Quand les lions viennent boire les heures et quand les friandises horlogères ont un goût néo-vintage : c’est l’actualité des montres en veille pascale<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Quand les lions viennent boire les heures et quand les friandises horlogères ont un goût néo-vintage : c’est l’actualité des montres en veille pascale
©

Atlantic-tac

Mais aussi les angles d’un superbe boîtier en titane, l’anticommunisme primaire de notre ami Tintin, le bleu lumineux d’une « préparation » iconique et le goût du manomètre sous bulle chez les jeunes générations…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

Voir la bio »

TINTIN : Une diagonale géopolitique soviéto-lunaire…

Il va bien falloir s’y faire : « Tintin », c’est aussi une marque de montres à part entière, comme Rolex ou Swatch. Dévoilée ces jours-ci par Moulinsart, la première collection de la marque compte 24 montres, qui rendent hommage tant à l’album Tintin au pays des Soviets (récemment colorisé au goût du jour) qu’aux aventures lunaires de Tintin, avec une jolie galerie de portraits des plus fameux personnages imaginés par Hergé (Tintin, bien sûr, Milou, Haddock, Tournesol, Dupont-Dupond, etc.). Des montres qui s’adressent, comme il se doit, aux amateurs de 7 à 77 ans : depuis presque 90 ans, c’est le « contrat » passé entre Tintin et ses lecteurs– et on ne s’en lasse pas. On reconnaîtra dans cette collection dédiée à la « ligne claire » l’influence belge des montres Ice-Watch (tailles, couleurs et matières, comme dans le Milou ci-dessous). Détail amusant : sur fond d’étoiles luminescentes, la Terre de la montre qui rappelle les aventures lunaires de Tintin [n’oublions pas qu’il avait débarqué sur la Lune quinze ans avant les Américains] est en orbite autour du cadran grâce à l’aiguille des secondes. Les prix – contenus autour des 80-150 euros – ont également été positionnés dans l’univers d’Ice-Watch. Il n’y avait plus de montres « Tintin » dignes de ce nom depuis une quinzaine d’années : remercions Moulinsart d’avoir rendu à nos poignets le plus fameux des héros « dessinés » de l’imaginaire européen au XXe siècle (230 millions d’albums vendus dans le monde). Du pays des Soviets [il y a 90 ans, Tintin était le premier héros de l’anticommunisme et il avait déjà tout compris de l’oppression totalitaire] à la conquête spatiale, la diagonale géopolitique est parfaite…

CHANEL : Des disques sous une bulle léonine…

« C’était l’heure tranquille où les lions vont boire » (Victor Hugo, La légende des siècles). Chanel a choisi de les abreuver à la source du temps, avec une magistrale horloge Chronosphère dont il n’existera qu’une poignée d’exemplaires (série limitée de cinq pièces, lourdement tarifée – Chanel oblige !). Poursuivant son « année du Lion », Chanel a posé une sphère de verre sur un piédestal de lions en bronze : le mouvement mécanique de haute horlogerie (manufacturé par la maison L’Épée 1839) affiche l’heure et les minutes sur deux disques rotatifs superposés en coupole, en nous laissant deviner ses rouages et son barillet qui offre sept jours de réserve de marche sans remontage. Dans un registre à la fois très classique et très avant-gardiste, cette Chronosphère est un objet du temps très puissant, spectaculaire, épuré à l’extrême et un peu inattendu chez Chanel…

ZENITH : L’essence du « sport-chic » contemporain…

Pour se refaire une santé commerciale, la manufacture Zenith a conçu une arme de reconstruction massive qui peut lui redonner de belles parts de marché : proposée autour des 6 000 euros, la nouvelle Defy Classic conjugue à peu près tout de ce qui plaît aujourd’hui aux amateurs contemporains. Un boîtier de style vintage (tonneau étroit à table plate de 41 mm de diamètre) en titane. Des angles qui permettent une intégration parfaite de ce boîtier et d’un bracelet en titane dont les maillons sont amincis avec beaucoup d’élégance. Un cadran minimalisteet reposant (pas de chiffres, 10 lettres et une étoile, avec des index bâtons), dont le bleu soleillé – couleur ultra-tendance – annonce que son minimaliste est cependant très travaillé. Une mécanique Swiss Made largement éprouvée (le mouvement « manufacture » Elite 670, d’excellente facture). En plus d’un réel confort au porter, un irréprochable style « sport-chic » qui passe sans problèmes de la ville aux loisirs. D’autres versions admettent un cadran squeletté en étoile dans un goût très avant-gardiste mais sans excès,tout comme des bracelets en caoutchouc et en cuir. Si tout se passe bien, cette Defy Classic devrait réconcilier Zenith avec une nouvelle génération de passionnés de montres que la marque ne savait plus émouvoir : cette fois, tous les ingrédients de la réussite sont réunis…

