Quandon chatouille les moustaches d’Apple et quand on peut offrir l’équivalent de quatre siècles de SMIC à son poignet: c’est l’actualité des montres… <!-- --> | Atlantico.fr
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Une montre connectée aux « visages » changeants pour vivre plus intensément les heures du quotidien…
Une montre connectée aux « visages » changeants pour vivre plus intensément les heures du quotidien…
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Mais aussi la mort maorie qu’on regarde les yeux dans les yeux, le retour de Czapek le bohémien et l’invention d’un nouveau leasing électromécanique…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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TAG HEUER: Le plus petit ordinateur du monde tient sur quelques millimètres carrés…

Quand on est un tout petit Suisse comme TAG Heuer, qui ne pèse même pas un milliard de dollars de chiffre d’affaires, il faut être sévèrement testostéroné pour aller chatouiller les moustaches d’Apple (marque qui pèse cent quatre-vingt de ces milliards), à quelques pas du mythique Apple Storede la Ve Avenue, histoire d’y présenter la seule alternative suisse, légitime et crédible à l’Apple Watch. C’est culturel : les David suisses ont toujours adoré défier les Goliath impérialistes qui les entouraient – du temps de la vieille Europe, ils avaient réussi à faire reculer Hitler ! On sait aussi à quel point, depuis Guillaume Tell, les Suisses adorent cibler les pommes… Jean-Claude Biver, le charismatique président de TAG Heuer, avait seulement pris le soin d’encadrer le berceau de sa Carrera Connected avec quelques bonnes fées milliardaires, comme le patron d’Intel, le vice-patron de Google et Bernard Arnault, le patron du groupe LVMH, qui « valent » à peu près 678 milliards de capitalisation boursière – nettement plus que le PIB annuel de toute la Suisse ! Tout ça pour une montre connectée ? Oui, parce que cette Carrera Connected – qui ressemble à s’y méprendre à une montre suisse traditionnelle – est bien plus qu’une montre : non seulement elle indique l’heure avec des aiguilles (purement virtuelles), mais elle s’anime de nombreuses fonctions supplémentaires et d’alertes transmises par le téléphone grâce à d’innombrables applications. Originalité : ces alertes sont exprimées selon les codes horloges traditionnels (compteurs digitaux, etc.). On embarque à son poignet le plus petit ordinateur du monde, avec une phénoménale concentration d’informatique et de connectique sur quelques millimètres carrés (Intel Inside côté micro-processeurs). Le tout imaginé en Suisse, marketé à la Suisse et commercialisé comme une montre suisse, même si cette première série n’est pas statutairement Swiss Made. Restée inerte face à l’offensive d’Apple (Californie), de Samsung (Corée) ou de Huawei (Chine), la montre suisse vient donc de se réveiller, dans un éternuement salvateur qui trouve des échos dans le monde entier : si ce n’est pas le ramdam du lancement de l’Apple Watch, ça y ressemble fortement, avec deux milliards et plus de dollars de retombées médiatiques (« équivalent publicitaire »). Du jamais vu pour une montre suisse, mais cette Carrera Connected – qui est déjà sur liste d’attente partout hors des Etats-Unis, premiers servis – n’a pas fini d’aligner les superlatifs pour nous surprendre…

TAG HEUER: La connexion en mode suisse, pour le meilleur et pour le pire…

Le meilleur, c’est quand une montre suisse se permet de proposer aux amateurs une version électronique connectée – un écran digital plutôt qu’un cadran, des fonctions numériques avancées, une connectivité de haut niveau signée Google dans une très chic esthétique paramétrable – qu’on pourra remplacer, si elle ne donne pas satisfaction par une montre suisse on ne peut plus traditionnelle : même boîtier, mais mouvement mécanique alternatif, échangeable moyennant un millier de dollars. En jargon marketing 2.0, ça se traduit par #ConnectedToEternity ! TAG Heuer invente donc une forme de leasing horloger : on s’offre une montre high-tech (1 500 dollars sur deux ans), qu’on peut conserver en fin de « contrat » ou remplacer par un modèle plus haut de gamme. C’est malin et très suisse. Malheureusement, ce qui est encore plus suisse, c’est le tarif : 1 350 euros (dès le 1er décembre, dans la seule boutique TAG Heuer des Champs-Elysées) – quand l’Apple Watch de base s’arrache à moins de 400 euros. Il est vrai qu’on arbore au poignet, non pas une, mais plusieurs montres en une. Ce qui est tout aussisuississime, sinon plus, c’est la pénurie qui se profile : au rythme où cette Carrera Connected disparaît dans les vingt boutiques américaines qui en disposent, la première série sera épuisée avant la fin de l’année sur les marchés qui auront eu la chance de l’apercevoir (Japon, Royaume-Uni, Allemagne). La logistique de production a toujours été le talon d’Achille de l’industrie horlogère suisse : les montres connectées n’échappent pas à cette malédiction, même si TAG Heuer a pris les devants en important 17 ingénieurs d’Intel pour bâtir un nouveau site d’assemblage ultra-high tech dans la Watch Valley (La Chaux-de-Fonds).

