Quand Sénèque commente les heures et quand Leica mesure le temps : c’est l’actualité des montres à quelques jours de l’été<!-- --> | Atlantico.fr
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Les codes traditionnels des montres de pilote dans une version pleine d’intelligence philosophique…
Les codes traditionnels des montres de pilote dans une version pleine d’intelligence philosophique…
©DR

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Mais aussi le retour d’une baby boomeuse restée célèbre, la pâle blancheur des tendances de l’été, le bleu légendaire d’une piscine d’eau de mer et l’émerveillement post-soviétique des ampoules à filaments…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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STOIC : Les stoïciens se mettent à faire des montres…

Les bons maîtres-horlogers sont comme les chats : ils ont au moins neuf vies ! Britannique installé en Suisse, le méchanicien Peter Speake Marin avait fondé voici une quinzaine d’années sa marque éponyme, revendue depuis. Il revient sur le devant de la scène avec une montre clairement inspirée par une doctrine philosophique héritée de l’Antiquité gréco-latine : le stoïcisme. C’est, semble-t-il, la première fois dans l’histoire des montres qu’une marque est ouvertement dédiée à une philosophie de l’existence. On en trouvera la confirmation dans la citation de Sénèque qui figure au dos de chaque montre : « Rien ne nous appartient ; seul le temps est à nous » (Lettres à Lucilius). Il s’agit de nous faire prendre mieux conscience du temps, « ce bien fugitif et glissant [qui]est l’unique possession que nous ait départie la nature » (toujours Sénèque). Ayant fait avec les années son apprentissage de la sérénité, le tout juste quinquagénaire Peter Speake Marin a eu l’intelligence de repenser son approche horlogère en rompant avec le non-conformisme créatif lourdement tarifé de ses précédentes expériences dans la haute horlogerie. Le non-conformisme est désormais dans l’essence, et non plus dans l’apparence. La marque Stoic – difficile de faire plus explicite comme nom – semble apaisée, avec ses références aux montres mécaniques de l’âge d’or : une esthétique rassurante, puisée aux sources de l’horlogerie iconique, comme les « montres de pilote » (ci-dessus), les chronographes à compteurs contrastés ou les montres de plongée. La vraie horlogerie, c’est ce qui reste quand on a tout oublié de la futilité ostentatoire et quand on s’est dépouillé des fétichismes conventionnels – à commencer par la croyance absurde à un Swiss Made qui ne cesse de trahir ses promesses. En plus de cette frugalité stylistique, Stoic a l’immense politesse (en fait, très générationnelle – et Peter Speake Marin se montre ici très avisé) de pratiquer une très stoïcienne modération tarifaire, puisque ses prix iront de moins de 300 euros (chronographe à quartz) à moins de 500 euros pour la montre de plongée, en passant par moins de 400 euros pour la « montre de pilote » (le tout disponible sur le site de Stoic). Authenticité de la démarche auprès d’un nouveau public amateur de belles montres, sincérité du produit, originalité de l’approche philosophique personnelle, réalisme économique : on tient peut-être enfin « la » montre de l’été…

https://www.stoicworld.com/

KELTON : Et vous changiez pour Kelton ?

Inlassablement reprise par les radios de l’époque, la ritournelle publicitaire est encore dans les oreilles de tous les baby boomers : « Vous vous changez, changez de Kelton ». Cette marque d’entrée de gamme – dont les montres étaient fabriquées en France, à Besançon – n’avait pas résisté au tsunami des montres à quartz, mais, en surfant sur la vague de la mode vintage, elle est aujourd’hui de retour sur le marché, avec quelques-uns de ces marqueurs esthétiques seventies qui font rêver les nouvelles générations. On a même l’impression que les prix de cette nouvelle collection Iconic sont seventies : 99 euros pour le boîtier « tonneau » de la Racingci-dessous, qu’on nous jure être assemblé en France (mouvement japonais) et réalisé en série limitée à 299 exemplaires. Miracle promotionnel de cette nouvelle entrée de gamme : ce ne sera que 79 euros pour les cent premières commandes passées sur le site de Kelton

