Quand la sirène aux yeux bleus nous pousse à l’eau et quand Médor nous rive son clou : c’est l’actualité des montres au seuil de l’été<!-- --> | Atlantico.fr
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Sur ses rouleaux, ce bolide horloger déboulera à 13 mm à l’heure sans bouger…
Sur ses rouleaux, ce bolide horloger déboulera à 13 mm à l’heure sans bouger…
©DR

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Mais aussi les heures qui sonnent du temps qui passe, le bleu ponctué d’or rose qu’on ne trouve qu’à l’Opéra de Paris, l’automate mécanique qui se prenait pour une Bugatti et le chronographe qui supplantait l’heure au cœur du cadran…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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JOHN-MIKAËL FLAUX : Un automate qui roule des mécaniques…

La profession de ce jeune homme n’existe pratiquement plus depuis un ou deux siècles : il est « créateur horloger automatier ». Comprenez par là que, selon une tradition qui remonte aux horloges médiévales animées d’automates, voire même aux automates de l’Antiquité qui fonctionnaient avec des horloges à eau, John-Mikaël Flaux crée des « machines » mécaniques qui donnent à la fois l’heure et du plaisir. C’est déjà beaucoup ! Installé à Morteau, à portée de canon de la frontière suisse, dans cette Franche-Comté qui a recueilli les traditions de l’horlogerie française et qui commence à les revivifier, ce médaillé d’or du concours national des « meilleurs apprentis de France » est un passionné qui a fini par préférer son atelier franc-comtois aux sirènes des marques horlogères suisses. Dommage que cet artisan si français ait baptisé sa dernière création… The Car Clock ! Parce que cette géniale horloge mécanique est trop française dans son approche horlogère, dans son expression mécanique et dans son style esthétique pour être ainsi affublée d’un nom anglo-saxon. L’idée est de transformer ce qui pourrait être une Bugatti des années 1930 en horloge de table, dont les roues serviraient à donner l’heure (vidéo d’explication ci-dessous) :  si cette voiture roule, c’est à la vitesse insensée de 13 mm à l’heure, soit trente centimètres par jour. Parce qu’elle roule ! Pour la maintenir en place si on ne veut pas qu’elle avance, on peut la poser sur un « berceau » dont les rouleaux vont permettre aux roues arrière de tourner pour afficher les heures (la pointe de flèche précise cette heure). Les minutes sont précisées par le volant, qui sert également à mettre l’horloge à l’heure. Le remontage du mouvement (270 composants) se fait par la calandre à l’avant de la voiture, avec une clé qui sert de « manivelle » à l’ancienne. Bien entendu, toutes les pièces de cet automate horloger sont polies, brossées, satinées et soignées comme des composants de haute horlogerie. La carrosserie est en aluminium peint par un carrossier automobile, alors que les pneus sont en (vrai) caoutchouc et les sièges en (vrai) cuir. Il n’y aura que trente exemplaires de cette Car Clock qui sait parfaitement rouler des mécaniques (prix sur demande en fonction des finitions).

LOUIS MOINET : Une nouvelle « french connection » mécanique…

Les historiens suisses de l’horlogerie ont beau essayer à tout prix de l’oublier, mais le Français Louis Moinet (1768-1853) est un des plus grands horlogers du XIXe siècle, reconnu comme tel par ses pairs : on lui doit notamment le premier chronographe mécanique de l’histoire des montres, alors que ses horloges étaient appréciées par l’empereur Napoléon et par sa cour. C’est pour fêter les 250 ans de sa naissance que la manufacture indépendante suisse [personne n’est parfait !] qui a repris son nom relance une « complication » mécanique que plus personne ne pratiquait : la « sonnerie au passage ». La montre Ultravox se contente – modestement, mais très subtilement sur le plan mécanique – de faire sonner au poignet les heures à chaque changement d’heure, par autant de frappes sonores qu’il est nécessaire pour annoncer l’heure juste. Performance méchanicienne qui pourrait paraître triviale, mais cela ne se faisait quasiment plus jamais dans l’horlogerie de poignet – sinon depuis les pendules de table à « sonnerie au passage » du XIXe siècle. La maison Louis Moinet a d’ailleurs été obligé de recourir aux talents d’Éric Coudray, un des meilleurs maîtres-horlogers de sa génération [tiens, au hasard, c’est aussi un Français, même s’il travaille en Suisse !], pour mettre au point les 316 composants de cette montre et régler ses 57 rubis. Admirez au passage le « bleu Moinet » (exclusif) de la décoration qui met en valeur l’expression mécanique de la montre. Reste à savoir si ce sont les heures qui font sonner le temps ou si c’est le temps qui fait sonner les heures : le débat reste ouvert, mais il vous en coûtera un billet de 130 000 euros pour le vérifier à votre poignet et admirer le jeu du marteau qui vient frapper le timbre à chaque heure...

