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Une année d'impôt cadeau pour les contribuables ? ; la France peut-elle faire son trou dans l'espace ? ; déclin : plus ça change, plus c'est la même chose...
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Revue de Presse des Hebdos

L'impôt sur le revenu sera donc prélevé à la source, mais l'Etat est-il prêt au tour de passe-passe qui ne lui coûterait rien et ferait tant de bien aux Français ? La course aux étoiles est relancée et, apparemment, nous ne serions pas largués ! Sumer, Rome et les Incas se sont effondrés avant nous : sommes nous mortels ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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La France a l'habitude d'étaler ses grands débats de société sur plusieurs décennies. Ça permet aux distraits de prendre le train en marche et, éventuellement, de changer d'avis de temps en temps. Ça marche avec les 35 heures et l'âge de la retraite, bien sûr, mais aussi avec le prélèvement de l'impôt à la source dont je crois avoir entendu parler pour la première fois sous Bérégovoy.

Il y a des gens qui sont pour (c'est plus simple, tous les pays ou presque l'ont déjà adopté, ça permet aux salariés de savoir combien ils gagnent vraiment en net-net...), il y a des gens qui sont contre (ils s'imaginent pouvoir spéculer en plaçant leurs économies sur leur Livret A entre le paiement de deux tiers provisionnels, ils ne veulent pas que leur patron sache qu'ils font des gâches à l'extérieur...). Mais il semble que ce coup-ci soit le bon et que François Hollande, dont ce n'est pourtant pas la spécialité, ait décidé de trancher : dès 2018, le fisc se servira directement sur votre fiche de paye.

Christophe Barbier, dans L'Express, fait du coup le rêve éveillé suivant : pourquoi ne pas faire cadeau d'une année d'impôts aux Français. « Avec ce changement, explique-t-il, le contribuable paie en 2017 l'impôt sur les revenus de 2016, puis règle en 2018, sur chaque bulletin de salaire, ce qu'il doit pour ses gains de 2018 ». L'idée est donc que l'argent de 2017 ne soit jamais imposé, sans pour autant qu'il y ait rupture de l'approvisionnement des finances publiques sur le moindre exercice.

Du coup, ajoute-t-il, l'annonce d'une année fiscale blanche donne aux Français le goût du boulot intensif toute une année durant ; ils se mettent à bosser comme des dingues, accumulent les heures supplémentaires, abandonnent leurs RTT et oublient de se mettre en maladie pour un oui ou pour un  un non. L'économie repart, le chômage baisse et l’État empoche même davantage parce que les cotisations sociales, elles, continuent de rentrer en temps réel.

Bon, c'est pas mal, comme idée en fait. Mais Barbier le dit lui-même, il y a peu de chances pour que soit la solution choisie : en 2018, si vous n'êtes pas déjà mensualisés, vous paierez les impôts de 2018 en plus de ceux de 2017. En fait d'année blanche, ça risque plutôt d'être une année noire. Mais qui n'a pas ses petits soucis, hein ?

Résilience collective

Dans le même numéro, L'Express s'interroge sur le secret de la « résilience », cette capacité qu'ont certains, et pas d'autres, de traverser les épreuves sans trop d'encombres. On connaît tous des cas de personnes que les malheurs ne semblent pas affecter, qui rebondissent plus ou moins après un traumatisme, quand d'autres s'effondrent au premier coup dur. « Pendant longtemps, écrit l'hebdo, les spécialistes ont estimé, dans la lignée de Charcot, que l'impact du traumatisme était lié à la fragilité des personnes. Dans les années 80, une professeure de psychologie américaine, Emmy Werner, renverse la perspective : les troubles psychologiques sont une réaction normale à une situation anormale ». Ce sont donc les gens qui résistent qui sont hors normes, en quelque sorte.

Le magazine passe d'ailleurs de la question de la résilience individuelle aux vicissitudes de l'existence à celle de la résilience collective, se demandant comment une société peut résister à la menace terroriste, par exemple. « Il faut trouver un sens collectif aux événements, analyse Michèle Vatz-Laaroussi, universitaire québécoise spécialiste de la question : Ce qui permet d'avancer,  c'est la reconnaissance sociale et juridique des victimes, mais aussi la mémoire commune et les forces de solidarité qui se déploient entre individus, loin des polarisations politiques ». Et elle sait de quoi elle parle, ayant travaillé avec les survivants du génocide rwandais...

L'espace, nouvelle frontière (touristique?)

