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Après Westminster : le djihadisme reste-t-il soluble dans les "accommodements raisonnables" ?
©Reuters

Pensée magique

Le djihadisme est une idéologie totalitaire qui se fiche complètement du multiculturalisme, du rapport à la laïcité ou même du passé colonial des pays qu’il frappe. Un Charlie qui blasphème ou un Westminster qui tolère la charia, c’est du pareil au même.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Une position répandue, et d’ailleurs pas totalement absurde si l’on veut bien, sans pour autant la faire sienne, l’examiner pour ce qu’elle vaut avec suffisamment d’objectivité, suggère que les attentats djihadistes sont essentiellement la conséquence des errements de leurs victimes. Que ces dernières sont aussi, quelque part, d’une certaine manière, des coupables.

Dans le cas français, et parce que les terroristes ont souvent le même profil (des jeunes "born again"  issus de l’immigration, passés par la délinquance et habitant des quartiers en difficulté), chaque nouvelle attaque génère son cortège d’explications/justifications historiques (l’impérialisme), économiques (la pauvreté) ou religieuses (l’islamophobie), l’idée étant qu’il suffirait d’un mea culpa enfin sincère sur l’expérience coloniale, d’un redémarrage de l’ascenseur social et d’un assouplissement de la laïcité pour enrayer le phénomène.

Mais parce que la France est loin d’être le seul pays occidental touché par le terrorisme islamiste, pour ne rien dire des pays musulmans également durement frappés, on est bien forcé de constater à quel point les fous de Dieu se fichent des spécificités françaises, britanniques, allemandes, canadiennes ou américaines au moment de passer à l’acte.

La Grande-Bretagne est ainsi couramment présentée comme le modèle qu’il nous faudrait suivre pour nous éviter mitraillages, poignardages et voitures-béliers : elle n’a pas colonisé le Maghreb, n’interdit pas la burqa, autorise le voile dans la fonction publique et la police, accepte l’existence de tribunaux régis par la charia et n’a pas de souci avec la transformation de sa société en une juxtaposition de communautés quasi-autarciques. Et en plus, elle ne connaît pratiquement plus le chômage – y compris chez les jeunes d’origine étrangère.

Mais ces "bonnes pratiques" nous viennent aussi parfois du Canada, où l’on peut désormais passer le permis de conduire sans montrer son visage et où est même né le concept d’acccommodements raisonnables, ou encore de l’Allemagne, dont la générosité en matière d’accueil de réfugiés fait passer la France pour un monstre d’égoïsme et de mesquinerie et dont l’approche multiculturaliste était, au moins jusqu’à une époque récente, une référence en Europe.

Que la France admette que ce n’est pas par altruisme qu’elle est allée piller les voisins, qu’elle retrouve le chemin du plein emploi ou qu’elle en fasse davantage pour lutter contre les discriminations ethniques ou religieuses sont autant de nécessités impérieuses en dehors de toute autre considération. Il en va, dans l’ordre, de son respect de la morale et de l’histoire, de sa dignité et de sa prospérité et, enfin, de sa capacité à rester une nation ouverte et tolérante.

Mais qu’on s’imagine que le djihadisme, une idéologie meurtrière transnationale née de l’islam, aux ambitions territoriales et géopolitiques aussi transparentes que celles des autres grands mouvements totalitaires de l’histoire, puisse être éradiqué par notre seule "bonne volonté", sinon notre désir un peu pétochard d’apaisement, n’a plus beaucoup de sens. Combien de Bataclan, de Westminster, de marché de Noël de Berlin, ou de parlement d’Ottawa faudra-t-il encore pour s’en convaincre ?

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