wwww.kelton.fr 

LEICA :  Une certaine image du temps qui passe…

Les appareils photos Leica – ceux de l’ère argentique, avant le temps du numérique – sont une référence absolue chez les amateurs : les enchères flambent spectaculairement pour ces appareils aux mécaniques complexes qui ont été utilisés par les plus grands photographes du XXe siècle. Les accords entre mécaniques horlogères et mécaniques photographiques étant aussi naturels qu’évidents, il est on ne peut plus logique que Leica ait eu envie de créer ses propres collections de montres. Deux nouvelles collections, L1 et L2, arrivent donc sur le marché, avec une esthétique très germanique (design fonctionnel et minimaliste, boîtier plus « technique » qu’élégant, mouvement manufacture de style industriel) et des choix horlogers intéressants : le poussoir à deux heures sert à remettre à zéro l’aiguille de la petite seconde, pour une précision à la seconde près en fonction d’un « top » horaire officiel ; le point blanc au centre de la montre devient rouge quand une des fonctions horlogères est enclenchée. Le prix est lui aussi très… allemand : il faut compter 9 900 euros pour jouer en Leica avec le temps comme on aimait auparavant jouer en Leica avec la lumière et les images…

THE ELECTRICIANZ : Quelques nuances de blanc…

La jeune marque indépendante The Electricianz est probablement, dans l’horlogerie, ce qui se fait de plus « tendance » par les temps qui courent : on retrouve dans ces montres une forte influence de l’art contemporain, un décalage transgressif très assumé du message, un visible mépris des conventions horlogères [la marque a « osé » en revenir à des montres à quartz, dont les composants ont été transformés en marqueurs esthétiques] et un souci de rester accessible, puisque les prix ne dépassent pas les 375 euros. On ne peut de toute façon pas s’y tromper : on ne trouve des montres que dans les hot spots les plus pétillants de créativité des grandes métropoles. La marque en est à son quatrième modèle dans la collection « Electric Art » : le nom de baptême, S.Now, est un jeu de mots sur « Summer Now » autant qu’un clin d’œil aux neiges de la Suisse (pays des créateurs de The Electricianz) et à la tendance blanche des modes de l’été. Le boîtier, le cadran et le bracelet sont blancs, la décoration dans le goût steampunk reste de bronze et les heures sont électroniques. On peut rétroéclairer le cadran avec quatre LED blancs : de quoi y voir plus clair dans la pénombre de l’underground urbain…

HUBLOT : Le bleu d’une piscine d’eau de mer…

Les montres suisses sont partout et elles en sont même à descendre dans les meilleurs palaces de cette planète : c’est ainsi que la manufacture Hublot vient de créer une édition limitée (50 pièces) de son chronographe Classic Fusion Aerofusion pour le fameux Hôtel du Cap-Eden-Roc du Cap d’Antibes. Céramique noire pour mieux mettre en valeur le bleu qui évoque la Méditerranée (pour les connaisseurs, c’est très précisément le bleu de la piscine d’eau de mer du palace, au ras des rochers qui plongent dans la mer) et mouvement automatique de belle facture : la petite seconde à trois heures reprend les codes graphiques de la bouée qui marque le domaine maritime de l’Eden-Roc. L’histoire de ce palace – un des plus beaux de la Riviera – est tissée de légendes : cette superbe montre en écrira de nouveaux chapitres…

JEREMIA ADATTE : Des filaments rétronostalgiques…

Le jeune designer suisse Jeremia Adatte vient de reformaliser l’idée qu’on pouvait se faire des horloges à ampoules « Nixie » – antiques ampoules « industrielles » dont les filaments forment des chiffres dont l’alignement peut afficher, entre autres, les heures, les minutes et les secondes. Travaillée comme une montre suisse de haute horlogerie, cette horloge de table peut indiquer les heures de cinq villes différentes, dont le nom s’affiche dans une fenêtre à gauche de l’alignement des ampoules « Nixie » : une fois que les cinq références horaires sont calées il suffit de changer le nom de la ville pour afficher l’heure locale. C’est simple, c’est beau et c’est très contemporain en dépit de la touche rétronostalgique de ces ampoules, qui évoquent les machines industrielles de l’ère soviétique ou les postes de radio d’avant la Seconde Guerre mondiale…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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