HYT: La mort maorie, les yeux dans les yeux…

Évidemment, après la bombe TAG Heuer, la production horlogère paraît bien monotone. On va se réveiller les papilles avec la nouvelle HYT Skull Maori : HYT pour Hydro Mechanical Timepieces ;  Skull pour le profil crânien du capillaire qui indique les heures (dans un rouge vampiresque) ; Maori pour l’évocation polynésiennedes gravures de ce crâne, qui évoquent les tatouages et les bijoux rituels de cette culture océanienne. Pas une minute à perdre avec cette montre : on y suit le fil des heures le long du capillaire qui les trace en rouge, en se contentant des secondes qui battent dans l’œil gauche du crâne : avec un tel jouet au poignet, à quoi bon s’intéresser aux minutes ? Dans l’œil droit, on voit s’afficher la réserve de marche de la montre, dont la luminosité translucide s’obscurcira jusqu’au terme des soixante-cinq heures d’autonomie du mouvement mécanique. Loin d’être une tête… de mort, ce crâne ne cesse donc de pulser sur un rythme de vie. La HYT Skull Maori nous apprend à regarder la mort en face, les yeux dans les yeux : c’est l’héritière contemporaine des « vanités » philosophiques de la tradition européenne, des Stoïciens à Michel Onfray. Excusez du peu…

CZAPEK: Un pont jeté entre le XIXe siècle et l’horlogerie 2.0…

Il faut avoir une certaine inconscience pour lancer une nouvelle marque de montresalors que se profile, sur le paysage horloger, une bourrasque comme on n’en avait plus connu depuis quarante ans. L’équipe de Czapek & Cie y croit et c’est la meilleure arme pour les humbles. Pourquoi ce drôle de nom ? Dans les années 1830, avec le comte polonais Norbert de Patek, le Tchèque François Czapek était le nom du co-fondateur d’une maison qui deviendra par la suite Patek Philippe. Sans Patek, Czapek réalisera ensuite des montres de luxe, qui lui vaudront le titre d’horloger de la cour impériale sous Napoléon III. 170 ans plus tard, le nom de Czapek réapparaît sur des cadrans de montres, dans une logique Swiss Made, avec une inspiration puisée dans les montres de poche du XIXe siècle : cadran en émail grand feu, élégants chiffres romains, double compteur sous l’axe des heures et des minutes, pour indiquer les secondes (à gauche) et les jours de la semaine (idée originale d’une double aiguille à double affichage : le calendrier de la semaine et la réserve de marche du mouvement). Notez aussi la signature secrète dans le compteur à 7 h. Gorgée de références historiques et de culture horlogère, la montre est baptisée Quai des Bergues, première adresse genevoise de l’atelier Czapek. Touche de modernité : la possibilité pour les collectionneurs d’aider à l’établissement de la marque (financement participatif) et même d’entrer dans son capital…

MONTRES DE COLLECTION: Le record à battre est désormais à 7 millions d’euros…

Les lecteurs d’Atlantic-Tac savaient depuis des semaines qu’un gros coup se préparaitlors de la vente Only Watch, opération d’enchères charitables au service de la recherche scientifique contre les myopathies. Avec Aurel Bacs (la nouvelle star des salles de vente) au marteau, on pouvait s’attendre à des records. C’est fait ! Plusieurs records du monde ont été battus, dont celui de la montre-bracelet la plus chère jamais vendue aux enchères. Regardez bien la Patek Philippe ci-dessous : toute neuve et tout juste sortie des ateliers de la manufacture suisse Patek Philippe, cette pièce unique pleine de complications (elle sonne les heures qu’elle fait tourbillonner et elle vous offre tout le calendrier, lunes et années bissextiles comprises) s’est enlevée entre collectionneurs pour sept millions d’euros – elle n’était estimée qu’à un gros million, ce qui était déjà beaucoup pour une montre en acier. Sept millions au poignet : quatre siècles de SMIC 2015 (4 795 mois avec des semaines de 35 heures) ! Un record de plus pour Aurel Bacs, qui est à présent le recordman du monde des records du monde sous le marteau : c’est pour ça qu’on l’appelle « Magic Aurel »…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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