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Les Français, les attentats et l’islam
Sur le long terme, la tension à l’égard des musulmans a tendance à reprendre. En France, on observe depuis 2001 une croissance des raccourcis et associations : "musulmans-islam-islamisme-terrorisme".
Atlantico : Suite aux attentats de Charlie Hebdo, quelle est l'opinion des Français à l'égard des musulmans ?
Jean-Daniel Lévy : On assiste sur le court terme, en France comme ce fut le cas aux Etats-Unis après les attentats du 11 septembre à une forme d’amélioration de l’opinion à leur égard. Celle-ci s’inscrit dans une logique de différentiation plus grande entre, d’un côté, les musulmans et, de l’autre, les islamistes radicaux.
Reste que, sur le long terme, la tension à l’égard des musulmans a tendance à reprendre. Elle a existé aux Etats-Unis après le moment d’émotion. En France, on observe depuis 2001 une croissance des raccourcis et associations : « musulmans-islam-islamisme-
La pratique de l'islam reste-t-elle trop visible en France aux yeux des Français ?
En France la laïcité est brandie comme un étendard. Et les différentes enquêtes que j’ai pu être amené à conduire montraient que la pratique de l’Islam était perçue différemment selon son type d’exposition dans l’espace public. Voire de ce qui était vu comme une « imposition ». Port du voile, du Hijab, construction de mosquées – et a fortiori des fantasmé minarets - prières dans la rue… suscitent une réprobation forte. En revanche, les cinq prières par jour, la pratique du ramadan, le fait de se rendre à la Mecque et même l’Aid el Kebir – avec là aussi son lot de représentations – ne créent pas de rejet. La différence notable est la suivante : ces pratiques s’inscrivent-elles dans une présence ou non dans l’espace public ? La laïcité constitue, en l’espèce, un parangon utile pour englober différentes attitudes. Mais, implicitement – et même si les personnes que nous interrogeons ne théorisent pas leurs jugements – la ligne de facture semble bien être déterminée par la présence dans l’espace public.
Sur la laïcité, les banlieues, l'intégration, l'islam de France... Observe-t-on une évolution de l'opinion la réponse à apporter par les pouvoirs publics ?
Indéniablement, en France comme dans l’ensemble de l’Europe se pose la question de l’intégration. Dans un monde donnant à voir d’une moins grande capacité du politique à pouvoir peser sur le cours des choses, où ce qui est appelé mondialisation a tendance à gommer les identités, l’aspiration à la maitrise croit. C’est pour cette raison que le débat, les débats sur l’identité nationale – qui traverse la société française comme de nombreuses sociétés en Europe – prend une place aussi importante. Pour reprendre vos termes : « laïcité, les banlieues, l'intégration, l'islam de France » autant de dimensions interrogeant ce que nous sommes, notre histoire, nos valeurs, la République, l’égalité y compris territoriale, la représentativité, l’existence d’acteurs de confiance. Autant de points sur lesquels le politique est attendu. Déjà pour nommer les choses. Qui parle aujourd’hui des banlieues, de l’égalité de territoriale, de l’accès aux services publics voire de la capacité de la République à pouvoir y étendre son action ? Peu de personnes aux yeux des Français. Alors même que l’attente de prise de parole est forte. Déjà pour dire. A défaut de proposer. Voire d’agir. L’intégration, l’islam. Ici aussi le questionnement est net. Là encore l’attente de description du réel est forte. Mais, pour le moment, ne trouve pas d’écho dans l’opinion tant le portage politique apparait, d’une manière générale faible. Sur ce sujet comme sur d’autres, les Français attendent : un bilan et une définition de la norme. Deux points apparaissant à leurs yeux laissés en jachère par la plupart des responsables politiques.
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