PIAGET : Les secondes bleues d’un chronographe parisien…

Allez, un peu d’horlogerie suisse après ce doublé français, même si cette Polo S « Blue Edition » a quelque chose de très français, et même de parisien, puisqu’on ne la trouvera qu’à la boutique Bucherer de l’Opéra ! Son élégance naît de son boîtier en acier, d’un style très contemporain (ni rond, ni carré, disons « coussin »), avec cette « lunette » large et plate qui apporte de la vigueur, mais aussi du bleu profond de son cadran guilloché, mis en valeur par les attributs en or rose. Pour affirmer son style sportif incontestable, cette Polo S est un chronographe. Pour la touche urbaine, on peut miser sur la date à six heures. Pour la mécanique automatique Swiss Made, on peut faire confiance aux ateliers genevois de la manufacture Piaget, dont le blason est gravé sur le rotor bleu du mouvement. Cette série exclusivement « parisienne » sera limitée à cent exemplaires. Même le prix de ce chronographe est plutôt une bonne surprise à ce niveau d’excellence : 12 900 euros.

SINGER REIMAGINED : Une révolution mécanique au design percutant…

Singer Vehicle, pour les amateurs de Porsche 911, c’est cet atelier californien qui refait à neuf en les restylant ces grandes sportives allemandes – mode luxe ou mode vitesse, au choix, voire les deux – mieux qu’à leur sortie d’usine. Comptez un gros demi-million de dollars et deux ans d’attente pour ce « jouet de luxe » ! Il était fatal que Rob Dickinson, le fondateur de Singer, ait envie d’un beau chronographe, qui ne pouvait être qu’un chronographe suisse de haute mécanique, repensé à la fois en mode luxe et en mode sportif. C’est l’axe créatif des montres Singer Reimagined, qui s’offrent désormais le mouvement chronographe le plus exclusif et le plus imaginatif de toute l’actuelle offre suisse : l’Agengraphe, capabled’afficherau centre de la montre les temps mesurés par le chronographe. Ces heures, minutes et secondes du chronographe deviennent donc « prioritaires » par rapport à l’heure et aux minutes classiques, reléguées sur deux disques sur les bords de la montre (repère orange). Les temps courts du chronographe automatique y gagnent en lisibilité. L’esthétique de la montre et du cadran y gagnent en harmonie: on devine ici la « patte » d’un excellent designer horloger, celle de l’Italien Marco Borraccino. Cette superbe édition en aluminium céramisé noir de la « Track 1 » est limitée à cinquante exemplaires pour le marché hongkongais, mais on doit pouvoir se la procurer en Europe (moyennant une soixantaine de milliers d’euros). Par son allure autant que par ses atouts purement horlogers de très haut niveau, cette Singer Reimagined Track 1 est aujourd’hui ce qui se fait de mieux en matière de mécanique chronographique suisse…

NIXON : La Siren de la sirène aux yeux bleus…

On est gentiment prié de regarder la montre dans les yeux : c’est une Nixon x Abysse (marque de mode spécialisées dans les maillots de bain) de la série The Siren SS. Elle, c’est la délicieuse Hanalei Reponty, star et surfeuse, ou surfeuse star, mais vraie sportive blonde aux yeux bleus née à Tahiti. il était difficile pour Nixon de trouver une meilleure ambassadrice qu’une demoiselle qui concentre autant d’énergie et de glamour dans les formes irréprochables de son1,74 m. Avec le swimwear et le surfwear Abysse, c’est encore plus irrésistible. Du coup, on a tous envie de se jeter à l’eau avec une Siren SS, qui nous ruinera d’autant moins qu’elle restera aussi élégante dans les rouleaux de votre spot préféré qu’à la ville ou en soirée – comptez dans les 140 euros pour avoir la même Siren SS qu’Hanalei, avec une indication de toutes les marées présentes et à venir, en plus d’un compte à rebours et d’un chronographe électronique. Si les heures qui passent vous dépriment, l’écran peut vous les masquer avec un motif décoratif qui transforme la montre en bracelet. Pas belle, la vague ?

HERMÈS : Oublier le temps pendant le temps qu’il faut…

Une dernière petite française pour la route ? Ce sera forcément une Hermès, la nouvelle Médor Rock, qui s’offre de nouvelles couleurs – le rouge Hermès, forcément – et un bracelet triple tour pour l’été. Pour mémoire, « Médor », chez Hermès, c’est le « clou » pyramidal qu’on a posé sur les ceintures de la marque dès les années 1930, avant d’en faire un « Collier de chien » et même, en 1993, une « montre à secret » : on soulevait le clou qui servait de cabochon pour dévoiler le cadran caché dessous. La Médor Rock de l’année reprend ce principe, dans une adorable taille mini (16 mm x 16 mm), en bleu encre, en rouge vermillon ou en blanc, avec ou sans diamants, dans différents cuirs de multiples couleurs (étoupe, orange, capucine entre autres), mais toujours avec la précision d’un mouvement électronique suisse. Tradition Hermès oblige, on se permet ici de jouer avec les codes et on décèle une pointe d’impertinence dans le style de cette montre qui ne semble pas en être une : elle s’autorise, en toute élégance, à oublier le temps pendant le temps qu’il faut.

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

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Lien : https://businessmontres.com/

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