Quand le gemmophile rafale fort, quand le gothique chic baroquise choc et quand le miroir des âmes serpentise : c’est l’actualité des montres (en temps de crise)…<!-- --> | Atlantico.fr
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Un Serpenti au cabochon cérébral, un regard d’émeraudes, des écailles de diamant, une gueule ophidienne qui donne l’heure…
Un Serpenti au cabochon cérébral, un regard d’émeraudes, des écailles de diamant, une gueule ophidienne qui donne l’heure…
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Mais aussi la fascination florentine pour un ciment dix fois millénaire, l’art de viser loin en restant dans les temps et le designer belge qui a les boules…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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BVLGARI : La haute joaillerie romaine réveille l’inconscient collectif…

L’inspiration ophidienne remonte à l’Antiquité, quand le serpent avait une connotation symbolique positive. Sa diabolisation par lechristianismene prendra fin que quinze siècles plus tard, quand les joailliers accepteront de renverser en ondulations séductrices cette légende du tentateur serpentiforme. Depuis les années 1930, la maison Bulgari est liée à ce retour du Serpenti dans la parure féminine, avec de précieux bijoux-serpents, annelés et articulés, qui s’enroulent autour des poignets. Le joaillier romain a imaginé cette saison des bracelets-serpents qui donnent l’heure avec des sertissages superlatifs : l’exercice de style est magistral, les lignes géométriques alternant les angles et les courbes quand les pierres précieuses rythment les couleurs et les reflets de la lumière. Ces yeux de rubis et d’émeraudes sont le nouveau « miroir des âmes » : derrière les énergies vibrantes de ces fastueux serpents, il y a les rêves archétypiques des hommes, ainsi que les puissants symboles qui tapissent notre inconscient collectif. En nous révélant le temps qui passe, les gueules ophidiennes nous renvoient à l’éternité : fascinante dialectique du signifiant et du signifié. Implacable logique – très French Theory, façon Deleuze – de la reconstruction dans la déconstruction. Comme quoi la haute joaillerie peut relever de la haute philosophie…

BAUME & MERCIER : À l’heure des premiers succès dans la vie…

Avec la période des examens de fin d’année, se pose la question de la « première-belle-montre » à offrir pour les premiers succès des jeunes générations. La tradition d’offrir une montre pour les premières victoires de la vie (la réussite à l’examen, le mariage, l’entrée dans la carrière) est américaine, mais elle est attestée en Europe depuis les années 1940 : c’est en créant de toutes pièces [on ne parlait pas encore de marketing] la coutume d’offrir un chronographe en or pour cette « entrée dans la vie » que l’horlogerie suisse – menée sur ce terrain par Heuer, maison devenue TAG Heuer – avait sauvé ses ateliers mécaniques ruinés par la Seconde Guerre mondiale ! Baume & Mercier reprend cette excellente habitude, en dédiant aux jeunes diplômé(e)s une collection de montres élégantes et sans ostentation, parfaites pour les premières expériences professionnelles autant que pour commencer un parcours d’amateur d’horlogerie digne de ce nom. On peut évidemment graver une dédicace sur le fond du boîtier de cette Classima en 42 mm (mouvement quartz), dont le prix reste accessible aux leaders de demain. Plusieurs propositions pour ces Classima « Graduation », disponibles avec des mouvements automatiques et dans des tailles plus féminines (31 mm et 36,5 mm). On peut se révéler pressé d’aller loin dans la vie, mais rester toujours à la bonne heure…

TAMAWA : La bakélite ludique qui met les heures en boule…

Saviez-vous que la Belgique était le leader mondial des boules de billard ? Elles sont généralement réalisées dans une sorte de bakélite (résine phénolique, spécialité de la maison Saluc, leader mondial tournaisien de la spécialité) dont les couleurs strictement réglementées ont inspiré au créateur Hubert Verstraeten l’idée d’une collection de montres dont les boîtiers seraient des mini-boules de billard tronquées et traversées par un bracelet, le cadran et le mouvement étant logés dans cette boule grâce à un container amovible. La marque Tamawa (en japonais, la « bille sur l’anneau ») était née, avec deux tailles de « boules », beaucoup de couleurs billardesques et une infinité de bracelets faciles à changer. La proposition horlogère est aussi originale qu’amusante, avec un design très soigné et une réelle qualité d’exécution pour les 280 euros à poser sur la table au moment de craquer pour cette montre ludique, qui a déjà donné naissance à toute une collection d’objets de la maison (du lampadaire au porte-manteau, en passant par la salière-poivrière). Entre la Belgique et l’horlogerie, c’est une belle et solide histoire d’amour : n’oublions pas que c’est l’horloger liégeois Hubert Sarton qui a « inventé » la montre automatique à la fin du XVIIIe siècle…

