisions dépassent les 35 millions d’Apple Watch en 2019 : les applications de santé de l’Apple Watch 4, notamment son électrocardiogramme embarqué, ont tout pour faire craquer les seniors qui étaient les derniers meilleurs clients de la montre suisse. Certes, Rolex sera toujours Rolex : « Il n’y a pas le feu au lac », comme disent nos amis suisses. Certes, le Swiss Made a une réputation mondiale encore inoxydable : l’horlogerie suisse n’a pas vraiment de concurrent de taille de ce côté-là. De là à considérer que « tout va très bien, Madame la Marquise », comme ne cesse de le répéter l’établissement horloger suisse, alors qu’un tsunami de montres connectées menace de tout emporter, il y a un fossé qu’il serait suicidaire de franchir. Après tout, peut-être qu’il y a le feu au lac…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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