BOMBERG : Les jeunes générations dans le collimateur…

Alors que la marque nous avait habitués à des montres plus que démonstratives, dans le style « bad boy » cher aux quinquagénaires qui pilotent des Harley-Davidson, ce printemps 2018 revient avec une collection BB-01 singulièrement sage. Le temps des excès au poignet serait-il passé ? Voici que s’avance, à prix très abordable (entre 500 et 1 000 euros) des montres tout aussi singulièrement portables, originales par leur fausse simplicité « instrumentale » autant que par leurs lignes et leurs courbes : une jolie dialectique du plein et du délié comme du bombé et du tendu dans un boîtier de 43 mm bien proportionné sous son dôme en verre minéral.La couronne déportée à deux heures constitue un appréciable décalage visuel, qui renforce le côté « manométrique » de l’ensemble. Pour la précision comme pour abaisser le prix, un quartz Swiss Made de référence. Beaucoup d’animations en couleur sont disponibles, avec une taille féminine (38 mm) très seyante et des bracelets facilement interchangeables pour varier les plaisirs – de la maille milanaise (ci-dessous) aux « Nato » de couleur en passant par des cuirs dans le goût italien. En ciblant clairement les jeunes générations, cette collection BB-01 est une des plus belles surprises horlogères de ce début d’année…

TAG HEUER x BAMFORD : Là où les autres n’osent plus aller…

George Bamford est cet amoureux fou des belles montres qui s’est spécialisé, depuis une dizaine d’années, dans la « préparation » des icônes horlogères. « Préparation » dans le sens qu’on donne aux voitures « préparées » par des ateliers mécaniques qui en optimisent les performances. Le Bamford Watch Department a ainsi « préparé » les Rolex, les Patek Philippe, les Audemars Piguet ou les Panerai les plus épatantes du marché (toutes en « pièce unique »), en allant très au-delà des audaces customiséesque ces marques n’osaient pas se permettre. On l’a même vu ajouter des Popeye sur de vénérables Yacht-Master de Rolex (les bras du Popeye servant d’aiguilles) ! George Bamford va désormais encore plus loin en concevant pour TAG Heuer et quelques autres marques du groupe LVMH des séries de montres inédites et customisées dans le « style Bamford ». Sa nouvelle TAG Heuer Monaco est une réussite absolue, tant par son boîtier en carbone que par les touches d’aqua blue – le bleu luminescent préféré du « préparateur » londonien. Pour un résultat encore plus « iconique » dans la quête d’une authenticité historique, TAG Heuer a choisi une Monaco en 39 mm avec couronne à gauche (calibre 11). Un hommage parfait aux talents de l’atelier Bamford, qui signe le cadran…

TUDOR : Une friandise néo-vintage qui remixe les codes rétro-nostalgiques…

La moisson Tudor de ce printemps 2018 compte plusieurs pépites sur lesquelles nous reviendrons dans nos chroniques ultérieures. Une des nouveautés les plus intéressantes reste la nouvelle Black Bay GMT, toujours plus vintage que prévu et encore plus désirable que jamais. Pour les non-initiés, « GMT » désigne les montres à plusieurs fuseaux horaires [quoique cette dénomination de l’« heure GMT » – Greenwich Mean Time – soit obsolète depuis 1972 : les horlogers sont d’incurables conservateurs] et c’est le nom d’un des modèles les plus emblématiques de Rolex, la marque-sœur de Tudor. Voici donc la Black Bay en mode GMT, avec la lunette bleu-rouge qui excite les amateurs, le bracelet à maillons métalliques rivetés (un must pour les collectionneurs), le mouvement « manufacture » Tudor et l’aiguille rouge à pan carré qui indique le second fuseau horaire (sur vingt-quatre heures) – quand on sait y faire avec la lunette graduée (bleu pour les heures de nuit, rouge pour celles de jour), on peut même s’offrir la lecture d’un troisième fuseau horaire. Le cadran est identique à celui des Tudor de plongée des années 1960, quand la maison équipait, entre autres, les nageurs de combat de la Marine nationale. Pour notre plus grand bonheur, on a donc remixé tous les codes de la marque pour créer cette friandise néo-vintage et rétro-nostalgique dont le prix a l’élégance de rester abordable (entre 3 000 euros et 4 000 euros selon les bracelets). Comme quoi, quand ils veulent, les Suisses ont tout pour plaire – et c’est pour ça qu’on les aime…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !