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2017, l'année des bots : bienvenue dans le monde de votre nouvel assistant personnel à reconnaissance vocale
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Vous n'y échapperez pas

Les assistants personnels à reconnaissance vocale connaissent un véritable succès auprès des consommateurs. Ces appareils interagissent avec les utilisateurs afin de leur rendre les meilleurs services. En 2017, cette croissance devrait se poursuivre et ces robots s'inviteront pour de bon chez vous.

Laurent Alexandre

Laurent Alexandre

Chirurgien de formation, également diplômé de Science Po, d'Hec et de l'Ena, Laurent Alexandre a fondé dans les années 1990 le site d’information Doctissimo. Il le revend en 2008 et développe DNA Vision, entreprise spécialisée dans le séquençage ADN. Auteur de La mort de la mort paru en 2011, Laurent Alexandre est un expert des bouleversements que va connaître l'humanité grâce aux progrès de la biotechnologie. 

Vous pouvez suivre Laurent Alexandre sur son compe Twitter : @dr_l_alexandre

 
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Atlantico : Les programmes informatiques d'assistance à reconnaissance vocale tels que Echo d'Amazon ou Google Home sont apparus aux Etats-Unis dès l'année 2014. Ce n'est que deux ans plus tard, en septembre 2016 que ces assistants ont commencé à être commercialisés en Europe et au Royaume-Uni. Le Washington Post parle de ces robots comme la plus belle avancée technologique à ce jour. Dans quelle mesure ces appareils seront la plus grande avancée technologique de 2017 ? 

Laurent Alexandre : C’est la surprise de 2016. Personne ne croyait à la percée des assistants personnels. Amazon a mis 1.000 employés à temps plein sur le développement d’Echo-Alexa et a créé un nouveau marché contre toute attente. Encore une fois, on réalise que les prédictions technologiques sont bien difficiles : personne n’avait non plus anticipé les smartphones, ni les réseaux sociaux, ni la croissance folle de la vidéo sur le web.

Le marché ne va pas exploser et remplacer le smartphone parce que d’importants progrès en Intelligence Artificielle sont nécessaires pour perfectionner ces produits. Il faudra 10 ans pour avoir une reconnaissance parfaite de nos paroles y compris quand on parle argot ou avec un accent régional prononcé. Il faudra même plus de 10 ans pour que ces dispositifs répondent avec empathie en toute circonstances.

Malgré ses actuelles limitations, Alexa a initié une tendance de fond sur le marché. Tout le monde copie Amazon…. Google a lancé son propre assistant et le patron de Facebook Mark Zuckerberg a développé un assistant qu’il appelle son « Jarvis » pour son usage personnel qui devrait déboucher sur un produit pour les 2 milliards d’utilisateurs de la galaxie Facebook-WhatsApp-Instagram-Messenger. 

Ce qui est probable, c’est que l’Intelligence Artificielle de ces assistants soient demain intégrés à nos smartphones et à nos voitures et ne soient plus seulement incorporées dans les cylindres actuels destinés à trôner dans nos salons.

Pouvait-on prévoir une telle explosion de la demande de ces technologies ? Quelles sont les raisons qui expliquent un tel engouement de la part du grand public pour ses assistants vocaux ? Ces appareils n'ont pas d'écrans, pas d'interfaces particulières.

Cette explosion est surprenante. Le manque d’écran aurait dû être un frein à l’utilisation…. Peut-être que la fatigue visuelle liée à la lecture permanente sur écran conduit les gens rechercher une interface purement vocale. Et la voix est plus empathique qu’un écran.

Désormais, nous vivons dans une époque marquée par les affaires d'ecoutes de la NSA, une époque où nos données personnelles générées par notre pratique d'internet se collectent, s'analysent et se revendent. Ces robots ne vont-ils pas encore un peu plus loin dans cet aspect de collecte de nos données ? Ne s'inscrivent-ils pas un peu plus dans le viol de notre vie privée ? Peut-on encore résister à cela ? 

La vie privée est antagoniste avec l’efficacité de l’Intelligence Artificielle. Les géants de la Silicon Valley ont raison de dire que la vie privée est morte.Ces appareils ne peuvent pas nous aider s’ils ne nous connaissent pas. Si Alexa ne connaît pas mes gouts cinématographiques, comment pourrait-elle m’aider à choisir un film et me réserver les places ?Bien sûr, nous avons le droit de nous débrancher mais nous serons privés d’Intelligence Artificielle. Nous serions les Amish du 21 ème siècle.

Avec ces appareils d'assistance personnelle, l'intelligence artificielle a fait un bond en avant considérable. Comment pourra-t-elle se perfectionner à l'avenir ? Quels sont les grands défis qui lui reste à accomplir pour devenir une personne complète ?

Il existe en fait deux types d’IA. L’IA forte serait capable de produire un comportement intelligent, d’éprouver une impression d’une réelle conscience de soi, de sentiments, et une compréhension de ses raisonnements. L’IA faible, elle, vise à construire des systèmes autonomes, des algorithmes capables de résoudre des problèmes techniques en simulant l’intelligence. Nous ne sommes pas certains de disposer d’une IA forte d’ici à 2050, mais l’IA faible est déjà capable de réaliser beaucoup de tâches humaines mieux que des cerveaux biologiques, ce que les scientifiques n’avaient pas imaginé ! 

Pour devenir de vraies personnes comme Samantha dans HER le film de Spike, il faudrait une intelligence Artificielle forte… et heureusement nous en sommes loin.Donner une conscience à l’IA reviendrait à en faire progressivement une IA forte, susceptible d’être hostile. Il faut d’urgence aligner les buts de l’IA et les nôtres : comme le fait remarquer le philosophe Nick Bostrom, il ne sera pas toujours aussi facile de débrancher l’IA que cela l’a été pour Microsoft de museler son IA appelée « Tay » en 2016 quand elle s’est mise à tenir des propos racistes. 

La crainte est qu’une superintelligence artificielle, devenue forte à notre insu, devienne hostile. Elon Musk, le créateur de Tesla et de SpaceX, estime que nous serons les labradors de l’IA : les plus empathiques d’entre nous, du point de vue de l’IA, deviendront des compagnons domestiques. Nick Bostrom, le spécialiste des technologies NBIC, pense que l’IA forte pourrait à partir d’un certain seuil devenir un million de fois plus intelligente en quelques heures. Nous ne pourrions même pas comprendre ses plans ! Une chose est sûre, si elle voit le jour, l’IA forte aura accès au Net. Or, il existe des milliers d’articles où nous expliquons qu’il faudra interdire les IA fortes, les museler ou les débrancher. Toute espèce intelligente (biologique ou artificielle) a comme premier objectif sa survie. On peut craindre que l’IA forte se prémunisse contre notre volonté de la supprimer en cachant ses intentions agressives dans les profondeurs du Web. Comme l’ordinateur HAL 9000 dans le film de Kubrick 2001 : l’odyssée de l’espace. 

En bref, il serait sage de limiter les progrès de tous ces assistants…

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