L'Obs préfère prendre un peu de hauteur, cette semaine, et consacre son dossier à la « Ruée vers l'espace ». Il paraît que le XXI siècle sera spatial et que des fusées réutilisables sont quasi prêtes à transporter des Terriens sur Mars... Elon Musk, le patron de Tesla, parle même de placer un million d'entre nous à demeure sur la planète rouge d'ici quelques décennies. Il faudra toutefois qu'il trouve de meilleurs arguments pour les convaincre de monter dans sa navette électrique Dragon : « C'est dangereux, des gens mourront probablement, mais ils ouvriront la voie et il deviendra très sûr de voyager vers Mars ».

Un autre mogul de la nouvelle économie se voit lui créer des bases lunaires. Jeff Bezos, boss d'Amazon, envisage carrément d'y « délocaliser l'industrie lourde et la production industrielle pour faire de la Terre un jardin d'agrément avec seulement des zones résidentielles et de l'industrie légère ». Mais même lui n'en n'est pas exactement à ce stade et sa société, « Blue Origin », s'intéresse surtout au tourisme sub-orbital pour milliardaires en quête de sensations fortes : « les premiers voyageurs sont attendus dès 2018 ».

Soit dit en passant, selon le magazine, la France pourrait, pour une fois, ne pas se contenter de regarder passer les trains de l'espace. Selon Geneviève Fioraso, ex-ministre de la Recherche et auteure d'un rapport sur le sujet, nous serions au contraire particulièrement bien positionnées dans ce domaine : «  Nous disposons de compétences mondialement reconnues. Grâce à la qualité de nos laboratoires publics, le Centre National d'Etudes Spatiales fournit à la NASA la précieuse caméra laser qui transmet les images de Mars. Airbus a été choisi par le projet OneWeb imaginé par l'Américain Greg Wyler pour construire, en un temps record, les 900 satellites qui constitueront la plus grande constellation jamais déployée autour de la Terre ! ».

En attendant d'aller se promener dans l'espace, pour autant, les Français, et singulièrement les Françaises de plus de 45 ans puisque ce sont elles qui sont les plus affectées par le chômage. Dans un papier titré « Chômeuses, la force est avec vous », sans doute histoire de rester en phase avec le dossier sur la conquête des étoiles, Denis Demompion nous fait découvrir le travail de Force Femmes, une association ayant déjà permis à plus de 20 000 demandeuses d'emploi d'être recrutées : « Face au chômage, les femmes sont encore moins égales que les hommes. A la fin mai 2016, elles étaient plus de 895 000 inscrites sur les listes de Pôle Emploi, dont l'efficacité à les remettre dans le circuit professionnel est loin de donner satisfaction ».

Mais les méthodes décrites dans le papier (accompagnement personnalisé, personnel bénévole mais hautement qualifiée en ressources humaines, contacts efficaces avec les recruteurs et connaissance de leurs besoins concrets...) indiquent surtout que, transposées au Pôle Emploi, elles permettraient peut-être de faire reculer le chômage chez tout le monde, hommes comme femmes...

Ce goût français de la décadence...

Le Point fait cette semaine dans un catastrophisme plus préoccupant encore que le chômage : la mort des civilisations. Oh, il commence gentiment, en historien, en nous parlant de la manière dont Sumer, Rome ou les Incas sont passés de la grandeur à la décadence, mais c'est pour mieux en arriver jusqu'à nous et à notre propre déclin (qui est de toute manière un sujet assez récurrent dans ce magazine). Robert Frank, l'historien interrogé dans ce dossier, a plutôt tendance à relativiser le problème en expliquant à quel point la peur du déclin n'est pas nouvelle dans l'Hexagone :

« Dès l'Exposition universelle de 1900, à la Belle Epoque, alors que la France est culturellement, économiquement, colonialement, au firmament, se développe un discours, très marqué à droite, à tendance monarchiste ou nationaliste, déplorant que la IIIe République, encore jeune, ne conduise à a la ruine. On exalte l'ancienne France. »

Peut-on donc en tirer la leçon que ce déclinisme n'a pas de sens, puisqu'il est permanent ? Oui et non : « La France a un passé glorieux, les Français entretiennent un lien presque charnel avec ce passé, conforté par un enseignement de l'histoire très prononcé. Ce goût génère le serpent de mer du « c'était mieux avant » ». Dont acte, on est dans le sentiment. Mais et Sumer ? Et Rome ? Et les Incas ?

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