GIULIANO MAZZUOLI : Un peu d’eau, d’argile et de calcaire…

Pourquoi pas une montre en… ciment ?Même s’il n’est pas le premier à avoir tenté le pari, le designer italien Giulano Mazzuoli [on lui doit un des plus beaux stylos du monde] s’est laissé fasciner par le ciment, sa couleur, sa granulosité. Il y a deux ans, ce même créateur nous avait proposé une montre en marbre de Carrare : normal, quand on est Florentin, du pays de Michel-Ange ! Son imagination l’a maintenant poussé àcréer un boîtier de montre en ciment, qui serait un hommage à ce matériau artificiel – né de l’eau, du calcaire et de l’argile – qui accompagne les progrès de la civilisation depuis plus de dix millénaires. Usiné dans un bloc de ciment un peu « arrangé », ce boîtier cylindrique de 45 mm est volontairement « industriel ». Le mouvement est suisse et le bracelet en cuir toscan, le cadran se révélant taillé dans une céramique noire mat qui contraste avec l’éclat métallique des aiguilles au style très géométrique.

FRANCK MULLER : Des frissons gothiques en mode plus-que-précieux…

Les crânes sont devenus inévitables au poignet, en version hard rock comme en déclinaison glamour. La maison Franck Muller, qui sait ne jamais être en retard d’une tendance, nous en offre une version contemporaine et sertie, dans un style épuré qui dédramatise le sujet tout en le magnifiant. Le boîtier est galbé avec élégance, les grands chiffres étiréset soulignés de pierres certifiant l’identité Franc Muller de la montre. La tête de mort, qui ne grimace même pas, n’est plus qu’une citation esthétique précieuse, dénuée de toute morbidité. Le nom de la marque a été intelligemment posé sous le verre de la montre, comme en apesanteur – dommage que le nom du modèle, dont tout le monde se fiche, vienne gâcher les dents en or du squelette. C’est du gothique chic, à moins que ce ne soit du baroque choc…

À L’OMBRE DU DIAMANT : Même dans la boue, les pierres restent précieuses…

Si vous rêvez de découvrir les coulisses du marché des pierres précieuses, les bouges exotiques où elles s’échangent, les ateliers où elles se taillent, les bars feutrés de Genève où elles s’échangent, les bureaux où elles se négocient et même les boutiques de luxe où elles se vendent, précipitez-vous sur À l’ombre du diamant de Jean-Baptiste Mayer, un « chasseur de pierres » professionnel qui n’a pas froid aux yeux, pas plus qu’il n’a sa plume dans sa poche. Son livre n’est pas facile à trouver (lien ci-dessous) : c’est même une sorte de samizdat que les professionnels ont tous lu, mais qu’ils préfèreraient oublier et ne pas vous laisser lire. En tout cas, c’est ce qu’on a lu de plus fort sur le sujet depuis des décennies, parce que c’est écrit par un professionnel gemmophile, sans concessions diplomatiques, sans affèteries littéraires et sans précautions cosmétiques, pour le plaisir de (tout) raconter et pour l’honneur de témoigner de tout. Amoureux fou des belles pierres, dont il parle comme on parlerait d’une femme aimée, Jean-Baptiste Mayer a tenu entre ses doigts les plus célèbres « cailloux » de cette planète, parfois avant qu’ils ne deviennent célèbres. Ethnologue lapidaire, il nous éclaire sur les trafics des copains et des coquins de ce milieu, sur leurs lieux de rendez-vous, leurs parades cyniques et leurs raisonnements sordides. Les diamants naissent dans la fange, mais ils demeurent des diamants, cristaux d’exception dont la force intérieure triomphe toujours de la boue des hommes qui les trafiquent…

Lien livre : http://alombredudiamant.weebly.com/

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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